No time for tears today

Lili ♪

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Qui a dit que nos songes ne pouvaient être que doux ou terrifiants ? Qui a dit qu'il n'y avait que rêve ou cauchemar ? Quel est le con fini qui a dit ça ? Cet homme - ou cette femme - mériterait de passer l'éternité dans un rêve d'entre-deux. Car rien n'est jamais ni noir ni blanc, et c'est lorsqu'un rêve se trouve exactement entre ces deux catégories que nous l'appellerons " rêve d'entre-deux ". Un rêve d'entre deux est un rêve malsain, incompréhensible mais dont la teneur ne peut être comparée à celle d'un cauchemar. Alice aux Pays des Merveilles par exemple, serait le plus parfait des rêves d'entre-deux. Ces rêves sont à la fois plus plaisant que le plus doux des rêves mais pus terrorisants que le pire des cauchemars. Car ils sont incompréhensible, impossibles et semblent pourtant une réalité si tangible qu'on pourrait les frôler du bout des doigts s'il n'y avait la crainte de les chasser. Un rêve d'entre-deux est un exquis calvaire, une chose qui nous ôte toute envie de jamais nous réveiller, tout en nous faisant si peur que le seul souhait qui nous habite soit d'en sortir. Un rêve d'entre-deux est à la fois la pire et la meilleure chose qui existe - ou plutôt n'existe pas - sur cette planète.

Tu étais donc au coeur d'un rêve d'entre-deux. Il ressemblait étrangement à Alice au Pays des Merveilles, mais c'était toi et non pas une enfant blonde qui chutais. Cette chute te semblait interminable, effrayante mais si intéressante tant les objets qui la parsemaient étaient curieux. Comme dans le film, un piano s'approcha de toi, jouant tout seul. Malheureusement tu n'étais pas de la maison Beethoven et tu ne savais pas en jouer. L'instrument continua son chemin et il continua à jouer. Puis un grand miroir vint se positionner à côté de toi pour t'accompagner dans la décadence. Une longue barre dorée s'étirait sur sa largeur, pareille à un ruban de soie d'or. Tu te vis, dans un justaucorps blanc et un magnifique tutu ouvragé. Tes yeux de biche étaient maquillés de telle sorte que leur couleur de cristal resplendissait comme un diamant. La chute ne semblait pas avoir d'emprise sur ton chignon impeccable, pas plus que sur tes mouvements. C'était comme si tu marchais simplement sur le sol et qu'au lieu de bouger au milieu des objets, c'étaient eux qui bougeaient autour de toi. La glace te renvoyait l'image d'une beauté éthérée, sans défaut. Une image de perfection. Et c'est ça plus que tout autre chose qui apportait la preuve d'un rêve. Car tu n'es pas perfection. Nul n'est perfection. Surtout pas toi princesse. Le monde, cet autre monde, tournoie, évoluait à une vitesse folle et ta déchéance se prolongeait, comme infinie. Du trou, on ne voyait nul fond. Peut-être n'y en avait-il tout simplement pas. Tout simplement. C'est fou comme ces deux mots peuvent banaliser une situation qui pourrait pourtant sembler extraordinaire.

Puis tout s'arrêta. La chute, le trou, tout. Tu étais de bout devant le miroir, mais il s'était démultiplié. Tu étais dans une pièce tapissée d'innombrables miroirs dont certains te renvoyaient un reflet complètement déformé. Un seul mouvement se démultipliait à l'infini, te plongeant dans une profonde perplexité. Qui d'entre toutes ces filles était toi ? La vraie ? N'étais-tu qu'un reflet parmi tant d'autres ? Poupée de porcelaine, petite ballerine tournoyant dans une boîte à musique. Ange brisé. Ton justaucorps qui était d'une blancheur parfaite vira au noir, plus noir que l'encre qui servit à écrire les nouvelles de Poe. Et tes bras se parèrent de plumes, de longues plumes soyeuses à la couleur du néant. Tu étendis tes ailes et enfin tu fus un cygne noir. Le lac des cygnes jouait en fond, provenant d'on ne sait où. Mais tu ne pouvais pas danser, tu ne pouvais pas voler non plus. Tu pouvais simplement regarder ton reflet se désagréger peu à peu dans le miroir, se déformer. Impuissante tu l'étais, face à ces milliers de " toi " grimaçants qui riaient, se moquaient du pauvre oiseau blessé que tu étais devenu. Ce rêve d'entre-deux serait-il devenu cauchemar ? Tu assistais à cette métamorphose, figée dans la terreur la plus profonde. Et tu hurlais. Oh oui, tu hurlais, mais tu aurais pu te taire. Car dans tes rêves, qui est là pour t'entendre appeler au secours ? Tu ne pouvais pas être sauvée, tu ne pouvais pas t'échapper. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'on ne peut pas s'échapper de sa propre tête. Jamais.

