Winter -014-015 - Pear, Spark & Lastie
 
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Lexy McKinon
Lexy McKinon
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MessageSujet: We all know why I post here...   We all know why I post here... EmptyLun 26 Aoû - 16:53


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Je suis là, au bord de l'abîme, et je n'ai qu'une seule pensée : c'est dommage. Je suis sortie il y a pas longtemps. C'est dommage. Beaucoup de gens me disent que c'est passé, que je me souviens, que je ne les entends plus, que c'est pas grave. Je dis oui, et je souris. C'est dommage. S'ils savaient... Ils discuteraient moins, passeraient moins de temps à venir me voir, économiseraient leur argent et leur salive. C'est dommage. Je les aime bien, je ne veux pas qu'ils soient tristes. C'est dommage. Ils vont être tristes de toute façon, c'est leur faute, à eux. C'est dommage. Je n'ai rien demandé... Ils ne savent pas, et je ne peux pas leur dire. C'est dommage.

Je ne me sentais pas différente, au début. Un petit peu plus active que d'habitude, avec des sensations plus précises, des sentiments plus forts. Je me sentais forte, vivante, juste... heureuse. Léana me disait quoi faire pour le boulot, c'était une pro, j'ai eu deux promotions. Léana me félicitait, me poussait à aller plus loin, à tenter le coup. D'autres fois, c'était l'écureuil. J'aurai jamais pensé qu'un écureuil pouvait parler ! L'écureuil que ma petite sœur m'avait donné avant d'aller mourir à l'hôpital. L'écureuil était très gentil. Il me disait des paroles rassurantes, me calmait dans mes angoisses, me guidait à travers la vie quotidienne. Des fois, il était très méchant. Il m'obligeait à prendre une allumette, et à me brûler. Il disait que j'étais vilaine, que je devais me punir. Mais après il me guérissait, il disait que c'était pas grave. Il me réconfortait, alors je lui obéissais. Il n'aimait pas le chat. J'ai tué le chat. Quand j'étais avec Andy, c'est Pamela qui venait. Elle savait s'y prendre. Elle me le répétait sans cesse. Elle me disait que je devais regarder et apprendre. Alors je la laissait faire. Je voyais parfaitement qu'elle gérait la situation, alors je lui laissais le contrôle, pour elle, pour Andy. Surtout pour Andy.

Mais un jour, Pamela a dit que c'était plus possible. Elle s'est fâchée, et elle a essayé d'étrangler Andy. Mais il s'est défendu, et il a réussi à partir. L'écureuil a dit que je devais le poursuivre, mais je n'ai rien fait. Léana aussi est venue, ils essayaient tous de l'arrêter. Mais moi, toute seule, je restait là, incapable de bouger. J'aurai dû le rattraper. Il a prévenu quelqu'un. Forcément, si votre petite amie essaye de vous étrangler, vous appelez quelqu'un pour vous aider. Ils sont venus. Ils ne ressemblaient pas à des policiers, des pompiers. Ils étaient habillés en blanc et bleu, avec des gants et des lunettes de verre sur le front. Ils m'ont posés beaucoup de questions. Des questions simples, qu'est-ce que j'avais mangé au petit déjeuner, comment s'appelaient mes voisins. Et aussi des questions bizarres, si je me sentais mal parfois, où était mon chat, pourquoi j'avais étranglé Andy... Là, ils m'ont tous aidés. Léana me chuchotait les réponses, l'écureuil faisait en sorte que mon corps ne tremble pas, et Pamela donnait les expressions naturelles de l'innocence à mon visage. Ils m'ont bien aidés. Mais ça n'a pas suffit. Je me suis crue tranquille, pendant 4 jours. Pamela, Léana et l'écureuil me félicitaient, ils était particulièrement gentils. Ils me cajolaient, me nourrissaient, me choyaient... C'était bien.

Mais ils sont revenus. Ils avaient changés leur vêtements, mais leurs visages étaient toujours les mêmes. Ils m'ont dit qu'ils devaient faire un tout petit examen, juste pour vérifier mes poumons, parce qu'ils avaient vu que ma respiration était un peu trop courte. J'y suis allée. Léana, Pamela et l'écureuil ont dit que je ne craignais rien, c'était juste médical, avec un peu de chance, on me permettrait en fait de vivre plus longtemps. Je suis entrée dans l'hôpital souriante, épanouie, tranquille. J'ai mis 6 ans à en ressortir.

Ils sont arrivés, et m'ont mis dans une chambre, en disant que ce ne serait pas long, juste pour préparer le scanner. Ils ne sont pas venus. Le temps passait, ils ne venaient pas. J'attendais, assise par terre. Léana s'est inquiétée, mais l'écureuil l'a rassurée. A un moment, Pamela s'est mise à hurler, alors ils sont venus, et ils m'ont posés beaucoup de questions. Pamela, l'écureuil et Léana répondaient à tour de rôle, mais ils ne parvenaient pas à dissiper leur inquiétude. Alors ils m'ont piégés. Pamela parlait, lorsqu'ils lui ont demandés comment elle s'appelait. Elle a répondu Pamela, puis s'est collée précipitamment la main sur la bouche en disant non, non... Alors que l'écureuil s'énervait, ils m'ont fait une piqûre, pour aller dans une autre chambre. Là, les murs étaient très épais, et tout mous, sauf à un endroit. Il y avait une vitre solide, incassable, un miroir, qui me renvoyait mon reflet. Je ne suis pas stupide. Ils me regardaient au travers du miroir.

