Il me demanda si j'avais vraiment cramé une voiture. Il voulait certainement oublier. Oui, comme moi. Je continuais de taper et m'arracha un cri de douleur à cause de mon poignet. Je continuais tout de même à taper dans le sac sans le regarder.

-Oui. Celle de ma mère et mon père. Ce qui nous en fait deux.

Je m'arrachais un sourire satisfait. Ce que j'aimerais lui dire c'est que j'avais fait ça pour qu'ils me payent un billet d'avion. Mais ils ne l'ont pas fait pour autant. Ils avaient compris depuis longtemps que j'étais attirée par Zac, parce qu'aux peu de repas que nous avions en commun je leur parlais de lui, dans l'espoir d'avoir ce que je voulais.

Nouveau cri de douleur. Cette fois je me laisse tomber à genoux au sol, prenant mon poignet blessé de l'autre main. Je le regardais gonfler un peu plus. Il virait au violet, je me l'étais cassé pour de bon. J'm'en fichais je ne voulais qu'une chose. Je savais qu'en souffrant moi-même j'arrivais à avoir ce que je voulais des autres. Là j'voulais être dans ses bras, très certainement. Si jamais il m'ordonnait d'aller à l'infirmerie je dirais non. J'veux vivre comme je suis et ne pas me faire soigner. Si me force à bouger j’emploierais la manière forte et il n'aura pas le choix, il ne pourra pas bouger ni faire aucun geste. J'suis décidée. Oui, j'suis au courant qu'il refuse une relation comme ça mais j'm'en fiche, s'il profite pas de la vie toute suite il s'en voudra certainement, et je ne veux pas ça. J'en ai marre d'attendre le bon jour alors que je brûle de désirs...

Trop tard, les larmes coulent sur mes joues et tombent sur mon horrible poignet.

Elle pousse un cri de douleur, je veux me relever pour l'aider mais elle continua à tapper comme ci de rien n'était et je savais qu'elle ne voudrait pas de mon aide.

-Oui. Celle de ma mère et mon père. Ce qui nous en fait deux.

Je ne savais pas ce qui l'avait poussé à faire ça, je vais le lui demander mais elle pousse un second cri de douleur et tombe à genou, je me précipite vers elle et m'agenouille à côté d'elle, elle à le poignet violet et tout gonflé, surement cassé. Elle pleure, et là je sais que ce n'est pas de son poignet que je dois m'inquièter mais de son coeur. Je viens de le lui briser, jamais elle ne pleurait juste pour son poignet, elle déteste pleurer. Les larmes roulent sur ses joues, les unes après les autres. Je déteste la voir dans cette état et je me déteste de la mettre dans cet état. Je la prends doucement par les épaules et lui dit :

"- On devrait aller soigner ça, d'accord ?"

Je parle de son poignet, parce que pour le coeur, je n'y arriverai pas. Je n'avais pas la force de tenter le coup. Je sais que vous allez me dire que je suis un gars compliqué mais qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ? Je suis amoureux et elle aussi, pourtant, je veux pas qu'on sorte ensemble, je sais que ça peut paraitre completement c*n mais de toute façon, c'est mon problème pas le votre.

"- On devrait aller soigner ça, d'accord ?"

Il m'a prit par les épaules. Je ne sais pas quoi dire, à part que je n'ai pas envie qu'il m'emmène me faire soigner. Je ne manque pas de lui reprocher.

-Ne te soucie pas de ça.

Mon ton était sec et cassant. Les larmes sont toujours présentes et je ne le regarde même pas. J'en ai même pas le courage. J'ai juste envie de continuer de faire de la boxe, sur ce fichu sac. C'est sûr qu'il ne me laissera pas faire, s'étant précipité vers moi. Mon ton ne change pas quand je prononce une autre phrase, plus vexante que la précédente.

-Arrête de faire semblant, c'est tout.

Ma voix se brise. C'est clair que je vais le mettre mal à l'aise... Mais je n'aime pas tourner autour du pot pendant trop longtemps, je préfère cracher la vérité. Je finis pas relever mon regard vers le sien, les larmes moins nombreuses mais toujours présentes. Pourquoi nier tout ça ? Pourquoi il ne veut plus aimer ? Oui, ça me fait mal, surtout pour lui. J'aimerais tellement qu'il oublie tout ce qui l'a blessé dans le passé et qu'il profite de la vie, du présent et du futur. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il refuse de tourner la page s'il ne souhaite pas me faire mal, surtout au cœur. Je finis par détourner le regard.

