Winter -014-015 - Pear, Spark & Lastie
 
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 Sueurs glacées ~

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MessageSujet: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptyMer 5 Sep - 20:27

Sueurs glacées ~

Le faisceau lumineux de la lune illuminait toute sa personne pareille à une aura de poussière d’étoiles. De minuscules particules de poussière flottaient en apesanteur devant ses prunelles translucides, dansant dans la pâleur du rayon. Des étincelles lui piquetaient les yeux, elle ne savait pas où elle était. De son corps tremblant, elle fit un demi-tour sur elle-même pour se repérer. Deux murs, serrés, brouillard à gauche, brouillard à droite, personne. Ca ressemblait à une ruelle sombre, perdue. Mais Noa ne savait pas où elle était. Sa tête lui tournait, mais surtout une boule dans sa gorge la tétanisait. Le fait de ne pas savoir, le fameux trou noir.

La tête posée entre mes genoux, je crois que je sanglotais. A vrai dire ça n’avait pas trop d’importance. Qu’avais-je fais ? La peur de cette ruelle était recouverte par cette crainte de l’ignorance. Je redressais ma nuque, laissant l’arrière de mon crâne se poser doucement contre le mur. Je levais mes mains en face de mes yeux, les tournais puis les retournais comme pour vérifier qu’elles n’aient rien. Je laissais ensuite mes doigts courir sur mon visage. Mon front était doux, un peu moite. Surtout très froid. Mon nez n’avait pas non plus changé, aucunes marques. Mes yeux quant à eux étaient vaguement humides. Seule ma bouche était brûlante, et légèrement ensanglantée. Je passais une main dans mes cheveux. Ils étaient comme avant, soyeux et long. Seul détail, ils étaient crêpés ou tout comme. Je baissais la tête, pour m’observer. J’avais une robe bleue nuit, pas trop décolté à première vue. Je m’appuie d’une main sur le sol en béton. Il est humide, presque boueux. Automatiquement, je regarde mes pieds. Ils sont nus, mais écorchés et cambrés comme après avoir porté des talons vertigineux. J’écarte les bras, et un voile de tissu de la même couleur que ma robe et raccroché à celle-ci accompagne mon bras droit. L’autre à l’épaule nue. Je me tourne un peu, histoire de voir la longueur de ma robe. Elle est très très courte, mais on ne voit rien. Heureusement que personne ne me voit, j’aurai tellement honte. Pourtant, quelqu’un m’a vu. Je sais.

J’essaye de rester debout pour ne pas geler sur place. Je marche, un peu, pour ne pas m’engourdir mais mes pieds m’arraches des couinements à chaque pas. Je remarque alors un éclat de verre quelque part dans les graviers. Je l’attrape comme une voleuse et le cale dans une aspérité du mur. Je vois mon visage, il n’a pas changé. Honnêtement, je me trouve même plutôt pas mal. Je remarque ensuite à mon cou un collier, plutôt serré, avec des cordons noirs. Je le tourne, et tombe sur le pendentif. Ce sont deux menottes en argent accrochées l’une avec l’autre. Je me tâte, mais rien. Je ne sais pas d’où il vient. Je continue à inspecter mon corps. Je remarque alors un suçon au dessus de ma robe, en dessous du collier. Je rosis, passe mes doigts dessus comme pour me persuader que je pouvais l’effacer. Tout d’un coup je sens mon poignet droit me brûler. Je le retourne. Un spasme secoue mon corps, je m’affale par terre, en sueur. Un petit « J » est écrit sur mon poignet, juste là où ma peau est la plus fine, où mes veines sont apparentes.

Elle est revenue. C’était elle. Au fond de moi, tout ça je le sais. Tout ce qui est arrivé. Je veux juste l’effacer, devenir quelqu’un d’autre. La soirée, la drogue, l’alcool. Tout ça je m’en souviens. Mais j’aimerai tellement pouvoir mettre tout ces douloureux souvenirs dans un coffre, le fermer avec un cadenas et jeter les clefs. Je me suis habillée, je me suis coiffée. Je suis allée à cette soirée. Ou plutôt June y est allé. Elle a vu des garçons, elle a déliré. Qui sait ce qu’elle a fait ensuite ? Boire, fumer, sniffer ? Draguer peut être. Ou peut être tout autre chose. Peut être a-t-elle-même tué quelqu’un. Je frissonne. D’envie ou de crainte ? Je n’en sais rien moi-même. Je m’affale au sol, laissant mon esprit vagabonder. Où suis-je ? Qui suis-je ? Un miaulement rauque me fait soudain sursauter. Un gros matou noir fend la brume, suivit d’une silhouette humaine. Une sueur glacée roule dans mon dos. Qui est-ce ?
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Ethan Collins
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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptyJeu 6 Sep - 20:24


Je frisonne et met mes mains dans les poches de mon sweet-shirt noir. Une légère brise nocturne balaie la ville qui baigne dans une ambiance festive, alors que je sors de cette boîte de nuit à cette heure plus que tardive. Il va encore me falloir élaborer un plan pour rentrer à l’Académie en prenant garde à ne réveiller personne… Heureusement, ce ne sera pas la première fois que cela va m’arriver, disons que j’ai déjà une… certaine expérience de la chose pour avoir déjà enfreint le règlement plusieurs fois. Dans le ciel, les nuages menaçants du début d’après-midi disparaissent peu à peu au loin, pousser par le vent. Les étoiles brillent, petits points lumineux dans l’infini de l’encre de la nuit, accrochées sur la voûte comme des lucioles. Faibles lueurs comparées à l’éclat de la lune, ronde et imposante qui noie les rues obscures de la ville de sa lumière rassurante, quoique un peu pâle.

