C'est ce que je cris en entrant dans le Hall. Je pose mes bottes et accroche mon manteau mouillé au pic prévu à cet effet. Pas de réponse. Pourtant mes parents sont là normalement...Ils n'ont jamais manqué un seul de mes anniversaires malgré le fait qu'ils voyagent beaucoup tous les deux pour leurs travaux respectifs. Et puis, ce n'est pas tous les jours qu'ont a dix-huit ans ! Depuis aujourd'hui midi, dix minutes et des poussières je suis majeure. Perdue dans mes pensées je laisse voguer mon regard d'un pâle vert dans le vide. Un fait étrange me tire de ma torpeur passagère. Athos n'est pas venu me faire la fête. Peut être est-il dans son enclot qui se trouve dans l'immense garage au sous-sol... Je cris son nom et seul un silence pesant me répond. Au dehors la pluie bat contre les carreaux des baies vitrées du salon qui se trouve devant moi et des fenêtres de la cuisines à ma gauche. J'aime la pluie, mais là je ne peux m'empêcher de dire entre mes dents :


J'ai froid, mes vêtements mouillés me colle à la peau. Un coup de tonnerre, puis la lumière vive qui le suit emplit tous les recoins de la pièce où je me trouve...et je vois ce qui m'avait échappé jusque là. Des traces de sang. Je sors de son étui le couteau que mon Papi m'avait offert pour le noël de mes quatorze ans, s'il avait su... Je m'approche furtivement de l'escalier la lame au poing. Une ombre noire et massive bondit vers moi. Je tombe à la renverse et lâche l'arme. Je repousse difficilement Athos, mon molosse de quatre-vingt-dix kilos environ, je caresse son flan et sa tête soyeuse. Son pelage est poisseux, il couine de douleur. Il est blessé. Ma main est couverte d'un liquide écarlate. De l'hémoglobine. Je gémis :


Athos attrape ma manche et tire dessus, je le suis dans le garage, là où il dort. La première chose que je vis fus la porte coulissante forcée. Puis en deuxième le grillage de son enclos, il était arraché de l'intérieur. Athos s'était déchainé contre lui pour sortir. Et en troisième les corps...L'un d'eux était un parfait inconnu à la gorge arraché. Les deux autres étaient mes parents. Je laisse choir ma lame et celle-ci en heurtant le sol de béton émet un tintement métallique. Mes parents sont criblés de balles. Le révolver est encore dans la main de l'homme. Du salopard qui m'a prit ma famille. M'écroulant sur le sol je pleure...encore et encore. Puis me relevant, j'appelle la police :

Depuis une semaine maintenant je erre sans but dans la ville, dans ma maison et au lycée. Trois mois et c'est finis. Je me sens déplacée, vide, inutile. Même avec mes amis je suis distante, j'ai besoin de partir d'oublier. Il ne me comprenne plus. Je sais que je dois m'enfuir. Loin de cette ville, loin de ces gens et de leur fausse sollicitude. Il sont mielleux par ce que j'ai du fric ( bon d'accord, BEAUCOUP de fric ) et les mecs ne pensent qu'a me mettre dans leur lit. Bref, la belle vie quoi... Tout ce que je veux c'est garder avec moi Athos où que j'aille. Il est la dernière chose qui me reste. Une dernière rattache avec mes parents. Ma mère me disait :


Pourtant, avait-elle raison ? Ça fait si mal...