Couchée dans mon lit, j’entendais le clapotis de la pluie qui s’écoulait de ma gouttière. C’était mon premier jour à Artistic Academy. Ma première nuit. J’étais anxieuse, le regard des autres me terrifiait. Être nouvelle n’est jamais facile, et la peur de retomber du mauvais côté me tordait les tripes. Je me levais, incapable de restée un moment de plus dans mes draps. Esquissant quelques pas dans ma chambre, j’écoutais le parquet grincer. Il faisait chaud, beaucoup trop chaud. J’ouvris lentement la fenêtre, inspirant l’air frais. Toute l’académie était silencieuse. Mes pieds nus tâtèrent le rebord de la fenêtre et s’y cramponnèrent. Je me penchais un peu plus, laissant la caresse du vent rafraîchir mon visage basané.
Une idée tinta dans mon esprit. On m’avait parlé d’une piscine intérieure, et je rêvais subitement de goûter au bonheur d’un bain de minuit. En quelques pas gracieux, je me rendis à mon armoire, garnie de quelques heures seulement. Tirant une poignée, je laissais le tiroir coulisser en un bruit de métal. Fouinant, je dégainais un bikini noir orné d’un triangle doré. Le verrou de la salle de bain tourna, car c’était toujours un reflexe pour moi, et quelques bruissements de soie plus tard, j’étais habillée.
Je marchais lentement vers le grand miroir qui trônait près de mon lit et admirais mon reflet. Comme la plus part des jeunes filles, je regardais surtout mon petit bidon naissant. Mais je ne m’en inquiétais pas, pas pour le moment en tout cas. Le maillot était juste à ma taille, et je ne pouvais m’empêcher de toucher le triangle métallique couleur or qui ornait mon bustier. J’enfilais un peignoir en soie noir et des chaussons fourrés, personne ne me reprocherai ma tenue puisqu’il n’y avait qu’une chance infime pour que je rencontre âme qui vive à cette heure.
Habillée, je passais un vague coup de brosse dans ma tignasse brune et attrapais clef et portable avant de fermer la chambre. Je rougis malgré tout, de peur que l’on me prenne pour une pouffiasse en me croisant. Mais personne ne passerait. Et personne ne me croiserait. Enfin pas logiquement. Il faisait une chaleur étouffante dans les allées, et je me dirigeais vers le centre des bâtiments histoire de me repérer. Un petit panneau indiquait la piscine, j’empruntais donc les couloirs indiqués. J’avouerai qu’une petite boule dans ma gorge naquit au fur et à mesure que je marchais. Des couloirs et escaliers déserts, c’est quand même flippant.
Enfin, je poussais une porte en verre qui donnait sur une véranda. La moiteur de la pièce me donna instantanément envie d’enlever mon peignoir, ce que je fis d’ailleurs. Le toit était en verre transparent, ce qui donnait vu sur le ciel. Ce soir là, il n’était pas particulièrement étoilé, juste ce qu’il fallait pour ne pas me pousser à allumer la lumière. Je dégainais quand même un briquet et allumais deux ou trois bougies pour le principe. Enfin, j’enlevais mes chaussures, déposais mon iphone loin de l’eau ainsi que ma clef et m’approchais du bassin.
J’y trempais d’abord le bout du pied, histoire de la goûter. Elle avait la juste température, parfaite pour ma nature frileuse. Je me dirigeais vers l’échelle, avant de faire demi-tour et m’asseoir sur le bord de la piscine. L’eau caressait mes jambes avec douceur, et c’était tellement agréable par une chaleur pareille. J’avançais un peu, et poussais sur mes bras pour m’y tremper jusqu’à la poitrine. Vite habituée, je lâchais la pression sur mes épaules et me laissait aller dans l’eau. Elle était délicieuse, rafraîchissante sans être froide, tiède sans être sirupeuse. J’esquissais quelques mouvements gracieux, puis glissait jusqu’à la partie où j’avais pied. Je laissais mon visage goûter au délice de l’onde et, prenant ma respiration, je poussais contre le mur pour faire une longueur en apnée. J’émergeais vivement, puis m’accoudais au rebord, dans un angle. Mes pensées vagabondèrent, et je me surpris à souhaiter la venue de quelqu’un. Quelqu’un à qui parler.
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