Je crois que j’ai un peu trop bu, à cette soirée. Un peu ? Non mais regarde-toi, Ethan, tu es à moitié ivre mort là ! J’entends déjà les remarques qu’aurait pu me déclarer ma mère si elle était toujours là pour me les servir. Je ne me souviens plus exactement de ce que j’ai bien put faire, mais bon, je suis encore capable de tenir à peu près debout, ce qui est déjà pas trop mal (j’ai quelques souvenirs plus douloureux de ce genre de sorties…). Je titube un peu, cependant, et mes chaussures raclent l’asphalte froid et humide de la route. Je m’arrête un instant de marcher, prend appui sur un mur aussi gris que le sol avec ma main tandis que je ferme les yeux, histoire de me remettre les idées en place. J’ai mal à la tête soudainement, et je fronce les sourcils. L’alcool a brûlé ma gorge qui réclame de l’eau à corps et à cri.

Je lâche un soupir, formant ainsi devant ma bouche un nuage de buée qui se dissipe presque aussitôt. J’avais quitté l’Académie vers huit heures, et il est… cinq heures du matin. J’écarquille un peu les yeux, voulant bien m’assurer que c’est bel et bien ce que m’indiquent les aiguilles de ma montre. Aucun doute possible. Je me masse un peu le front avec ma main libre et après avoir observé le ciel noir d’encre quelques secondes, je me remets en route.

J’humecte mes lèvres sèches avant de sortir un paquet de cigarettes de ma poche et d’en allumer une avec un briquet rouge sang. Je la porte à mes lèvres et aspire une bouffée de la substance. Presque instantanément, je me sens… mieux. Je sais très bien tous les risques que fumer comportent, je les connais et je les assume. Cela fait bien trop longtemps que je me suis abandonné à cette addiction dont je ne peux maintenant plus me passer. J’ai l’impression que le vent qui balaie mon visage réinitialise mon cerveau et éclair mon esprit, ce qui me fais le plus grand bien. Cependant, une légère douleur palpite au creux de mon cou. Je le touche du bout des doigts et ferme les yeux. Je n’ai pas rêvé, elle est toujours là. Cette cicatrice qui m’a accompagnée pendant toute mon enfance. J’essaie de l’oublier et continue de marcher sans réel but, errant comme un fantôme dans des ruelles toutes plus sombres les unes que les autres. Errant comme une âme déchue et abandonnée qui cherche son chemin parmi les décombres de ses souvenirs.

Et je suis là, à shooter dans les gravillons comme un gamin trompant l’ennui un jour d’été, dans cette rue que l’éclat de la lune atteint à peine. Je longe le mur d’un vieux bâtiment comme une ombre, alors qu’un matou noir s’élance devant moi en courant, délogé de sa cachette. Il trottine au milieu de la route, ne craignant pas une seule seconde de se faire renverser. L’espace d’un instant, je lui trouve une ressemblance frappante avec Suie… Et soudain, alors que je déambule dans ces quartiers malfamés, je la vois. Cette fille qui était à la fête. Elle est là, assise par terre, et elle semble complètement paumée. Ou complètement droguée, au choix. En tout cas, elle me parait en plutôt mauvais état. Un peu soucieux, je m’approche alors que le chat miaule, la faisant sursauter. La créature couleur cendre finit par s’enfuir en bondissant sur un toit. Je m’agenouille devant la fille et lui lance un sourire que je veux rassurant (je crois que j’ai l’air con comme ça mais tant pis) et un brin séducteur (l'habitude...). J'écarte ma clope de son visage et je plonge mon regard dans le sien. Je lui demande :

- Besoin d’aide ? Tu vas bien ?


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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptySam 8 Sep - 16:06



L’inconnu s’approcha de moi. La peur me tétanisait, comme une crise de panique. Je manquais d’air. Le maton bondit dans la brume me laissant seule avec lui. Il déplaça sa cigarette de mon visage dont la braise m’avait éclairée un court instant. Son regard vert gris me transperça comme une poupée de chiffon avant de s’adoucir.

« Besoin d’aide ? Tu vas bien ? »

J’avais la tête d’une personne qui allait bien ? Je le regardais sans répondre, sûrement parce que ma gorge était trop sèche pour en sortir un seul son. Son visage large mais doux m’était familier. Je l’avais sûrement déjà vu quelque part, mais où ? Ses cheveux noirs en bataille et ses yeux clairs me faisaient penser à un type à la soirée. Mais ça ne devait pas être lui, sauf s’il était aussi bourré que je l’étais. Mes lèvres tremblèrent, comme pour esquisser un mot. Mais rien ne sortit. Je clignais lentement des paupières, puis soufflais un coup. Mes cordes vocales vibrèrent alors et je pus parler d’une voix rauque.

« Je pense que je vais bien. Je suis juste … On se connaît non ? »

Ma gorge était un brasier. Elle me suppliait de l’hydrater. Mes yeux allaient de sa clope à son visage. S’il n’avait pas été un inconnu, je lui aurais demandé volontiers de tirer. Mais là ça me mettais mal à l’aise. Je rassemblais mes esprits et posais mes paumes dans les graviers. Les petits cailloux m’écorchèrent les mains, mais je poussais sur mes bras pour me relever. Une fois debout je titubais et me posais lourdement sur le mur. Je fus prise de bouffées de chaleur, et l’envie d’enlever ma robe me prenait la tête. Seulement je ne pouvais pas. Je me laissais glisser contre le mur, les yeux perdus dans le vague. Je me sentis alors engloutie par un flash back.

