Ça y est. C'est fini. J'ai quitté tout ce qui m'était familier. Je pars vers l'inconnu, le mystérieux. Et c'est un soulagement. Je tourne le dos à mon passé. Mais aussi à mes amis, à ma famille que je verrais beaucoup moins. Je pense à mon père, maintenant seul dans cette vieille bâtisse trop grande. Mais je devais partir.
Tout se passait bien. Le collège, les cours, les curieux. Jusqu'à la question de trop. J'ai bouilli. J'ai explosé. L'administration a décidé de fermer les yeux sur ce qui s'était passé. Mais je ne pouvait pas. Je ne pouvait pas continuer comme ça, avec tout ces souvenirs, tout ces regards inquiets. J'avais besoin d'espace, de liberté. J'avais besoin d'air. J'avais besoin d'un nouveau départ. Me voilà donc.
J'explore le grand hall d'un regard un peu perdu. Plan en main, gentiment donné par l’hôtesse d'accueil, je ne sais pas où aller. Bien qu'elle m'est indiqué le bâtiment des Cygnes. Mais moi, les cartes, les directions on n'est pas fait pour s'entendre. Je lâche un soupir, replace mes mèches rebelles, et avance en trainant ma valise, les roues faisant un bruit d'enfer sur le bois.
J'atteins un immense escalier. Blanc, de marbre, très chic. Un banc parfait. Je me pose délicatement sur une marche et m'engage dans l'étude du plan. Plusieurs bâtiments, un grand parc, trop de choses. Je le repose. Pas du tout d'humeur pour ça. Mes doigts volent jusqu'à mes tempes, geste dont je n'arrive pas à me débarrasser. Je veux une salle vide. Je veux de la musique. Je veux m'envoler. Je veux danser.
Je lève les yeux. Je vois le soleil passer par la grande, traverser les feuilles dans le jardin. Je vois celles-ci devenir orange. Il en tombe une, puis deux. Et il n'y aura bientôt plus rien. La neige viendra, le monde se recouvrera de blanc, manteau élégant et royal. Les souvenirs m'envahissent, les batailles, les rires, les cris. Non, stop !
Ça suffit Ella. Je secoue ma tête.
Bouge, maintenant. Je me lève, assez brusquement. Très même. Le plan glisse de mes genoux. Je vois les regards, interloqués.
Eh m*rde. Je commence bien.
« I'm always lost. »