L'eau, ça mouille... //Megane Prescott and Me//

Les rayons du soleil perçaient à travers les arbres aux feuillages touffus, faisant luire l'herbe verte et grasse qui poussaient à foison autour de la rivière. Quelques fleurs blanches et jaunes ajoutaient des touches de couleurs sur cette grande étendue, ainsi que des coquelicots, un peu en retrait. Les gazouillements des oiseaux, le vent effleurant l'herbe et les doux clapotis de l'eau se mêlaient dans une douce mélodie. Le pas d'un homme vint rompre cette harmonie, écrasant l'herbe de ses chaussures. Les volatiles ouvrirent leurs ailes, prêts à s'envoler, mais les refermèrent aussitôt voyant que l'intrus se contentait juste de passer.
L'étranger marchait calmement, profitant de cette atmosphère reposante pour respirer un bon coup. Il sifflotait, marchant les yeux fermés, comme si il était guidé par le vent. Puis, les yeux toujours clos, il se laissa tomber par terre, silencieusement. Le léger clapotis laissa place au bruit de l'eau s'effondrant sur les rochers et se séparant en milliers de gouttes, pour enfin rejoindre la rivière. Le garçon ouvrit alors ses yeux d'un bleu profond, une main posée dans l'herbe, la tête tournée vers sa droite, regardant la cascade. Son T-shirt noir se soulevait au rythme de sa respiration, ses cheveux frémissaient dans le vent.
Une goutte d'eau sauta alors sur son front, apportant un souvenir enfoui...

Tu te rappelles, Lina, lorsqu'on était petit?...

"Mais arrête, je suis trempé maintenant!"
"Hihi, tu ne savais pas que l'eau, ça mouille?"
"Pfff, bien sûr que si! Tu me prends pour qui?"
"Pour un Ayden tout trempé! Allez, on va courir pour que tu sèches!"
"J'arrive!"

C'était bien, avant...

La goutte d'eau continue son chemin, se glissant sur son oeil puis sur ses joues, pour terminer sa course sur les lèvres d'Ayden. Hm... Je m'étais pourtant retenu de pleurer... Donc que je pleure ou pas, c'est tout comme pour Mère Nature...?
Le bruit de brindilles se cassant tira Ayden de ses rêveries: Il sentait une autre présence.
Il se releva d'un coup, en position de défense. Puis il cria:

"Y a quelqu'un?"