« Salut ma belle, c’est bien June ton prénom ? Ca te dit de t’amuser un peu ? Tient bois ça. C’est un petit cocktail. Pour ne rien te cacher, LSD et GHB. Mais si tu veux rester soft je comprends ma puce. »

Il me prit par la taille et je me laissais attirée contre lui. J’étais dans un était second, complètement bourrée. D’un geste gracieux j’attrapais le verre et la pilule. D’une traite, je fini le curieux mélange et reposais délicatement le verre sur une table basse. Noa aurait été furieuse. Heureusement que j’étais là pour sauver la mise. Je me rapprochais un peu plus du jeune homme. Un vrai apollon. Pourquoi ne l’avais-je pas remarqué plus tôt ? Où peut être était-ce l’alcool et la drogue qui le rendait beau. Je le repoussais brusquement sans savoir moi même pourquoi et marchais d’un pas décidé vers le bar. Un jeune homme aux cheveux noirs emmêles tenait deux shot de vodka dans la main. J’en attrapais discrètement un des deux et lui soufflais un « merci » au creux de l’oreille. Il se retourna lentement et me fixa de son regard troublant. Je fermais mollement les yeux, lui sourit et parti retrouver mon fournisseur. C’est alors qu’une main masculine m’attrapa par la taille et m’attira vers lui. Puis pleins d’autres mains m’attrapèrent et me touchèrent. Cette vague d’homme se resserrait de plus en plus autour de moi, leurs visages étaient flous et distordus. Ils m’étouffaient, je ne pouvais plus respirer. J’avais l’impression de me faire engloutir, c’était horrible. J’hurlais de toutes mes forces et revenais à la réalité.

C’était lui l’homme qui tenait les shots. Je le regardais d’un air hagard. J’aurais aimé prouver que je n’étais pas qu’une gamine perdue et complètement défoncée. Malheureusement je n’avais rien pour le faire. Ses yeux charmeurs croisèrent encore une fois les miens, et je détournais les yeux, gênée de mon comportement.
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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptySam 8 Sep - 17:58

J’observe mon interlocutrice, plongeant mon regard dans le sien dont la couleur est à mi-chemin entre le bleu et le vert. Je lui souris à nouveau alors qu’elle semble se crisper de peur. Je suis si effrayant que ça ? J’ai l’air si shooté, si drogué que ça ? La jeune fille semble vouloir parler et son visage tremble, mais aucun son ne parvient à franchir ses lèvres. Je plisse les yeux, tentant de me souvenir de son prénom. Il commence par un «J» je crois. Je ne suis pas sûr, mon cerveau est trop embrouillé par l’alcool qui altère mes pensées. Mon crâne bourdonne et j’ai du mal à réfléchir, si bien que j’abandonne rapidement la tâche. Elle est de l’Académie il me semble, ce n’était pas la première fois que je la voyais. Après un dernier effort, elle parvient à me répondre :

- Je pense que je vais bien. Je suis juste … On se connaît non ?

Sa voix est rocailleuse et un peu faible. Elle « pense » aller bien ? Moi je ne crois pas. Ma question était une simple marque de politesse. En réalité, je connais mieux qu’elle la réponse. J’ai sous les yeux une fille pieds nus, à moitié en sang, ivre morte, probablement droguée et dont l’état physique révèle bien plus que ce qu’elle peut bien me dire pour me convaincre. Pourtant, elle reste jolie et ses yeux sont d’une couleur étonnante.

Elle regarde ma cigarette avec une lueur d’envie dans le regard, mais n’ose pas. Je souris à nouveau. Mon esprit est totalement embrumé, je ne sais même pas ce que je fais. J’ai peur de faire une connerie, alors je me redresse en même temps qu’elle et titube vers l’arrière. Elle s’adosse contre un mur, et je l’imite mais sur le mur opposé. La ruelle est étroite, si bien que nous sommes proches malgré tout. J’ai chaud mais mes mains tremblent. Je ne suis pas vraiment en meilleur état que la fille. Je ne crois même pas avoir la force de l’aider, même si j’aurais bien aimé pouvoir le faire. Elle a le regard perdu et vide, et elle semble plongée dans des pensées houleuses et peut-être douloureuses. Elle écarquille étrangement les yeux au bout de quelques secondes et me regarde comme si je lui avais rappelé quelque chose. Pour ma part, je n’ai même pas la force d’essayer de me rappeler de qui elle peut bien être. J’espère juste ne pas avoir trop déconné pendant la soirée, et j’espère surtout que je ne suis pas responsable de la blessure qui fait légèrement saigner sa lèvre inférieure.

Un bref souvenir me reviens en mémoire. Je crois que c’est elle qui avait bu le verre de vodka que je tenais. Ensuite, j’ai beaucoup bu jusqu’à ce que mon corps ne le supporte plus, et j’ai fumé à m’en brûler les poumons. A l’heure qu’il est, je dois avoir les yeux injectés de sang, les cheveux en bataille et l’allure d’un zombie qui n’a pas vu le jour pendant deux mois consécutifs. Bref, pas très reluisant, comme portrait. Pas étonnant que la première réaction de la fille ait été la peur. Je suis assez peu habitué à produire un tel effet. D’habitude c’est plus… je ne sais pas trop, le désir peut-être ? En tout cas, je sais que je plais et j’ai souvent tendance à profiter de cet avantage, la plupart du temps en me servant de la personne qui l’éprouve, et donc à la trahir. C’est pas très français comme phrase mais je me comprend, c’est déjà pas mal. Elle détourne le regard lorsque nos yeux se croisent à nouveau, et elle semble rougir (à moi que mon état ne brouille ma vue). Je lui répond :

- Ouais, on se connait.

C’est complètement con comme réponse, mais je ne sais pas vraiment quoi lui dire d’autre. Quelque chose comme « tu veux que je te raccompagnes à l’Académie ? ». Je suis incapable de me rendre compte si je suis capable de me trainer sur une telle distance, et si elle-même est capable de me suivre. Même si je suis persuadé qu’elle ne pourra pas. Tout ce que je sais, c’est que je n’arrive plus à tenir debout, et que je risque fortement de passer la nuit ici. Je me laisse glisser contre le mur et m’assois sur le bitume froid et dur, avant de porter ma cigarette à mes lèvres et à tirer doucement dessus. Je libère la fumée que je retiens prisonnière de ma bouche et lui tends ma clope.

- T’en veux ?