Au début, il n'y a pas eu de médicaments. Juste de la nourriture, beaucoup de nourriture, très bonne, goûteuse, fondante et cuisinée à la perfection. C'est vrai qu'avec tout le travail que Léana me donnait, j'oubliais de manger. Je réchauffais parfois une pizza. L'écureuil adorait les pizzas, mais Pamela les détestait. Elle parlait sans cesse de régime, pour garder la ligne. Elle n'a pas apprécié qu'ils me fassent à manger. Elle disait qu'ils me manipulaient, pour me mettre en confiance. Je savais qu'elle avait raison. Mais je mangeais quand même.

J'avais perdu la notion du temps, mais je me souviens parfaitement du jour où les pilules sont arrivées. Un homme que je n'avais jamais vu est venu. Il ne portait pas de blouse blanche, comme les autres, mais une chemise bleue à carreaux, avec une cravate. Il m'a dit qu'il s'appelait Erik. Que j'avais une maladie dans la tête, qui avait un nom bizarre, très long, difficile à retenir. Qu'il savait qu'il y avait des voix dans ma tête. Que je devrais lui parler des voix, qu'il m'aiderait avec elles. Que pour l'instant, je devais prendre ça, et qu'après il me laisserait me laver. Qu'il prendrait mes vêtements, et m'en donnerait des neufs. Devant mon air affolé, il m'a assuré que je pourrais garder ma statuette d'écureuil. Et ça a commencé.

Je lui ai parlé. Les médicaments empêchaient les voix de parler, mais je sentais leur colère, tout au fond. J'ai quand même parlé. De Léana, de son professionnalise, ses réactions instantanées, ses sourires parfaits. De l'écureuil, de son rôle de dieu, la façon dont il prenait soin de moi, dont il me punissait. De Pamela, de son attitude avec Andy, ses crises d’agressivité. Il a écouté longtemps, sans rien dire. Puis il m'a expliqué que chaque personnage était une part de moi. Léana était mon envie de bien faire, et ma sociabilité. L'écureuil était ma culpabilité et ma peur du monde extérieur. Enfin, Pamela était mon amour et ma colère. Ils étaient mon moi entier. Sans eux, je n'étais rien.

La première phase du traitement a duré longtemps. Erik a dit 4 ans. Difficile de savoir, avec pour seul repère une lampe allumée le jour et éteinte la nuit. La période la plus longue, disent les spécialistes. Les voix résistent aux pilules, et elles sont furieuses. Ils ne peuvent pas donner les mêmes pilules que le premier jour, celles qui jugulent tout. Elles abîmeraient le cerveau. Les voix se sentent prisonnières. Alors elles essayent de déchirer le corps qu'elles habitent. Mon corps a commencé à se projeter sur les murs pour essayer de se tuer. J'ai assistée, pendant 4 ans, comme un fantôme, au spectacle de mon corps. Je le voyais agir, impuissante, vide, absente. Les émotions disparaissaient avec les voix. Je n'étais rien. J'attendais que ça s'arrête. J'entendais les voix qui, désespérées, gémissaient en se cognant aux murs capitonnés. J'étais au-dessus de mon corps, et je le voyais se mouvoir comme une étrangère regarde un scarabée bouger dans l'herbe. Aucune émotion. Rien que l'observation de la détérioration de cette enveloppe charnelle qui m'avait fait vivre.

Les pilules ont fini par faire effet. Les tremblements, les coups, les scarifications, les hurlements ont cessés. A la fin, seule Pamela grognait encore de temps en temps. Puis tout s'est arrêté. J'étais seule. Ils m'ont mis dans un autre endroit, plein de gens à peine sortis de la folie. Je devais me réadapter à vivre, comme disaient les médecins. Ça marchait avec les autres. Ils redevenaient normaux, et sortaient, libres. Pas moi. Rien ne changeait. Et je restait là, impuissante. J'ai compris que si je voulais m'en aller, il fallait faire semblant. Faire semblant d'être normale. Alors je me suis piqué les doigts pour prendre mon sang et colorer mes joues, le matin, comme si j'allais bien. Je riais quand il fallait rire, devant les films, quand les autres faisaient des blagues. Je pleurais quand il fallait pleurer. Je mangeais, je faisais du sport, je sympathisais, j'agissais comme une vraie personne. Et je suis sortie.

Je suis là, au bord de l'abîme, et je suis vide. Depuis que Léana, l'écureuil et Pamela sont partis, je suis seule, je ne suis rien. Ils étaient ma personnalité, mes émotions, mes sentiments, ma conscience, ma vie. Elles ont été détruites par les médicaments, et depuis, je ne ressens plus rien. Mon toucher, mon goût, ma vue, mon ouïe et mon odorat sont vides. Ils ne servent à rien. Mon regard part dans la vague, les sons n'arrivent pas à mes oreilles, les odeurs ne m'effleurent, le sol sous mes pieds est inconsistant, les aliments sont dérisoires. Les voix ont été sortis de moi par la force. Elles peuvent peut-être revenir. Peut-être.

J'avance un pied, puis un autre. Je sens mon corps basculer dans le vide. Les voix vont se réveiller. Je les sens sortir d'un long sommeil. Je les sens dans ma chair, je suis heureuse. Je me sens entière. Je ferme les yeux, tranquille, et me roule en boule. La chute est longue. Je peux sentir le vent sur mon dos, mes cheveux qui s'emmêlent, l'adrénaline qui court dans mes vaisseaux sanguins, la peur qui me contracte l'estomac. Je me sens vivante. C'est mon genou qui touche en premier le sol caillouteux. Je peux quasiment voir, les yeux clos, les veines éclater, les os se fendre, la chair se déchirer, les nerfs grésiller. Je me délecte de toutes ces sensations. Les voix me chuchotent des paroles rassurantes, alors que la douleur se répand dans tous mon corps. Et je disparaît, juste le temps d'un souffle.


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