C’est comme un parfum de mélancolie qui monte du fond de mon âme et qui m’emporte loin, loin, très loin. C’est comme un désir enfoui dans mes méandres de mon esprit qui remonte, qui perce la surface et qui s’exprime. Du bout des doigts, je frôle la toile. Je ferme les yeux et laisse la musique des sens m’envahir, je respire la senteur de la peinture, je m’empare d’un pinceau…Et splash…Ça y est, j’ai laissé ma trace. C’est ça, moi. Je vis pour ne pas être oublié. C’est un peu bête. Depuis toujours, c’est ça que je recherche. Mais malgré mes aptitudes et mes prédispositions dans…tout, absolument tout, je me suis rendue compte que ce ne serait pas forcément ça qui me ferait connaître. Puis, peu à peu, le désir de se faire connaître est devenu chimérique et je me suis rendu compte qu’il y avait d’autres manières. Je pouvais laisser ma trace. Ma trace de pas dans le sable, montrer que j’existe.
Je pouvais peindre.
En réalité, je n’ai pas commencé par la peinture…mais bien par le dessin. J’avoue que je ne l’aimais pas du tout, au début. Et contrairement à ce que vous imaginez, je dessinais…manga, tout simplement. Manga, et réaliste au niveau des paysages. Un jour, j’ai eut envie de dessiner des êtres humains qui n’ait pas l’air sortis d’un dessin animé. Et c’est à ce moment là que j’ai commencé à m’extérioriser. Petite, j’étais profondément naïve, préservé dans un cadre de vie agréable.
Mais qu’importe le passé, c’est maintenant que je vis. Je ne l’oublie pas ; je le garde chaudement en moi, pour en rire, en pleurer, et pour que les souvenirs m’aident à regarder en moi. Quant au futur, eh bien, j’ai un petit défaut. J’ai une certaine tendance à me faire des films, à m’imaginer des choses…bon, j’ai besoin de l’imagination pour peindre (je peins rarement sur modèle, à vrai dire), mais elle m’a souvent jouer des vilains tours et de grosses déceptions. J’ai donc apprit à la museler, même si elle m’échappe encore parfois et qu’il m’arrive de passer pour une idiote. Ce n’est pas qu’à cause de ça, que je donne l’air d’une patate profonde, d’ailleurs. C’est aussi grâce à ma mémoire très sélective qui retient uniquement ce qu’elle a envie de retenir. J’ai donc tendance à oublier de faire les taches qui me déplaisent tout en pouvant réciter une heure de cour sans problème. Moi, ça ne me gêne pas vraiment, mais quand je réponds « Ha bon, vraiment ? » avec une surprise non feinte à une affirmation de mon entourage, ils sont passablement agacés. J’avoue qu’il m’arrive parfois de faire semblant, et je suis plutôt bonne comédienne. La flemmardise, vous savez. Mais je n’en suis pas moins quelqu’un de fiable ! Je suis certes un peu chiante, j’aime bien faire la maligne avec des mots savants ou des connaissances que je suis probablement la seule à connaître…référez vous à mon histoire pour ça. Mais ce sont juste des détails. Je fais une amie très fidèle, prête à tout et n’importe quoi pour ses proches. J’adore rire, ou plutôt j’adore faire rire. Je n’hésite pas à me tourner en ridicule si ça peut donner le sourire. Mais bon, dans une certaine limite, tout de même, et je déteste me faire marcher sur les pieds. En faite, je ne suis pas une personne si désagréable, et je suis plutôt apprécié. La danse n’est certes pas mon point fort, mais j’ai une oreille musicale et je connais beaucoup de chant (même si ma voix n’est pas la plus magnifique de l’école). Dans le reste, je suis parmi les meilleurs. Je n’ai aucune intention de me vanter, mais je n’aurais pas pu intégrer l’école si je n’avais pas sauté deux classes, je ne serais pas ici. Bon, j’ai tendance à ne pas accorder ma confiance au premier venu…je suis froide au début, et si je m’entends bien, je m’ouvre. Comme une fleur au soleil, même si la comparaison est trop élogieuse pour parler de moi. Ah, et j’adore faire des remarques ironiques, cyniques ou sarcastiques, ce qui peut me rendre assez difficile à vivre…Sinon, quoi dire d’autres ? Vous verrez bien, en me rencontrant.