♣ Messages : 161 ♣ Date d'inscription : 20/11/2011 ♣ Age : 26

L'hiver. Cette pâleur qui envahit le paysage alentours, ce froid glacial qui mord la moindre parcelle de vôtre corps, pénétrant au plus profond de vous. La neige. Douce blancheur, pure et innocente, de l'eau retombée en minuscules flocons glacés sur le sol, le souillant petit-à-petit et ne laissant plus apparaître que quelques perce-neiges qui résisteront encore et toujours au poids de l'envahisseur.
Dehors, l'astre du jour parvenait à glisser certains de ses rayons entre les nuages, faisant fondre les plus fines couches givrées et dégageant à l'air libre les quelques brins d'herbes subsistant durant la saison froide. Une main dégagea les rideaux sur le côté, faisant émettre quelques grognements aux corps présents dans la pièce et encore endormis. Elle abaissa la poignée de la fenêtre devant elle et poussa vivement les battants de bois simple et de verre, faisant chuter dans son geste les délicats flocons de neige déposés sur les carreaux. Une légère bourrasque ébouriffa ses cheveux, fit voler le tissu fin des rideaux, et s'engouffra dans la pièce, transformant les grognements en cris indignés. L'individu responsable de ces cris inspira un bon bol d'air frais et referma, non sans regrets, la lucarne de la chambre. Il retourna vers son lit et, fouillant dans l'armoire de bois ciselé, en sortit de quoi se vêtir. Puis, après avoir enfilé rapidement un jean et un T-shirt, il ouvrit la porte pour sortir de la pièce, afin d'aller faire sa toilette. Avant qu'il n'ait pu partir, une des personnes présente, encore blottie sous les couvertures lui dit d'un ton endormi : « Mégane, on sera un peu en retard au p'tit dej', tu préviendras s'te plait ?» L'interpellée sourit et acquiesça. Et elle quitta le lieu. En descendant les escaliers délicieusement ouvragée, la jeune fille pensa à plein de choses en même temps. Elle essaya de faire le moins de bruit possible, afin de ne pas réveiller les autres élèves, et aussi de pouvoir s’éclipser en douce, sans se faire sermonner par quelque surveillant qui passerait par là. Ce n'était pas une mince affaire, étant donné l'ancienneté de l'endroit et les grincements perpétuels que les marches se donnait un plaisir d’émettre à chaque pied que l'on posait dessus. Néanmoins, Mégane s'en sorti sans trop d'encombres, ayant juste croisé un autre élève matinal qu'elle s'était empressé de prévenir du retard de ses camarades de chambre.
Suite à ce petit retardement, elle se dirigea vers la salle de bain, déserte à cette heure de la matinée. Elle ouvrit l'eau d'un robinet, s’aspergea le visage et finit tranquillement de se préparer, sans rencontrer le moindre intrus. Alors, la jeune fille s'en alla et longea les murs des couloirs, tel un fantôme, tournant où bon lui semblait au fur et à mesure qu'elle évoluait dans les étroits corridors. Enfin, après maints changements de direction, elle tomba nez-à-nez avec l'immense porte de sortie de cette aile de l'académie. Elle posa sa main sur les gravures, faisant glisser son doigt au fil des creux et des bosses, des spirales et des angles droits. Soudain, l'extrémité de son indexe la picota, une légère douleur se propageant dans tout le membre. Machinalement, elle porta sa main à sa bouche et essaya d'en extraire l'écharde qui venait de s'y loger. Coup de chance, elle réussit tant bien que mal à la retirer et s'enroula le bout du doigt dans un mouchoir de papier qui, suivant le rythme d'écoulement du sang, se tachait d'une couleur rouge sombre. Mégane observa le phénomène et attendit que l’hémorragie soit finie pour reprendre son chemin. Elle aimait bien la couleur du rouge sur le mouchoir... Elle poussa doucement la porte, y créant une ouverture assez grande pour qu'elle puisse s'y faufiler et, une fois à l'extérieur, referma le panneau de bois.
Instantanément, la morsure du froid se fit ressentir, figeant le sang qui s'écoulait dans les veines de la jeune fille. Celle-ci referma son manteau, enroula une écharpe en laine d'alpaga autour de son cou et enfila une paire de gants fins avant de se mettre en route. Sa destination? Elle n'en avait aucune idée. Elle avançait calmement, les battements de son cœurs ayant regagné un rythme régulier, bien que plus rapide. Au fur et à mesure qu'elle avançait dans le manteau blanc déposé durant la nuit, la masse compacte de flocons craquait sous ses pieds. Pas un craquement ordinaire, non... Celui plus grave, plus atténué que le craquement d'une brindille. Celui plus doux et élastique, comme un marshmallow. Celui de la neige. Mégane écoutait ce grincement à chacun de ses pas et se mit à accélérer la cadence, se rendant compte qu'elle risquait d'être vue et que, de plus, son escapade ne pouvait durer longtemps, les cours commençant bientôt.