Ce n’est pas vraiment le genre de chose qu’il aurait fallu faire dans ce genre de situation, mais au point où j’en suis…


Dernière édition par Ethan Collins le Sam 20 Oct - 20:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptyDim 16 Sep - 20:15



J’en avais maintenant la certitude, on se connaissait. Malgré sa mine terreuse, ses cheveux en bataille et ses yeux dilatés aux extrêmes, il restait mignon. Sans doute un beau type. Quand il me tendit sa cigarette, je crois que je faillis lui sauter au cou. Elle était presque finie, si bien qu’au contact du papier avec mes doigts, je sentie la chaleur de la cendre réchauffer ma chaire. Je la portais à ma bouche, tel un joint, et aspirait goulument la fumée. Elle avait un petit goût de réglisse, comme je les aime. Je laissais tomber ma mâchoire, comme si elle se déboitait, et libérais quelques ronds de fumée grise. Je tirais une petite latte et lui rendais la cigarette. La nicotine me reboosta, je me sentais mieux. Peut être mieux que lui d’ailleurs. J’étais à la fin de ma décuve, lui seulement au début. En tout cas son visage laissait paraître cette information. La brume s’intensifia, et un froid glacial vint mordre ma peau nue. Je sentis mon visage pâlir et le rose me monter aux joues et au nez. Mes ongles virèrent bleus et ma peau s’hérissa.

« Je ne connais ni ton nom ni d’où tu viens. Mais je pense que tu es dans un sale état, comme je le suis moi-même. Personnellement, je passerai la nuit ici, quitte à crever de froid. De toute manière, je ne peux pas bouger. »

Je le regardais avec des yeux persans, histoire d’appuyer sur mes paroles. Le brasier dans mes prunelles bleues brûlait d’une flamme vive, dansant dans mes iris. L’intensité dans mon regard brillait d’intelligence. Je fermais un instant mes paupières, avant de les rouvrir, plus brûlante que jamais. En soi, une petite fierté serrait mon cœur. J’avais résisté. Je lui avais résisté. Nous allions – certainement – passer la nuit ensemble dans cette ruelle sombre. Et je ne lui avais pas sauté dessus. Il avait pourtant tout pour plaire, mais j’avais tenu. June l’aurait dévoré du regard, avec fougue, jusqu’à ce qu’il craque. Mais je restais moi-même, lui lançant quelques sourires en coin, un peu joueurs.

« Je pense que nous allons passer la nuit ici, vu ton état. Autant discuter un peu, je ne vois pas l’intérêt de se toiser sans rien dire. Mon nom est June… enfin Noa. Je viens d’Artistic Academy. Je suis habillée comme une pute, et j’ai bus comme un trou toute la soirée. J’ai fumé et avaler toute sorte de chose pas très légales, aussi. Si ça se trouve je te parle, tu viens de la même école que moi. Peut être est tu même un surveillant. Au fond je m’en fiche. Je n’aime pas les règles, je n’aime pas non plus les respecter. Sinon, je peux te dire que malgré ton état physique, tu es très mignon. J’ai l’impression de parler seule, mais ça fait du bien. Ca me réchauffe, car oui, je crève de froid. Tu peux me répondre, tu peux te taire, je t’écouterai dans les deux cas. »

Très cru comme monologue. Je me sentais mieux, comme libérer d’un poids. Mes lèvres tremblaient un peu moins, pourtant j’avais toujours l’impression d’être sur un glaçon mordant. Une petite brise balaya mes cheveux vers la gauche, emportant le parfum charnel de la fleur d’oranger.
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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptyMer 19 Sep - 18:58

La fille attrape la cigarette que je lui tend presque avec une sorte de sauvagerie, une lueur étrange dansant dans ses prunelles pers. Je l’observe tirer précipitamment sur ma clope en souriant légèrement. Je cale ma tête contre le mur derrière moi et avale ma salive avec difficulté, tant ma gorge est sèche. Mes yeux s’attardent un instant sur la voute céleste, ou la lune semble briller plus ardemment qu’à l’accoutumé, masquant par son éclat celui des étoiles qui semblent si chétives à côté de l’astre nocturne. J’humecte mes lèvres sèches tandis que l’adolescente en face de moi recrache la fumée qu’elle avait aspirée. Elle semble aller mieux, comme si la substance qu’elle venait de prendre lui avait redonnée suffisamment de forces pour que ses pensées ne soient plus altérées par l’alcool et autres drogues qu’elle aurait bien put ingérer durant la fête. Je récupère la cigarette qu’elle me rend, la porte une dernière fois à mes lèvres avant de l’écraser sur le bitume humide et de la jeter dans le caniveau. Le vent se lève soudainement, s’infiltrant dans chaque recoin de la ruelle, pénétrant dans mes vêtements en me faisant légèrement trembler de froid. En face de moi, la fille dont je n’arrive toujours pas à retrouver le prénom frémit également, alors que ses lèvres prennent une teinte violacée alors que la peau de son visage pâlit subitement. Je l’observe sans rien dire, alors qu’elle prend la parole :

- Je ne connais ni ton nom ni d’où tu viens. Mais je pense que tu es dans un sale état, comme je le suis moi-même. Personnellement, je passerai la nuit ici, quitte à crever de froid. De toute manière, je ne peux pas bouger.

Ses yeux pénètrent dans les miens comme un poignard que l’on m’aurait planté en pleine poitrine, avec la douleur en moins. Je soutiens son regard en arquant un sourcil provocateur, alors que l’intensité de la flamme qui danse dans ses prunelles m’étonne un peu. J’ai rarement vu de personnes aux yeux si incroyablement attirants. Impossible presque, d’un détacher le regard, même en sachant que l’on risque de s’y noyer. Le goût du risque…

Elle finit par fermer les yeux avant de les rouvrir et me lancer un petit sourire. Je le lui rends et passe ma main dans mes cheveux. Etrangement, ma peau est brûlante alors que j’ai l’impression que de la glace gagne chaque fois un peu plus de terrain au fond de moi, et qu’elle fige mon cœur pour l’empêcher de battre. Et pourtant je l’entends, je le sens pulser douloureusement contre mes côtes. Je lui lance, sans vraiment réfléchir, le regard dans le vide :

- Ouais je suis dans un sale état. Plus sale que toi, je crois. J’arrive même plus à assimiler ce que je dis.