Puis tu te réveillas. Haletante, transpirante, sauve. Sauve mais pas saine. L'avais-tu jamais été ? Normale je veux dire. Avais-tu jamais été innocente, enjouée, enfantine ? Tu avais été jetée dans la réalité. Tu y fus jetée à nouveau lorsque tu t'éveillas de ton rêve. Ou cauchemar peut-être. Qu'importe le nom, tu étais bel et bien debout. Il était hors de question que tu te rendormes. Alors tu t'étais habillée et tu avais quitté le dortoir en silence. Vêtue de ton justaucorps couleur chair sous un pull en laine grise, de tes collants de danse surmontés de guêtres chaudes de la même couleur que le pull, tu erras dans les couloirs comme une âme en peine. Pourtant tu n'étais pas en peine. Tu étais juste une âme. Accessoirement errante et sans nulle part où aller. Mais une âme que rien ne pouvait détourner du chemin pour la simple et bonne raison qu'elle ne le suivait déjà plus. Tes pas se faisaient feutrés dans les couloirs de l'école et les chaussons que tu tenais à la main laissaient leurs rubans traîner sur le bois tendre du parquet. Tu avais l'intention de danser. Ou peut-être pas. Dans tous les cas tu ne savais pas où aller. Est-ce que ça avait une importance ? Oui. Et non. Oui je sais, ce n'est pas la destination qui compte, c'est le voyage. Mais un voyage dans les couloirs de l'école restait un voyage plutôt médiocre et à haut risque d'heures de colle. Alors finalement tu ouvris une porte. Bonne pioche. Elle ouvrait sur les coulisses de la salle de spectacle. Trouvant le tableau de commande de la lumière, tu allumas un unique projecteur. Il te suffirait. Puis tu enfilas tes pointes, les laçant avec application atour de ton fin mollet. Le backstage comportait une barre et un miroir qui te servirent pour tes échauffements. Et puis après avoir consciencieusement enduit le bout de tes chaussons avec de la poudre, tu t'élanças sur la scène. Sans musique. De toute façon tu la connaissais par coeur cette danse.

Tu ne t'imaginais pas que les gradins étaient remplis, que la foule t'acclamait ; oh non tu les voyais bien tels qu'ils étaient : vides. Seul les fantômes de ton esprit les habitaient. Tu dansais l'acte final du lac des cygnes. Pas seulement ton corps. Mais ton esprit aussi. Tu étais un cygne. Un cygne fort glabre certes mais chacun de tes mouvements trahissait un battement d'ailes. Tu étais comme une fleur de feu en train d'éclore. Un cygne, une fleur de feu.. Tu étais tout et rien à la fois. Elégante, bouillante, contrôlée. Expérimentée mais pas assez. Il te suffit d'un léger décalage, une infime erreur et tu tombas, aterrissant rudement sur la scène. La fleur s'était fanée. Ce n'était pas aujourd'hui que tu serais sélectionnée pour être danseuse étoile, princesse. Pas encore...

QUE FAIS-TU A CET INSTANT ?
RÊVES-TU D'UN MONDE OU JE N'EXISTE PAS ? OU JE NE T'AIME PAS ?

“ Coule la pluie lentement sur mon visage, mouille mes joues de mes large salées, larmes de regrets pour toi qui es si loin, souvenir lointains et amer d'une époque révolue, d'une histoire qui ne s'épanouit plus, d'un sentiment dans ton coeur qui n'a jamais vécu, l'histoire de mon âme qui a mal parce que tu n'éprouves plus rien pour moi. Mon coeur qui saigne et qui t'appelle, te suppliant de répondre a ses sentiments, mon coeur qui souffre, n'attend pas de guérison. Lueur abstraite de cette vie que je quitte, de cette vie qui me quitte, souffle de vie qui m'abandonne dans ce néant d'incertitude e ce cri que j'aimerais tant entendre franchir enfin mes lèvres. Pourquoi n'es-tu pas auprès de moi toi aussi ? Suis-je si pathétique pour quelqu'un de si merveilleux que toi ? Ne suis-je qu'un grain de poussière et toi le soleil ? Pourquoi refuses-tu donc de m'éclairer enfin ? Je t'en prie, dis moi que tu m'aimes, que je ne restes pas dans cette perpétuelle attente. Dis moi que tu m'aimes, toi qui m'as quitté, ne m'aimes pas et ne m'aimeras jamais. Demandes moi de t'oublier, pour toi je le ferais, je ne le peux pas, je le sais. Mais plonge je t'en prie une dernière fois ton regard dans le mien, que je m'y perde à jamais, sans plus faire attention, au temps qui m'est compté. „

