« STRONGLY BE TIPSY »
CAMERON WAYNE FEAT. RUBY WOLNICK

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« The hell am I doing here? »

SON VERRE LAISSA SUR LE COMPTOIR DU BAR UN CERCLE DE GOUTTELETTES FROIDES. Sous ses doigts, la surface translucide était fraiche et légèrement glissante. Quelqu'un de naturellement empoté aurait assurément échappé ce verre. Il le porta à ses lèvres, ferma les yeux, et après un court instant, pris finalement une longue gorgé. Le liquide coloré rouge vif glissa sur sa langue jusqu'à couler dans sa gorge. Il senti la chaleur produite par l'alcool se diffuser dans sa poitrine. Il déposa son verra en le faisant claquer sur le bois du comptoir et grimaça. Ce truc avait un goût infect. C'était la première fois -mais clairement la dernière- qu'il acceptait qu'un de ses amis commande pour lui sans prendre le soin de demander ce qu'il voulait. Il jeta un furtif coup d'œil au barman. Ce dernier observait Cameron avait une petite lueur amusée dans les yeux À coup sûr, il avait remarqué sa grimace après avoir avalé une gorgé de sa consommation et il l'avait trouvée cocasse. Le Beethoven grommela quelques mots incompréhensibles avant de reprendre son verra. Il le souleva et le fixa avec hésitation. Peu importe ce que c'était, ça goûtait l'horreur. Mais... Passer pour une chochotte incapable de finir sa boisson? Non, merci! Il inspira un bon coup et bu le reste de son verre en trois secondes.

Il toussota, l'horrible goût de sa consommation sur la langue. Il secoua la tête. Plus jamais, non, plus jamais. Il se tourna un moment vers le plancher de danse. Après un bref survole des jeunes occupants la pièce, il repéra le type avec qui il était venu dans cet enfer. C'était un ami comme un autre, un copain bien banal. Vous savez, le genre pas important qui n'a rien de spécial. Le type facilement remplaçable. Pas du genre bouche-trou, simplement normal. Banal, tout simplement. Et ce camarde bien ordinaire avait traîné Cameron jusqu'ici en argumentant que c'était mieux que rien faire et que c'était l'endroit parfait pour faire des rencontres -il ne précisa pas des rencontres féminines, mais le guitariste l'avait deviné au sourire qu'il avait fait. Et justement, ce super copain était en compagnie de deux filles plutôt légèrement habillées qui se pavanaient littéralement devant lui. Cameron se demanda bien ce qu'elles pouvaient trouver à un simple blondinet qui ne savait rien faire d'autre qui frimer. Il soupira et se retourna vers le bar. Son verre vide avait disparut, ramassé alors qu'il était de dos. Il fit signe au barman pour commander autre chose.

Un instant plus tard, on déposa devant lui une simple bouteille de bière. Un quartier de lime était accroché au goulot; il la retira. Il saisit aussitôt sa boisson et pris quelques rapides gorgés. Son regard se perdit sur les ranger de verres et de bouteilles de toute sorte qui occupaient les tablettes suspendues au mur derrière le comptoir. La musique, qui n'était en fait qu'un simple rythme sans paroles, battait à ses oreilles faisant vibrer ses tympans. Tout autour de lui, le monde grouillait d'activité. Il entendait des rires et des cris, il voyait des adolescents danser et boire et sentait l'odeur de l'alcool si forte qu'elle semblait vouloir affaiblir ses sens. Pourtant, Cameron s'ennuyait. Les sorties de ce genre, ce n'était pas son style. Surtout qu'ici, il y avait des filles partout et elles étaient presque toute là pour repartir avec un mec. Et seigneur qu'il détestait se faire coller par des femmes en chaleur qui puaient la weed et l'alcool à plein nez. Après quelques tours dans cet endroit qu'il n'aimait toujours pas, il avait pris l'habitude de rester au bar: les filles venaient moins par là, elles préféraient le dancefloor où les types vantards adoraient flirter de tous les bords et de tous les côtés. Le guitariste se demanda pour quelles raisons il continuait de venir ici.

Il prit une nouvelle gorgé de sa bière avant de déposer sa bouteille sur la surface du comptoir. Il fit tourner sa bouteille entre ses doigts pour passer le temps. Elle faisait une espèce de grincement grave et étouffé sur le bois lisse et huilé. Peut-être était-ce parce qu'il n'avait absolument rien à faire ou encore parce que son esprit partait peu à peu ou bien ces deux raisons, mais il resta ainsi à faire tourner sa bouteille pendant de longues minutes. Quelqu'un à sa droite l'accrocha. Une voix féminine qui sonnait comme ensommeillé ou quelque chose du genre s'excusa plusieurs fois. Agacé par ces répétitions -et croyant qu'il s'agissait d'une technique de plus pour l'aborder- il se retourna en réprimant un grondement. Aussitôt, la jeune fille arrêta sa jérémiade. Ses yeux s'écarquillèrent et elle fut, sembla-t-il, être prise de panique. Elle ouvrit la bouche et sembla bredouiller quelque chose avant de crier finalement son nom -au jeune homme. Ce dernier plissa les yeux et l'un de ses sourcils se souleva. Après un moment d'hésitation - et de réflexion-, il finit par trouver un truc quelconque à répondre.

« Euh... On s'connait? » articula-t-il en la pointant du doigt -sa main formant la silhouette d'un revolver. « T'es qui, c'quoi ton nom? » ajouta-t-il sans laisser le temps à la jeune fille de répondre à sa première question.

Il lui jeta un regard suspicieux. En l'observant un peu plus, il crut déjà l'avoir vu à l'Académie. Mais sa mémoire s'arrêta là, refusant de chercher plus que ça. Et bah tant pis.