Petit malentendu

featuring Emma

La journée avait très mal commencé pour moi. Comme toujours, en fait. J'avais eu la poisse depuis ma naissance, un peu comme une malédiction. C'est après un cauchemar que je me suis réveillée, haletante, en sueur -c'était bien agréable...-, et par terre. Ce cauchemar ? Juste quelque chose de stupide. Xander qui se faisait kidnapper par des abrutis de mecs en costard, n'ayant rien d'autre à faire que par m'enfermer dans une cellule de prison inhabitée. Non mais sérieux, c'est quoi ce rêve de gamin ?! J'en ai tremblé un bon moment et j'ai stalké mon meilleur ami de messages ! Bref, c'est ce qui m'a foutu en rogne dès le réveil.

Me levant, j'ai direct enfilé un short -oui, par ce temps-, et un débardeur bien pratique pour le sport. J'ai noué mes cheveux en une haute couette, après la douche bien évidemment, et j'ai mis mes plus belles baskets de sport. Suite à cela, j'ai cherché pendant une bonne heure mes gants de boxe qui finalement étaient rangés sous le lit. Le désordre m'ayant arraché des cris d'énervement, j'ai claqué ma porte de chambre et j'ai limite couru dans les escaliers pour sortir de ce bâtiment trop confortable à mon goût. Je ne cache pas que, oui, certains regards m'ont été lancés. En même temps, qui est la seule imbécile du lycée à se balader comme ça devant des mecs qui n'avaient pas vu de paires de jambes depuis l'été ? Je me suis fait d'ailleurs dragué par un mec que j'ai gentiment repoussé par une claque, pas assez forte cependant pour l'humilier.

J'ai ensuite quitté au pas de course les dortoirs pour me diriger vers celui de sport, notamment la salle de musculation. Ouais, j'avais froid. Et à peine arrivée dans la salle je remarquais que j'avais oublié de remettre ma mitaine. Ma main était à la vue de tous, à l'air libre depuis le début. Je me suis sentie rougir de honte, et les larmes sont venues à moi bien plus vite que je ne l'aurais espéré. C'est d'ailleurs suite à cet épisode que j'ai rapidement installé le punching-ball et enfilé mes gants rouges, que l'on m'avait offert au club illégal à Nantes.

Cela fait maintenant trente minutes que je frappe, déconcentrée, ayant perdu un peu d'agilité à force de ne plus m'entraîner. J'ai raté ma cible quelques fois, me suis pris le sac dans la figure, m'arrachant juste un cri de rage en plus des autres, et une chute sur les fesses. Je suis désormais assise par terre, soupirant, sanglotant et reniflant. Rien de bien sexy, je vous l'accorde. Je parviens tout de même à me calmer, et j'arrache les gants pour masser mon poignet douloureux, pour cause que j'avais oublié de m'échauffer. Si Max me voyait dans cet état, il hurlerait et me mettrait bien une ou deux baffes pour me remettre dans le droit chemin. Je commence à être nostalgique, et les brutes du club me manquent beaucoup. Est-ce l'arrivée de Xand quelques jours ou bien semaines plus tôt -j'ai perdu la notion du temps- qui a fait remonté tous ces souvenirs ?

Je me stoppe alors que je voulais me lever pour frapper, et je me retourne d'un geste brusque, poing en avant. Réflexe : j'arrête mon mouvement à quelques centimètres de la nuque de quelqu'un qui s'est infiltré sans un bruit. Je la fixe, cette grande brune, avec une moue non pas désolée d'avoir failli la blesser mais plutôt une moue qui veut dire que je regrette d'avoir arrêté ainsi mon poing. Je baisse le bras, remets les gants de boxe par sécurité -je refuse qu'elle voit ma main dans son état naturel-, et je recule pour empêcher le sac de bouger encore. Ma voix résonne enfin dans la salle.

-La bombe du lycée qui vient me voir à l'oeuvre, quelle surprise ! Ne me dis pas que tu es venue me servir de punching-ball.

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Petit malentendu

featuring Emma

Son regard brun me déconcerte, comme à chaque fois que je croisais sa silhouette dans les coins de l'académie. Elle ne m'avait peut-être pas remarqué, mais tant pis. Ce n'est pas important. Il est parfois mieux de ne pas s'approcher, comme aujourd'hui d'ailleurs. Je soupire, nerveuse qu'on vienne me déranger pendant un moment pareil. Je hausse les épaules à ses paroles. Je n'ai pas envie de lui répondre, parce que je sais que je pourrais être bien trop violente pour elle. Sauf qu'il va falloir que je le fasse, parce que sinon elle va se casser, et ce ne sera pas drôle. Oui, j'ai vraiment envie de voir cette copieuse de fringues de sport rester un peu, ne serait-ce qu'une heure. Un sourire amusé se tient sur mes lèvres.