Je ferme les yeux, et inspire l’air froid qui nous entourent. Une légère buée s’échappe de mes lèvres à chacune de mes expirations. Elle se remet à parler, me révélant enfin son prénom : June, ou Noa. Au choix, c’est ça ? Je l’écoute sans la couper, attendant qu’elle termine. Je ne me suis pas trompé, elle est bien une élève de Artistic Academy. Un léger sourire étire mes lèvres lorsqu’elle termine son monologue, et après une courte hésitation, je lui réponds :

- Ouais, je crois aussi qu’on va devoir rester là. Du moins jusqu’à ce que j’ai de nouveau la possibilité de tenir debout, ce qui risque de prendre du temps. Si tu veux tout savoir, je m’appelle Ethan, et je suis aussi un élève de l’Académie. J’ai aussi beaucoup bu, et beaucoup fumé pendant cette fête, mais c’est pas la première fois.

Je m’arrête un instant avant de reprendre :

- Je te retourne le compliment d’ailleurs, toi aussi tu es… belle. Trop peut-être, pour être sortie de la soirée dans cet état. J’ai froid aussi. Pour ma part, je vais rester assis ici jusqu’à demain, mais tu peux rentrer à l’Académie si ça te chante, je ne te retiens pas. Si tu restes, plutôt que de mourir de froid chacun de notre côté, tu peux venir, et je te réchaufferais.

Je laisse s’échapper un petit rire avant de conclure :

- Sans ambiguïté, n’est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptyDim 30 Sep - 14:11



« Je te retourne le compliment d’ailleurs, toi aussi tu es… belle. Trop peut-être, pour être sortie de la soirée dans cet état. J’ai froid aussi. Pour ma part, je vais rester assis ici jusqu’à demain, mais tu peux rentrer à l’Académie si ça te chante, je ne te retiens pas. Si tu restes, plutôt que de mourir de froid chacun de notre côté, tu peux venir, et je te réchaufferais. »

Je lui lançais un sourire, dévoilant mes dents blanches. Le compliment me réchauffait. Il lança d’un petit rire « sans ambiguïté bien sur ». J’hochais mollement la tête et m’approchais d’une démarche féline avant de m’adosser au mur et de glisser assise. A côté de lui. Je n’osais pas trop m’approcher non plus, de peur que les ardeurs de June réapparaissent. Je tournais la tête, fuyant son regard brûlant qui me détaillait. Je rêvais secrètement de pouvoir me blottir contre lui, tant j’avais froid. Mais je n’osais pas, peut être par pudeur. La brume balayait mon visage, et je repensais à toutes ces histoires.

Mars 2012

Je te connais depuis l’enfance, on a partagé des rires et des pleurs. Aujourd’hui c’est l’amour qui a eu raison de nous. Drame familiale.
Je retourne en Israël pour te voir. Ca fait deux ans que je te convoite, ça fait deux ans que tu me résistes. Les retrouvailles sont superbes, mais pas assez. Je te veux. Aaron je te veux. Tu m’obsède depuis trop longtemps.

« Noa, putain qu’est ce que tu fou là ?!
- Ca fait plaisir de voir à quel point tu es heureux de me revoir… »


Il ouvrit ses grands yeux orangés d’un air innocent et me pris dans ses bras. J’étais bien, tout contre son corps musclés et bronzé par le soleil. J’avais l’impression d’être protégée et à l’abri de tout. Il n’avait que 20 ans, un an de plus. Mais il en paraissait 25. Si ce jour là je fus bien, ce ne fus pas le cas après.

Pendant une semaine on se cherchait. On se draguait, se dévisageait d’un air aguicheur. Puis un jour tu m’as embrassée. Le plus beau jour de ma vie. Après c’était le drame. Tu m’oubliais, tu ne prêtais aucune attention à mon bien être. Toute cette amitié, cette fraternité presque, gâchée par un simple baiser. Plus jamais je ne me laisserai séduire par un proche. Je préfère autant sortir avec des inconnus.


Je me retournais vers Ethan. Il semblait mal à l’aise. De près, il était encore plus beau. Je lui souris, et me rapprochais un peu. Il faisait trop froid.

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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptyMar 2 Oct - 13:29

Un sourire étire ses lèvres, et je le lui rend tandis qu’elle s’approche de moi d’une démarche presque féline après avoir hoché la tête, signant son accord. Elle s’adosse au mur à ma droite et se laisse glisser contre le béton froid. Je l’observe, alors qu’elle semble ne pas oser s’approcher plus de moi. Je l’effraie ? Je l’aurais bien rassuré quant à mes intentions, mais préfère me taire. Elle a le regard fuyant, évitant de croiser l’éclat de mes prunelles. Je la regarde toujours, tandis qu’elle essaie de se réchauffer et semble plongée dans ses pensées. De mon côté, tentant de cacher mon malaise, je cale ma tête contre le mur et soupir, repliant l’une de mes jambes contre mon buste. La morsure du froid sur chaque parcelle de ma peau me fait frissonner, et je n’ose même pas imaginer ce que ressent Noa qui elle, ne porte qu’une simple robe. J’ai l’impression que ma vue se brouille et j’ai le sentiment de ne pas être vraiment moi-même.

Finalement, la jeune fille se tourne vers moi, et nos yeux se rencontrent. Les miens s’attardent un instant sur ses lèvres bleutées, tellement attirantes. Elle me sourit et réduit un peu plus la distance qui la sépare de moi. Je lui rends son sourire et me rapproche tout à fait d’elle, de manière à ce que nos deux corps se frôlent. Prudemment, tentant d’évité de l’effrayer par un geste trop brusque, je passe doucement mon bras droit par-dessus son épaule. Je la sens frémir lorsque mes doigts entrent en contact avec sa peau gelée, et je me permets de resserrer un peu mon étreinte pour la réchauffer. J’hésite un instant, puis l’invite à se blottir contre mon torse en l’attirant un peu vers moi. De mon autre main, je lui relève un peu le visage pour plonger mon regard dans le sien. Ses yeux me fascinent. Je crois que je pourrais les sonder toute la nuit. De près, je peux enfin observer l’harmonie de son visage. Je sens son souffle contre mon cou, et l’odeur de ses cheveux, mélangée à celle du tabac et de l’alcool.