12 avril. C’est ma date de naissance. Tout devrait donc commencer à partir de là. Pourtant, non, il y a un passé derrière notre passé. C’est comme l’histoire qui a donné naissance à la toile, qui elle-même raconte une autre histoire.
Mes parents sont étrangers. Ils sont partis de rien, ce sont rentrés pendant leurs études à l’École Polytechnique de Moscou. Polytechnique, oui, rien que ça. Une fois leurs études terminées, – et une belle collection de diplôme dans leur valise – ils sont partis en France. Là-bas, ce fut assez difficile pour eux au début. Vous savez, accent…Et mon père ne parlait pas bien français du tout. Ma mère lui apprenait, et même si mon père parle plus de langue, il fait pas mal de faute à l’oral. Enfin, on arrive à le comprendre, c’est déjà ça. Et puis je le reprends à chaque fois qu’il se trompe. Bon, ensuite, y a la couleur de peau de mon père, qui n’aide pas du tout. Autant ma mère roulait les « r » avec un accent très féminin, et sa jolie silhouette aidait, autant mon père, la peau mate, les cheveux noirs soyeux, et son air toujours heureux faisait fuir les patrons. Bien entendu, à coups de démonstration de talents, il a réussi à se faire une place dans une grande entreprise. Il a rapidement gravi les échelons – se faisant donc pas mal d’ennemis, surtout qu’il n’était pas laid – et a fini par ouvrir une entreprise. Il était payé quatre mille euros, il est passé à vingt mille. Nous n’étions pas du tout pauvre, même si ma mère se contentait d’un post de docteur ingénieur plus classique, payé à cinq mille euros.
Et moi, je suis née. J’ai passé une majeure partie de ma vie à Lyon, avant d’être expédié ici. Il n’y a rien de particulier dans ma vie. Mes parents m’ont choyés, aimés, nourris, aidés, je les adore. J’ai deux petites sœurs et un petit frère (ils sont triplés) qui me ressemblent et qui m’aiment autant que je moi je les aime, même s’ils sont très chiants parfois. J’ai un chat magnifique dont la fourrure n’a rien à envier aux peaux que portent la plupart des élèves ici.
Quand ils ont entendus parler de l’école, ils m’ont tout de suite proposé de m’y inscrire si ça me tentait. On était peut-être pas pauvre, mais le tarif était cher. J’ai donc refusé, et proposer plutôt de passer le concours d’entrée pour avoir une bourse. J’ai passé celui de 6éme. Je l’ai réussi, mais ils m’ont imposé en condition supplémentaire, de sauter deux classes. Je n’avais pas à travailler pour passer en 5éme avant Noël, mais l’étape 4éme fut plus complexe. Je vous rappelle que je n’avais que onze, douze ans à ce moment là. J’ai travaillé comme une forcenée…et je suis arrivé ici ! Voilà, c’est tout. Depuis, deux ans se sont écoulés et je suis actuellement en seconde. Je fais toute petite à côté d’eux…

Quand je baisse les yeux sur mon corps, je vois beaucoup de défauts. Certaines personnes se dévalorisent. Pas moi. J’ai des défauts, je les exagère peut-être un peu (peut-être aussi que je cherche à entendre le contraire ?), mais j’ai aussi des qualités au niveau de mon physique. Et comme il serait trop compliqué de décrire ce que je vois exactement, je vais le faire d’une autre matière. Quand j’essaye de faire mon auto portrait, je place un miroir devant moi. Je m’y observe longuement. J’ai de longues mèches torsadés ou pas, d’une couleur indéfinissable. Au soleil, ça peut-être blond, ou roux flamboyant, selon la saison. A l’ombre, un délicat brun aux reflets ambrés et dorés. Ça à certainement l’air compliqué, dit comme ça, mais j’aime mes cheveux et jamais je n’en changerait. Je crois que c’est l’une des choses que je préfère en moi. Je crois que la couleur exacte pour les définir serait aubrun châtain clair. Mes semi boucles encadrent un visage allongé, avec un petit menton volontaire. Mon nez est très, très, très légèrement en trompette, à tel point qu’on ne remarque presque pas cette caractéristique – j’ai moi-même mit plusieurs années à m’en apercevoir. Mes joues, chose étonnante pour mon âge, sont celles d’une petite enfant. Elles sont grosses, je n’ai pas d’autres mots. Je trouve pourtant qu’elle me donne un certain charme, pourtant. Et au-dessus, deux yeux un peu en amande, reflètent mon état d’esprit. On dit que les yeux sont une fenêtre sur l’âme. Chez moi, elle n’est pas teintée, et c’est volontaire. Je suis franche, et je ne vois pas l’intérêt de ne pas refléter mes émotions. Plus que mon pinceau, c’est ce qui fait que je suis moi. Mon regard, donc, et d’une délicate couleur noisette, où sont éparpillé des éclats or vieux. Au centre, autour de la pupille, une explosion de vert rende l’œuvre atypique. Toutes les nuances y sont représentées ; du vert pomme à l’émeraude en passant par le turquoise. Mes iris encerclés par un noir intense rehausse le tout. Mes cils longs rendent inutile l’utilisation du mascara, ou même du maquillage sur mon visage, car mes joues sont naturellement teintées d’un joli rose clair et que mon teint de pêche ne nécessite pas d’être modifié.