Il y a les choses dont on veut se souvenir et dont on ne se souvient jamais, et il y a les choses que l'on aimerais oublier et qu'y pourtant refuses de s'effacer. Pourquoi Lilieth ? Pourquoi encore, toujours, ces souvenirs te hantent-ils ? Pourquoi Lilieth ? Oh je t'en prie Lil', dis moi enfin pourquoi. Ne peux-tu pas chasser ces images de ta tête ? Pourquoi chaque soir dois-tu pleurer une nuit encore sur de pauvres souvenirs passés ? Pourquoi Lil.. Il y aura toujours ces images pour te hanter, te rappeler chaque jour de ton passé. Tu n'y échapperas pas. Tu pleures. Oh non ! Ne pleures pas Lilieth ! Ne laisses pas le passé étouffer ce semblant de vie que tu essayes de te construire ! Lilieth ! Tu ne peux pas pleurer. Dis moi, depuis quand as-tu appris a pleurer ? Depuis qu'enfin tu as pu effleurer du bout de tes doigts la réalité c'est ça ? Pourquoi ta vie est si fausse, pourquoi le monde n'est qu'un cauchemar, un rêve qui ne cessera jamais de se recommencer ? Chaque jour est un rêve, et chaque jour tu vis ce fameux rêve. Pourquoi la vie est si cruelle Lilieth ? N'y a t-il donc personne pour réponde au cri de détresse de ton coeur ?

Tu te retournes. Endors-toi Lilieth ! Tu ne peux pas passer encore une nuit à pleurer ! Une nuit, deux nuit, trois nuits.. C'est une boucle sans fin qui jamais ne s'arrêtera, c'est une chaîne perpétuelle qu'on ne peut arrêter. Pourquoi tout est tellement triste Lilieth ? Est-ce le mon qui pleure, où le tien qui est si désespéré ? Est-ce que le monde est le même pour tout le monde ? Tu n'es qu'une poupée assise au bord d'un ravin. Tu balances tes jambes dans le vide. Que se passera t-il si tu sautes ? Mais jamais tu ne sautes, mais jamais tu ne regardes ce qu'il y a derrière toi, a l'opposé du vide. Peut-être y a t-il quelqu'un prêt a t'aider ? Non. Il n'y a plus d'espoir, plus assez d'espoir pour que tu te retournes. Mais t'es-tu un seul jour de cette vue, rien qu'une foie, retourné ? Tu te chasse les couvertures, tu te lèves. Tu ne peux pas rester un instant de plus dans l'atmosphère suffocante des dortoir. Tu t'échappes, a cet instant, tu as l'impression de remonter dans le passé. Combien de temps cela fait-il ? Un an ? Une éternité ? Deux jours ? Tu ne sais pas. De toute façon tu ne sauras jamais rien. La vie est un vaste manoir qui ne veut pas t'ouvrir ses portes. Comme quoi la vie, c'est vraiment de la merde.

Tu te débarrasses vivement de ta chemise de nuit en dentelle. Tu attrapes des sous-vêtements et les enfiles, tu saisis un collant a fleur, une jupe beige et un chemisier rose pâle et tu t'habilles. Il doit faire froid dehors.. Tu mets tes bottes et attaches tes cheveux à la va-vite. Tu enfiles un longue veste en laine et une écharpe ornée de pompons. Tu prends ton sac, et tu sors du dortoir. D'un geste de la main, tu chasses les cheveux collés à ton visage par tes larmes. C'est la nuit, personne ne te verra. Une fois sortis, tu grelotes. Il fais très froid, on voit que l'hiver approches. Un instant, comme cela, seule sous le ciel voilé, tu repenses aux hivers que tu vivais autrefois. Où sont donc passé les sapins décorés de guirlandes ? Depuis combien de temps les cadeaux au pied du conifères ont-ils disparus ? Depuis combien d'années pleurs-tu chaque soir de noël ? Depuis combien de temps n'es-tu plus allée patiner sur le lac gelé ? Trop longtemps je suppose. Tu arrives bientôt dans le parc de l’académie,les lampadaires sont allumés. Ici, tu te mets a tournoyer, la vie n'est qu'un rêve qui tourne, un souvenir infernal qui nous hante. Tes couettes rebondissent a chacun de tes sauts, s'envolent a chacun de tes pas. Les pans de ta jupes se soulèvent et ton écharpe valse dans tous les sens. Depuis quand dis moi ? Depuis quand la vie n'est devenue que cette absurde mascarade si répétitive ? N'es-tu donc qu'une poupée oublié dans le grand bal qu'est la vie ? Pourquoi ? Pourquoi la vie n'est qu'une succession d’évènements sans but ? Si la terre était plate, nous courrions pour nous éloigner l'un de l'autre. pourtant nous sommes si loin maintenant..