Mon cœur bat à cent à l’heure. Elle est si proche, à présent. Tellement proche. Tellement proche. Trop proche ? Peut-être. J’approche mon visage du sien, et ma lèvre inférieure frémit. La lueur qui anime mon regard luit intensément. Je ne saurais dire ce que je ressens, là, maintenant. Juste une folle envie de réduire à néant cette distance qui me sépare d’elle. Je ne sais pas comment ce désir est né au fond de moi, ni comment je peux éprouver cela pour une parfaite inconnue dont je ne connais que le prénom. J’ai bu. Beaucoup trop bu. Ça m’empêche de réfléchir. Et pourtant, la raison tente de se faire une petite place dans mon esprit embrouillé, mais le désir est trop violent, trop fort. Je la regarde sans réagir, comme un con, et je passe mon pouce sur sa lèvre pour retirer le sang qui en coulait légèrement. Et soudain, une phrase que j’avais prononcée quelques instants plus tôt jaillit dans mon esprit, aussi limpide que l’eau de la pluie. Cela me fait l’effet d’une claque :

Si tu restes, plutôt que de mourir de froid chacun de notre côté, tu peux venir, et je te réchaufferais. Sans ambiguïté, n’est-ce pas ?

Sans ambiguïté, n’est-ce pas ? Sans ambiguïté, n’est-ce pas ?


Mais elle est là, l’ambiguïté. Je ne peux pas trahir cette confiance qu’elle m’a accordée un peu plus tôt. Je me recule un peu d’elle, et lui lance un sourire rassurant, presque… désolé. Je me serais bien excusé, mais je n’en ai pas le courage. Mon impuissance face aux effets de l’alcool m’exaspère. J’aurais dû savoir me contrôler. Je me hais. Un peu. Je ferme les yeux un instant, puis me détourne un peu, fixant le mur parallèle à celui auquel nous sommes adossés d’un œil agacé. Je finis par baisser le regard et reporter mon attention sur Noa, passant ma main gauche dans mes cheveux alors que je la tiens toujours par les épaules de ma main droite.
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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptyMer 3 Oct - 20:46


Il semblait troublé par mon regard. Peut être même le dérangeait-il. Mes lèvres bleuies par le froid s’agitaient de minuscules soubresauts, je crois qu’il le remarquait presque. D’un geste doux, protecteur, il s’approche de moi et m’enlace. Je ne peux m’empêcher de frémir au contact de sa peau tiède. Cela me rassure, je me sens bien. Au fond de moi, une alarme m’hurle de reculer avant qu’il ne soit trop tard. Je ne l’écoute pas, je pourrais presque hocher la tête pour lui prouver qu’elle a tord. Un sentiment étrange s’empare de moi, serrant mon cœur et ma gorge. Il me serre, peut être même un peu trop fort pour ma frêle ossature. En même temps, je meurs de froid. Il m’invite à me blottir contre lui, ce que je ne refuse pas bien au contraire. Je n’ose pas trop au début. Puis je prends confiance et m’installe tout contre lui, la tête timidement posée sur sa poitrine. Je sens sa respiration ralentie par les effets de l’alcool. Par contraste, son cœur bat à mille à l’heure. J’allais relever la tête d’un air interrogateur, mais il s’en charge pour moi, soulevant mon menton avec douceur. On aurait cru qu’il avait peur de me briser en mille morceaux.

Ses prunelles vertes me scrutent attentivement. Elles brillent, presque fascinées. Je lui plais tant que ça ? Ne pouvant m’empêcher de rosir, j’aimerai détourner mon regard. Mais je ne peux pas. Elles m’aspirent, m’attirent comme l’aimant attire le fer. Je ne peux plus détacher mes yeux des siens. C’est comme fusionnel. Je peux voir mon reflet dans ses pupilles dilatées par l’obscurité. Cela me trouble. Une flamme de désir brûle dans ses yeux. Je crois que je ressens la même envie. Je vois ses lèvres frémir, s’approcher des miennes. Un rien nous sépare, nous sommes si proches à présent. Mon esprit me hurle de rester en arrière, de ne pas faire cette erreur. Pour moi ce n’en est pas une. Le vent qui s’engouffre sadiquement dans mes cheveux balaye mes doutes. Je ressens la même chose, le même besoin. N’était je pas ce que je m’étais promis ? Les inconnus. Toujours mieux. Mon regard se porte sur son visage, comme pour occuper ce laps de temps décisif, mais qui me semble si long. Ses traits sont doux, rassurants. On a envie de parcourir du doigt son nez aquilin, ses petites fossettes enfantines, le creux de ses lèves. Tout cela semble tellement fin, tellement parfait. C’est irréel.

Je reporte mon attention sur ses yeux. Quelque chose me surprend. La flamme ne brille plus. Pourquoi ? Son visage est crispé comme… déçu. Mes yeux se voilent, j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de mal. La magie se brise, il recule et je fais de même. Il semble désolé. Désolé de quoi ? Je ne sais pourquoi, un brin de colère anime mes yeux. Ce qui me fait penser à Aaron. Quand on s’engueulait, et que je lui faisais la gueule, il arrivait toujours à nous réconcilier avec une simple phrase qui me faisait perdre tout mon sérieux.

« Tu es tellement belle quand tu es en colère… »

Cette phrase me faisait fondre, et je ne pouvais le bouder plus longtemps. Mais là j’étais mal. Je me mordais les lèvres d’un air coupable, et fuyais des yeux, cherchant une échappatoire. J’avais gâché cette illusion merveilleuse, presque parfaite. Je serrais le poing, si fort que les jointures de mes doigts blanchirent. Je me retournais vers lui avec fougue, une flamme sauvage dansait dans mes prunelles. Nous étions encore plus proche que tout à l’heure, et l’on aurait pus croire que nos cils allaient se toucher. Dans ses yeux luisait la désolation, un peu de culpabilité. Dans les miens luisait la frustration et la fougue qu’était mon personnage. Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais je savais que ça allait être explosif.