"- Tu ne peux pas comprendre !"

Non, en effet je ne peux pas. Il parti vers la porte et j'entendis un coup de pied dedans. Apparemment elle était bloquée. A vrai dire ça ne m'arrangeait pas d'être enfermée dans la même pièce que lui. Il ne m'a jamais hurlé dessus. J'ai dû dire ce qu'il ne fallait pas. J'aimerais bien lui envoyer en pleine face que j'avais déjà embrassé son frère quand il avait le dos tourné. Non je ne les avais pas confondu, j'étais bien consciente que c'était lui. Ouais j'me suis gourée en "Premier baiser". J'aurais dû rajouter "Avec Zachary". Chui sûre que si je disais ça maintenant il allait me "tuer". Je continue de pleurer et je peux entendre que lui aussi. Si nous restons comme ça à nous tourner le dos pendant des heures qu'est-ce que ce sera par la suite ?
De main main valide j'essuie mes yeux et me force à me calmer. Il pense tout savoir alors que non, et c'est pareil de mon côté. Nous avons l'air de gros gamins comme ça. Mais nous avons osé nous disputer là dans le Gymnase, tout ça parce que j'ai commencé par l'embrasser ! Je fais une belle abrutie au fond. Tant pis, il faut que ça sorte je lance tout d'un coup, rouvrant la plaie dans mon cœur.

-Tu sais pourquoi je t'aime Zac ? (Je ne m'étais pas retournée, je fixe le mur. ) Non, bien sûr que non tu ne peux pas savoir, tu n'as rien vu. J'ai pas oublié ton frère... (Ma voix se faisait moins forte, presque inaudible pour les derniers mots) Ni ce baiser...

J'ai mal, encore plus qu'au départ. Il avait reconstitué le puzzle, il avait compris que je lui mentait. Que je ne voulais pas le rejoindre lui mais son jumeau, dont je n'avais aucunes nouvelles. Si j'avais embrassé Zachary c'est juste parce qu'il me faisait penser à son jumeau. Je me remets à pleurer. Je l'aime encore son frère, plus que tout même. Et dire que j'avais aussi menti à ma famille...

-Où est... Zachery ?

Oui, je venais de prononcer son nom, en larmes. Je ne brûlais pas de désirs pour Zachary mais pour Zachery. Quand j'ai embrassé Zachary tout à l'heure c'est que je pensais à son jumeau ! J'm'en veux d'être stupide au point de lui avoir menti. Mais la façon dont il a réagi m'a prouvé que lui aussi (Zachery) avait gardé le secret. Peut-être essayait-il de me joindre et rejoindre ? En fait ce n'est pas lui qui aurait dû tourner la page mais moi. Je lui lançais un désolée en me trainant jusqu'au mur pour m'assoir contre celui-ci. Je fermais les yeux sans cesser de pleurer. Il me manque ! Mon poignet me brûle, et mon cœur me pince. Finalement j'aurais dû garder ça pour moi, même si je suis consciente que je n'aurais pas tenu longtemps.

-Pourquoi tu es venu ici... Et pas lui ?!

Je gardais les yeux clos.Pour moi Zachary est comme mon frère, et son jumeau mon "bien-aimé". C'est dur de me souvenir de ce mois, où chaque fois que Zachary filait un moment Zachery et moi parlions de choses qu'ont ne lui disaient pas. Mon dieu... Je n'aurais pas dû penser à tout ça ! Je suis pire qu'une fontaine !
Je ramène mes genoux contre moi et enfouis ma tête dedans le temps de me calmer.

Mes larmes ont fini par se sécher. Heureusement. Mais je ne relevais pas pour autant la tête.

"- Pourquoi vous m'avez jamais dit que vous étiez amoureux ?"

Ouais, ça aussi il devait savoir, maintenant ou jamais. Je me souviens de la scène.

"Eh Rhine ! Cap ou pas Cap de ne pas dire à Zachary on est amoureux ?"
Je lui avait souri. Et surtout répondu "Cap" avant que Zachary n'arrive.

Ouais, c'était un jeu...