Tes yeux lentement se remettent à pleurer. La pluie commence a tomber. Tu dois rentrer Lilieth, tu vas prendre froid.. La pluie tombe encore et encore pendant que tu cours pour rejoindre le bâtiment principal. Les gouttes d'eau brouillent ta vue, la pluie au début fine est devenue de plus en plus dense, bientôt, c'est des trombes d'eau qui tombes. Tu es trempée, la froideur de l'eau traverse tes fins vêtements, tu trembles. Tu n'aurais jamais dus sortir par ce temps, ici, l'automne est bien pluvieux. Tu cours toujours sous la pluie, tu te demandes si tu arriveras a rentrer. Tu as mal, tu es allée trop loin. Tu cours le plus vite possible. Tes cheveux a présent trempés collent ton visage humide, tes vêtements te pèsent, pourtant, a cet instant, la seule chose que tu espère, c'est que tes croquis ne soient pas fichus. Bientôt, tu vois se dresser au loin la silhouette du bâtiment central. Tu te mets a courir plus vite, tes pas martelant le sol couvert d'un tapis de feuilles. Il ne faut pas que tu glisses, bientôt, tu seras au sec. Tu ne vois même plus les troncs des arbres serrés qui défilent à tes côtés. Les nuages dans le ciel sont épais, recouvrant l'intégralité de la voûte céleste. Tu ne peux contempler les étoiles, et les arbres nues, tendant leur ramages haut dans le ciel, forment ainsi un lugubre paysage. Quand tu arrives enfin devant la grande porte, tu la pousses de toutes tes forces. La porte s'ouvre. Tu entres dans le hall d'entrée sombre. Tu refermes la porte. Les ténèbres ont engloutit l'intégralité de la pièce, tu n'y vois strictement rien. Mais tu ne peux pas courir le risque d'allumer la lumière. Tu avances alors dans le noir..

Tu avances à l'aveugle, tâtant chaque meuble pour te repérer.. Mais étrangement, tu aperçois de la lumière provenant de la salle de spectacle. Non Lilieth, tu dois aller te coucher.. Pourtant, prise d'une soudaine curiosité, tu ouvres la porte donnant sur les coulisses de la salle de spectacle. Il y a quelqu'un sur scène.. Tu vois l'ombre d'une jeune fille qui danse. Tu t'avances. Qui est-ce pour danser à une heure pareille ? Enfin, je dis ça, Lilieth, tu étais bien dehors en train de te tremper, hein. Sur scène, il y a une jeune fille au cheveux d'ébène. Mince et belle, sa peau semblant miroiter. Ses yeux semblent extrêmement sérieux, ils brillent comme deux petits diamants, ils sont si clair, presque translucides. Ils sont magnifiques. Elle est vêtue seulement d'un justaucorps couleur chair d'un pull gris en laine ainsi que de collants de danse surmontés de guêtres grises. Un instant, tu te laisses hypnotiser par sa danse fabuleuse, ses mouvements gracieux et équilibrés, simplement par l'aura qu'elle dégage. Elle est réellement splendide. Mais quelle est donc cette danse qui te semble si familière .. ? Les larmes se mettent a couler le long de tes joues, mouillant ton cou et tes vêtements. L'eau trempe le sol, mais maintenant, tu n'as plus froid, tu n'y fais même plus attention. Une flaque se forme peu à peu autour de toi. Mais d'un coup, la jeune fille aux lèvres couleur de grenat, tombe, chutant sûrement sur la scène. Tu sèches tes larmes d'un revers de la main, t'avance vers la scène, sans plus faire attention a tes vêtements trempés.

" C'était le Lac des Cygnes n'est-ce pas ? "

No time for tears today

Lili ♪

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" C'était le Lac des Cygnes n'est-ce pas ? "

You're not alone ♪ Tu tournes prestement la tête vers une jeune femme aux cheveux presque blancs relevés en deux couettes enfantines. Tu n'es tombée que sur la scène et tu la vois parfaitement, sortant des coulisses. En plongeant dans ses yeux gris d'orage, tu as une impression désagréable. Mais si agréable à la fois... Comme si tu la connaissais. Comme un vieux souvenir, quelque chose que tu aurais oublié. Et tu es à la fois heureuse de retrouver une personne qui te semble familière et en colère de ne pas identifier ce pressentiment. Cette fille, elle doit avoir ton âge. Il est évident qu'elle aime bien le classique. Et pourtant elle n'est pas de la maison des Cygnes, sinon tu l'aurais déjà vue. Et tu te serais souvenu d’elle pour sûr ! Tu n’aurais jamais pu oublier un visage comme celui-là. Et pourtant tu avais toujours ce sentiment de la connaître, de la connaître bien mieux que toi-même.à finir