Je ne la quitte pas des yeux lorsqu'elle contourne le punching-ball, comme on contournerait quelqu'un sur qui l'on veut sauter. Je crois qu'elle veut me faire peur avec ses jambes d'araignées, son regard de biche et son ventre tout aussi maigre que le mien. En fait, chaque fois que je l'avais entre-aperçu, elle émanait toujours le même sentiment. Les gens étaient charmés bien trop vite par sa beauté ambulante que je ne peux pas supporter. C'est une brune en plus... Grande, brune, des yeux bruns. Madame Bovary numéro 2 tu connais ? Ah, je ris intérieurement, mais je pouffe de rire en réalité face à elle. Je file un coup droit dans le sac de frappe alors qu'elle se situait à côté. Mais avant qu'elle ne se le prenne en pleine face, je l'immobilise en la fixant droit dans les yeux. Ah tu veux vraiment savoir qui je suis ? Tu vas être déçue.

-Appelles-moi comme tu veux, princesse.

Et hop, je lui lance un clin d’œil, fière de moi. Fin', pas complètement pour la simple et bonne raison que je n'ai pas envie qu'elle me dévore, cette tigresse. Elle parait tout de même plus vieille que son âge avec ce maquillage. Est-ce l'impression que je donne quand je m'habille en p'tite lolita gothique ? Je me le demande, tiens, faudrait que je questionne les gens sur ça.

Bon, après cette analyse étrange de la situation et de son physique dément, je contourne l'objet de boxe et je m'approche d'elle. Je pose ma main avec le gant sur son épaule, pour bien la provoquer. Pas longtemps, juste de quoi trouver ce geste insupportable. Je penche légèrement la tête sur le côté et je déclare, d'une joie bizarre :

-Tu sais, je crois que tu mises un peu trop sur ton physique. Même pas d'abdos malgré ton petit ventre, je parie. C'est triste ça.

Je ris, puis je me décale pour frapper le sac d'un coup de pied soudain, violent, juste de quoi provoquer de la surprise et un peu de peur. J'adore faire ça. C'est mon coup préféré, que j'aime utiliser pendant les combats. Oui, bon, on avait le droit aux pieds, c'est vrai... Mais c'était cool ! J'en ai mis KO plus d'un de cette manière. J'espère que ce ne sera pas le cas de la belle demoiselle installée à côté de moi.

-Alors qu'est-ce que tu fous dans la salle de muscu ? Tu ne préfères pas un autre type de sport ?

Eh oui, la provoc' chérie, la provoc'... Il parait que ça marche toujours !

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Petit malentendu

featuring Emma

J'aurais voulu frapper encore et encore face à elle pour qu'elle comprenne la haine que j'ai à ce qu'elle soit là. Je déteste la concurrence, d'habitude je la met en bouillie très rapidement. Mais là, si je lui refait le visage, je vais avoir quelques problèmes alors je ne fais rien. De toute façon à quoi ça va rimer ? Je la provoc', on ne supporte pas être face l'une à l'autre, on partage les mêmes sentiments l'une envers l'autre, c'est obligé. Au fond c'est pas que je la haie, c'est juste qu'elle m'insupporte à être belle, enviée par toutes les filles et tous les garçons de l'académie, ou presque. Moi aussi j'ai des garçons à mes pieds, de toute façon.

Je frappe une nouvelle fois le sac, sans vraiment réfléchir à ce que je fais. les gestes viennent tout seul maintenant. C'est cool. Je lâche un grand sourire mais pas parce qu'elle m'a entendu pleurer -cette pensée me donne envie de faire la grimace et de me cacher- mais parce qu'elle s'éloigne pour aller toucher les autres instruments de torture. Je peux avouer que ça me démange de lui proposer de l'aider à ce servir du matériel de musculation, mais je n'en fais rien. Après tout, si elle est venue là pour faire du sport, c'est qu'elle n'a pas besoin d'aide, pas de la mienne en tout cas. Oui, je suis étonnée de voir qu'elle est seule. Chaque fois que je la vois passer y'a un mec avec elle. Et ça m'irrite profondément, j'ai envie de lui sauter au coup et de piquer une crise de jalousie. Je finis enfin par m'exprimer.

-Je ne te critique pas. Et cherche pas, je ne balancerais pas les problèmes à quelqu'un comme toi, qu'est-ce que tu pourrais bien faire des informations reçues ? Je me le demande.

Je contracte mes muscles et je donner plusieurs coups d'affilée dans le punching ball pour me défouler. J'ai envie de lui hurler de dégager pour que je puisse évacuer mes mauvaises ondes, mais je ne peux pas me permettre de choisir qui a le droit d'entrer ou non dans le gymnase.

Je souffle doucement, pour me détendre un peu plus, et je tourne la tête vers elle et je ne peux pas m'empêcher de répliquer.

-C'est bon cocotte, je vais pas te frapper, ce serait dommage que tu fasses fuir les hommes après tout le mal que tu t'es donné pour les attirer. M'enfin, si tu veux partir je ne t'en empêche pas !

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