-Un jeu.

Répétais-je à voix haut, soufflant pour me calmer et ne pas me remettre à pleurer. J'énonçai alors à Zachary tous les Cap ou pas Cap que nous avons fait. Je relevais la tête doucement et regardai Zac.

-"Cap ou pas Cap de sauter de la falaise jusque dans l'eau Rhine ?". Raison pour laquelle quand tu es revenu j'étais trempée et que j'ai dit "Zachey m'a lancé un verre d'eau à la figure". "Cap ou pas cap de grimper dans l'arbre Zachey ?". "Cap ou pas cap de manger une tablette de chocolat entière Riri ?". "Cap ou pas cap de... M'embrasser Zachery..." (Je baissais les yeux à ce moment là sans les relever ensuite.) "Nous ferons tout pour nous revoir. Cap ou pas cap Riri ?". J'ai dis Cap, et lui ai chuchoté: "Cap ou pas cap de se tuer, dès que l'autre mourras ?".

Je sentis un pincement au cœur. C'était le pire. Il avait répondu Cap sans hésiter, me regardant droit dans les yeux. Je ne sait pas ce qui m'a pris. Je répétais à Zachary la scène quand nous nous sommes promis de ne pas lui dire que nous étions amoureux. Ouais, des jeux, nous ne faisions que ça en secret. Si on souhaitais se revoir c'est pour être sûrs que les deux étaient en vie. Je me souviens que j'avais failli me lancer sous une voiture tellement j'étais inquiète. Mais quelqu'un m'avait retenu de le faire, non pas dans ma tête mais la réalité. Un autre enfant de mon âge dont je n'ai pas pu voir le visage. Mes yeux revinrent se poser sur le visage de Zachary. J'avais peur d'avance, de savoir comment il allait réagir.

Il se rapprocha de moi. La tempête était passée et j'en étais bien heureuse.

"- T'es cap ou t'es pas cap de me promettre quelque chose sans savoir ce que c'est."

Je me lève, face à lui et le regarde. Je prends ma respiration. J'aime pas ces défis quand je ne les connais pas mais je n'en ai refusé aucun, ça ne changeras pas. Je le regarde dans les yeux et déclare:

-Je suis cap Zachary.

Je me suis lancée dans le pire je pense, mais j'm'en fiche. Je m'arrache un léger sourire et continue de regarder ses yeux, attendant qu'il me dise ce que je venais d'accepter. Ouais, il avait décidé de prendre le relai de son frère à ce jeu, le temps que je ne le revoit pas. Cette fois je ne trahirais aucune parole, et si je viens à faire le contraire je serais prête à subir les conséquences.
J'avais un peu peur de ce qu'allait m'annoncer Zachary, je l'avoue. Mais je ne pouvais plus revenir en arrière, étant trop fière et trop loyale pour changer d'avis si vite, et ça il le sait. Je ne renonce devant rien.
J'ai enfin arrêté de pleurer et je souris même légèrement, espérant que lui aussi se mette à sourire maintenant qu'il avait arrêté de pleurer. Je ne pu m'empêcher de passer ma main dans cheveux blonds. Je sais qu'il adore passer sa main dans ceux-ci. J'aime bien ses cheveux, ils sont jamais coiffés et ça lui va bien. Je finis par retirer quand même ma main, parce que je n'avais pas envie qu'il prenne ça pour le geste de trop, surtout que nous étions proches l'un de l'autre en ce moment-même.
J'adore ses yeux aussi, j'pourrais les regarder des heures entières sans rien dire, même si là ce n'était décidément pas le bon moment.
Quand nous sommes l'un à côté de l'autre il est facile de voir la différence de couleur entre nos deux peaux. La mienne est pâle et la sienne bronzée, que je jalouse au fond de moi. Du haut de ses un mètre quatre-vingt huit il était plus grand que moi, qui faisait un mètre soixante-dix facilement et qui pour une fois avait retiré ses talons hauts. Ouais, il avait beaucoup grandi et changé le p'tit Zachary d'autrefois, mais il est toujours aussi mignon, ce n'est pas vous qui allez dire le contraire. J'l'aime beaucoup aussi. Mais c'est comme un frère, je l'ai déjà dit. Quoi que quelquefois mes sentiments dépassent la barre limite quand je pense à lui.