Au niveau du physique, et grâce à une pratique régulière de plusieurs sports, je ne suis pas mal non plus. J’ai de longues jambes aux rares poils clairs, presque invisibles. Elles ont été musclées par mes entraînements d’athlétisme. Mes bras, normaux, n’ont aucunes caractéristiques qui n’aient d’intérêt. J’ai de grandes mains, des mains de pianistes, dit on, mais jouer d’un instrument ne m’a jamais vraiment intéressé. Mon ventre plat laisse la place à des hanches larges qui font ressortir ma taille plutôt fine, mais dés que je m’entraîne moins, je sens que mon physique se relâche et la balance me le confirme. Je ne suis déjà pas légère (les os lourds, vous savez…), alors bon, même si ce n’est que cinq cent grammes…j’évite. Je trouvé également mes pieds trop grands et trop larges, mais l’avis varie peut-être. Je n’ai pas non plus une poitrine extraordinaire et j’essaye au maximum de faire le moins ressortir mes formes. La plupart des gens ne m’ont même jamais vu avec des habits moulants. (Même en été, je mets toujours des tee-shirt large, mais pour les jambes, je n’ai pas le choix : short ou jupe !) A moins de me surprendre quand je peins. Dans ces moments là, je crois qu’on me voit différemment. Il paraît que je suis ébouriffé, que j’ai un air sauvage et que mes habits me donnent un certain style. (Slim déchiré et haut rayé moulant, parce que les trucs larges, c’est plus difficile à surveiller et qu’il m’ait souvent arrivé de les voir tremper dans la peinture.)
Au final, je suis plutôt satisfaite de moi-même, et comme tout le monde, je pense que ça pourrait être mieux. C’est pour ça que j’évite de me mettre en avant quand il s’agit de mes capacités physiques, à l’opposé total de mon attitude lorsqu’il s’agit de mon intelligence.

Bien entendu, j’aime dessiner, peindre, et tout ce qui entre dans cet optique là. Mais j’aime beaucoup le sport, et j’en ai pratiqué énormément. Patinage, équitation, basket, handball, athlétisme, tennis, danse classique (je n’ai pas tenu très longtemps, ce n’était vraiment pas pour moi !), gym…et même un peu de football. Bref, j’ai fait pleins de sports. Surtout à cause de mes parents, qui en ont fait autant sinon plus que moi. J’adore aussi écoute de la musique, mais je crois l’avoir déjà dit dans la description de mon caractère ?...
Ce n’est pas habituel, mais j’adore les casses têtes. Tout ce qui est compliqué et qui nécessite de réfléchir. N’oubliez pas, j’ai sauté deux classes, et même la seconde, je la fais les doigts dans le nez. Donc il est assez rare que quelque chose me pose problème et j’aime quand c’est le cas. Le vent frais, la vitesse, les sensations fortes…tout ça, c’est qui me plaît. Je raffole de la nourriture italienne et les fortes têtes qui n’hésitent pas à désobéir me plaisent. Je m’en sens tout de suite proche, parce qu’en général, ils ont un sens de la répartie assez similaire au mien. Et cela entraîne forcément des joutes verbales… (Amicales, la plupart du temps.)
Mes couleurs préférés sont le vert, le rouge, le doré et l’argenté. Mon chiffre porte bonheur le 12, et je n’ai rien d’autre à dire…