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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptyJeu 4 Oct - 21:11

Je recule légèrement mon visage du sien, et elle m’imite, mettant ainsi entre nous deux une distance respectable. Elle semble frustrée, peut-être aussi un peu déçue. Je crois déceler une pointe de colère dans ses yeux, aussi. Elle tourne la tête, refusant de laisser son regard s’attarder sur mon visage une seconde de plus. Elle se mord la lèvre, comme si elle se sent coupable qu’il ne se soit rien produit. Elle aussi en avait envie ? Autant que moi ? Pour les même raisons ? A-t-elle ressentit la même chose que moi ? Peut-être, ou peut-être pas. Trop de questions sans réponses, en réalité. Je l’ai déçue, je crois. Je m’en veux. J’aurais dû m’en rendre compte. Mais la magie a été rompue, et je ne peux pas revenir en arrière pour rectifier le tir. Je regarde ses lèvres qui me narguent, mais rendues inaccessibles par la force de la raison. Ces lèvres dont je veux connaitre le goût. Je me sens con, assis dans cette ruelle ou la nuit et le froid règneront en maîtres jusqu’au lever du Soleil.

Je la regarde, voyant les jointures de ses doigts blanchir sous la pression qu’elle exerce avec ses poings serrés. Je ne sais pas à quoi elle pense, ni ce qu’elle ressent. Ni ce dont elle a envie, là, maintenant. J’ai l’impression qu’elle a oubliée d’avoir froid – en tout cas, je ne sens plus sa peau frémir sous le contact de mes doigts. Ou qu’alors, mon bras passé autour de ses épaules a fini par réchauffer son corps qui me parait si frêle et si fragile. Elle est énervée. Peut-être que elle aussi, se sent un peu coupable.

Il faut que j’agisse tout de suite, je ne peux pas rester là comme un abruti sans rien dire ou sans rien faire. Allez Ethan ! Tout cela ne te ressemble pas, toi qui a pour habitude de prendre les choses en main ! Noa se retourne vers moi, une lueur sauvage et flamboyante dans les yeux, approchant son visage du mien encore plus qu’il ne l’avait jamais été. Cette fille a du caractère, peut-être même le même que moi. C’est le genre de fille que ça ne dérange pas de sortir avec des inconnus, de boire, de se droguer et de sortir tard le soir jusqu’à ce que son corps ne le supporte plus. Elle ne respecte pas plus les règles que moi. On va bien s’entendre, je crois. Je souris. Un sourire charmeur, une fois de plus. Il y a des gens que ça énervent, d’autre que ça rend fous. Ou les deux.

Au bout d’un moment, Ethan, il faut arrêter de réfléchir et agir. Tu verras, ça t’aideras, parfois.

C’était la phrase que m’avait dite ma mère, il y a déjà quelques années. Lorsqu’elle était encore là. Lorsqu’elle pouvait encore me soutenir quand j’allais mal. Me prendre dans ses bras quand j’étais gamin. Me défendre face à mon père. Une phrase qu’elle avait prononcée en souriant, et en déposant un baiser sur mon front.

Au bout d’un moment, Ethan, il faut arrêter de réfléchir et agir. Tu verras, ça t’aideras, parfois.

Je vais le faire, alors. Je vais arrêter de réfléchir, et je vais agir. On verra bien. De toute façon, je sais bien que l’alcool altère toujours mes raisonnements et que je ne suis pas encore tout à fait dans un état normal. Tant pis. Je passe ma main gauche derrière la tête de Noa, et je réduis une bonne fois pour toute la distance séparant nos lèvres.


Dernière édition par Ethan Collins le Sam 20 Oct - 20:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptyJeu 18 Oct - 21:50

C’était trop beau. Il passa sa main derrière ma nuque, comme pour m’emprisonner contre lui, et m’embrassa. Mon cœur s’affola dans ma poitrine, je goutais pour la première fois à cette bouche tant désirée. Il était doux, fébrile lui aussi. Je fermais les yeux, savourant cet instant merveilleux. Ses doigts tendres caressaient mes cheveux sombres, et je sentais pleinement son parfum. Indéfinissable comme marque, mais il sentait merveilleusement bon. Tout d’un coup mes paupières s’ouvrirent, presque brutalement. Un flash traversa mon esprit, et je me séparais de ses lèvres. Les poils de ma peau hérissèrent, je sentais le froid pénétrer en moi. Pourtant, tout mon esprit était accaparé par bien d’autres choses.

Je me levais, créant une barrière entre nous. Dans ses yeux verdoyants je lisais tout un dialecte. Celui d’un autre. Le tien. Je ne pouvais pas l’oublier.
J’ai essayé de t’appeler dans notre monde. Bien que tu te sois livré, corps et âme, peut être même a cause de cela, je te voyais un peu plus chaque jour reculer vers le passé, vers un abîme. Il n’y avait pas de passerelle pour franchir le gouffre. Simplement ta volonté. Il n’y avait plus rien derrière toi, que la mort. Reviens, Noa, reviens. Reviens-moi.

Je ne pouvais pas. Il fallait que je résiste. Tant bien que mal. Il fallait que je lui résiste. Je me retournais, dos à lui. Les larmes mouillèrent mes yeux, d’abord quelques gouttes puis un flot intarissable. Tout mon corps était agité de soubresaut, je serrai les dents, mordant mes lèvres pour cesser de bouger. Enfin les larmes cessèrent de rouler contre mes joues froides. Je ne les essuyais même pas, peu m’importais. J’avais, secrètement, envie qu’il se lève, me prenne par la taille, m’embrasse. Mais au fond de moi-même je savais que je ne pourrais plus résister bien longtemps. Mes nerfs s’affolaient là haut, dans mon crâne chevelu. Mes dents grincèrent, m’arrachant un sursaut. Je fermais quelques instants les yeux, titubais, les rouvrais et m’appuyais vaguement sur le mur. Je sentais son regard brûler mon dos, ma silhouette au halo brumeux. Sans pouvoir résister davantage, je tournais la tête à demi, le visage empli de larmes, pour le contempler. Mes prunelles, avides, le scrutèrent dans les moindres détails. Résiste-moi.

