Bruit des roues. Paysage qui tourne. Je me lève. Marche. Ma chambre a arrêté de tourner autour de moi. C'est prouvé, je ne ressens plus de vertige. J'ai toujours voulu vérifier ce que j'avais lu sur internet. Si c'était vrai qu'au bout d'un moment, à force de faire des tours, les danseurs de classique n'avait plus le tournis. C'est chose faite. Après de nombreux tours sur ma chaise, rien. Une chance que j'ai une chambre individuelle. Plus de confort, pas de regards. Liberté.
Dimanche. Dernier jour de week-end avant le début des cours. Faut que je bouge, je profite. Direction l'armoire. Mes vêtements bien rangés, un choc. Mais plus pour longtemps. Les matins pressés vont revenir. Le bordel aussi. Je n'avais jamais été bien organisée. Annie, notre domestique passait toujours après moi. Ça me faisait mal au cœur de la voir faire une chose que j'aurais dû faire moi. Je suis seule maintenant. Faudra que j'apprenne à ranger.
Je lâche un soupir. Mes yeux parcourent mes pantalons. Bleus, rouges, blancs, noirs, à motif. J'opte pour un legging noir, tout simple. J'enfile un débardeur de la même couleur ainsi qu'un pull gris me descendant jusqu'au haut de mes cuisses. Manque plus que les chaussures. Mes low-boots noires seront parfaites. J'attrape mon caban long et sort de ma chambre. Direction : un coin tranquille.
Dehors, le vent frais me mord le visage. Je presse le pas, mes talons claquant sur le sol, à la recherche d'un endroit où cet ennemi invisible n'est pas là. Mes jambes me mènent vers les jardins. Chemin de graviers, plantes avec et sans fleurs, pelouse verte parfaitement tondue. Cette école ne faisait pas les choses à moitié.
Je vois les gens parler, rire, marcher. Toujours à plusieurs. Ça me fait mal de constater à quel point je suis seule ici. Dans mon ancien lycée, j'étais toujours entourée de mes amies, invitée à rejoindre des groupes lorsque j'étais seule. Il arrivait que cela m'énerve. Maintenant je regrette quelque peu. Deuxième soupir.
Le chemin se divise. Un qui continue tout droit et un autre plutôt sinueux qui menait auprès de buis parfaitement taillés. Mon choix se porte vers ce dernier.
Après plusieurs minutes, j'arrive dans une sorte de... bulle. C'est le moins qu'on puisse dire. En retrait, silencieux, un banc. Et une fille. Seule. Blonde des yeux bleus, un air calme. Son regard se pose sur moi.
« Salut ! »
Léger accent anglais. Encore et toujours. Je veux parler un français parfait. Troisième soupir.
Je me pose sur le banc, à côté de la fille. Sans même lui demander.
Et mrde. Toujours la même.
« Je te dérange pas au moins ? »
J'aurais dû lui poser la question
avant de m'asseoir.
« Always awkward. »