Sa bouche fermée, nacrée par le froid et le sang retiré, était comme l’ourlet d’un coquillage fragile. Ses paupières étaient deux longues feuilles lasses dont les lignes des cils semblaient pouvoir toucher ses joues quand il fermait les yeux. Son nez était mince, droit, aquilin. Ses cheveux d’un jais contrasté semblaient colorés d’une faible lueur bleutée. Ils entouraient sa tête de courtes ondulations aux reflets de la brume qui cachaient en partie le front et les joues, ne laissant apparaître des oreilles que le lobe de celle de gauche, comme un pétale au creux d’une boucle. Il était beau, sublime même. Mon cœur recommença à s’agiter dans ma poitrine, m’entrainant vers lui. Je retournais ma tête, ma nuque craqua. Je me forçais de faire un pas devant l’autre, m’enfonçant peu à peu dans la brume en titubant. Puis je m’arrêtais, net. La passion brûla mes yeux et mes lèvres jusqu’à les faire pleurer, je me retournais, vive. Je pouvais encore distinguer sa silhouette. Dans un élan de lucidité, je courrais le rejoindre, l’enlaçais fougueusement et l’embrassais à mon tour.
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MessageSujet: Re: Sueurs glacées ~   Sueurs glacées ~ EmptySam 20 Oct - 18:18

Mes lèvres se pressent contre les siennes. J’ai l’impression d’entendre son cœur s’emballer au creux de sa poitrine alors qu’elle passe ses doigts fins derrière ma nuque. Mais soudain, Noa s’écarte, les yeux écarquillés. Elle tremble un instant alors que je fronce les sourcils d’incompréhension. J’ouvre la bouche pour dire quelque chose, m’excuser, mais elle se redresse d’un bond, comme si mes doigts sur sa peau, mon souffle dans son cou, l’avait brûlée. Nos yeux se croisent. Les siens luisent d’horreur je crois, alors que les miens brillent de culpabilité et d’un peu de déception. Elle se retourne, mais j’ai le temps d’apercevoir une larme au coin de son œil. Je demande :

- Noa ?

Je l’entend pleurer à chaudes larmes. Qu’est-ce que j’ai fait ? Es-ce seulement de ma faute ? Elle fuit mon regard, et je vois son corps trembler. Elle semble tenter d’arrêter ces soubresauts, et finit par se calmer un peu. Je ne comprends pas. Ai-je fais une erreur ? Putain, mais qu’est-ce qui se passe ?! La brume qui règne dans la ruelle donne un aspect fantomatique à sa silhouette, comme si tout cela n’est qu’une pure illusion, un tour que mes yeux me jouent. Et pourtant, elle est là. Si loin, trop loin. Je l’ai faite pleurer, et je ne sais même pas pourquoi. Et pourtant je m’en veux, je crois que c’est à cause de moi. Elle prend appui sur le mur froid et humide avec son bras, toujours dos à moi. Je me redresse, ne sachant comment réagir. Aller la voir, la prendre dans mes bras ? Non, elle me fuit. Alors quoi ? Dire quelque chose de banal pour la faire revenir, pour essayer de comprendre ? Mais à quoi bon ?

Elle se tourne légèrement vers moi, le visage ruisselant de larmes. Je ne sais pas quoi faire, pas quoi dire. Je me mords la lèvre et la regarde, alors que son magnifique visage est si loin de moi à présent. Elle me dévisage, comme un fruit interdit dans lequel elle a peur de mordre. Elle me fait penser à ma mère. Elle possède les mêmes yeux si expressifs, dans lesquels on peut y lire tous les sentiments du monde. Elle a le même visage, si parfait. La même bouche si attirante. Ma lèvre inférieure tremble, le froid commence à mordre ma peau en s’infiltrant entre mes vêtements. Je voudrai qu’elle revienne. Je voudrai comprendre, comprendre pourquoi elle pleure. Je voudrai la serrer de nouveau contre moi pour qu’elle cesse de trembler.

Mais elle abandonne mon regard, tournant la tête dans la direction opposée. Elle essaie de marcher, de s’éloigner. Je fais un pas dans sa direction, fronçant les sourcils. Un autre. Elle s’enfonce encore plus dans la brume, et ne va même pas au bon endroit. Le chemin qu’elle emprunte l’emmènera au fond de la ruelle, et non pas vers la ville.

- Noa !

Elle s’arrête. Je ne sais pas si c’est parce qu’elle se rend compte de son erreur, ou parce qu’elle m’a entendue. Ou parce qu’elle n’arrive même plus à marcher. Elle se retourne vers moi soudainement, mais je n’arrive plus à distinguer les traits de son visage. Mais finalement, elle se précipite vers moi, enroule ses bras autour de mon cou et finit par presser ses lèvres contre les miennes avec ardeur. J’emprisonne sa taille avec mes mains tout en répondant à son baiser, alors que je la pousse doucement contre le mur de manière à ce que, cette fois, elle ne s’enfuie plus. Ses lèvres ont le goût de ses larmes, légèrement salées. Après quelques instants, je recule un peu mon visage du sien et plonge mes yeux émeraude dans les siens. Je sens son souffle irrégulier contre ma gorge, ou de nouveau, une douleur se met à pulser. Maudite cicatrice. Maudit père. Maudite vie. Je respire l’odeur de la jeune fille. Une odeur dont je ne me lasserai jamais, je crois. Je remonte son visage vers moi avec ma main et essuie une larme silencieuse qui coule sur sa joue à l’aide de mon pouce.

- Qu’est-ce qu’il s’est passé, Noa ?

Je l’embrasse à nouveau avant de me reculer et attend sa réponse.
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