Emmitouflée dans ses vêtements chauds, elle finit par se retrouver aux portes de l'établissement. Elle hésita. Sortir ou revenir dans les bâtiments ? Le concierge n'était pas dans sa loge, sûrement sorti acheter un quelconque objet dont il avait besoin. Elle sauta sur l'occasion et s'évada par le grand portail rouillé. Elle descendit dans la ville, s'éloignant le plus possible du Centre Ville et arriva devant le bois qui était à proximité de l'académie. Elle se mit en route vers l'orée de celui-ci puis se ravisa, préférant descendre encore plus bas. Aujourd'hui, les cours commençaient plus tard, il lui restait encore assez de temps pour une petite escapade. Elle avait entendu parler d'une cascade non-loin du Bois. Plus bas. Elle continua sa descente. Puis, après une petite dizaine de minutes, la fugitive vit un panneau indiquant que la Cascade se trouvait à cinq minutes de là, en prenant à droite. C'est ce qu'elle fit. Elle entra dans un petit maquis et suivi les sentiers balisés. Le soleil était maintenant assez haut dans le ciel pour qu'on puisse y voir plus clair. Les nuages orageux et noirs s'étaient dissipés, laissant place à d'autres plus ternes, plus fins. Des boules de cotons dans le ciel.
Mégane poussait les fougères desquelles tombèrent quelques gouttelettes de rosée. La neige avait été stoppée par les hautes cimes des arbres et le sentier ici était plus facilement praticable. Un bruit. Il y avait un bruit. En tendant l'oreille, la jeune fille entendit une chute... d'eau ! La Cascade. Elle était tout près, Mégane le sentait, l'entendait. Le sol devenait de plus en plus meuble et boueux et l'atmosphère plus humide. La jeune fille arriva sur un petit promontoire de pierre d'où elle put voir toute la beauté du paysage qui l'entourait. Là, à quelques mètres sous ses pieds, une petite clairière blanche et verte était habillée par un magnifique bassin aux reflets d'argents. Il n'avait pas gelé à cause du mouvement de l'eau, et, surtout, de la prodigieuse cataracte qui tombait en chute libre depuis une rivière plus haut, éclaboussant la rive et se mêlant à de translucides et opalescents filaments d'eau.
La visiteuse descendit par un escalier de pierre, un peu plus bas, et arriva dans l'herbe grasse qui avait mieux résisté à la neige en raison des protections qu'offraient les arbres. La neige, elle, s'éparpillait par endroits, par-ci, par-là, formant des tas de billes d'eau paralysée. Quelques fleurs, rares, pointaient de-ci, de-là à travers ce paysage, y apportant une touche de couleur.
Mais l'anglaise, elle, ne pensait plus à cette merveille. Elle s'était dirigée vers un rocher derrière lequel quelque chose semblait bouger.
Elle était sur le point de surprendre l'objet de sa curiosité lorsqu'une satanée brindille craqua sous ses pieds, traître involontaire, réduisant en poussière la manœuvre effectuée. L'individu caché, lui, avait bien entendu le bruit suspect et, aussi vif que les gouttes d'eau qui éclaboussaient la jeune fille, il se releva sur la défensive en criant :

«Y'a quelqu'un ? »

Mégane tomba en arrière, s'écrasant dans l'herbe et la neige. Tel est prit qui croyait prendre. Douleur. Ce fut la seul pensée qui parvenait désormais à son esprit. Son dos la faisait souffrir. Peu. Elle se releva, s'adossa contre le rocher. *Ça passera va... Ce n'est qu'une douleur passagère * pensa-t-elle. Y'a quelqu'un ? Cette phrase lui revenait, tournant en boucle dans son esprit. Mais oui ! On lui avait posé une question. L'inconnu. Elle soupira et répondit :

« Ouais, moi. Alors comment ça va ? »

C'était tout ce qui lui parvenait. Sa gorge était sèche. Terriblement sèche. Et les mots, meilleurs alliés comme pires ennemis, refusaient de monter jusqu'à sa bouche. Elle avala sa salive. Elle ouvrit la bouche. Une gouttelette d'eau tomba dedans. Elle la savoura. Sentir couler ce nectar merveilleux au fond d'elle, s'enfonçant au fond de son âme, était une sensation exceptionnelle.
Puis, rabaissant la tête, elle écouta l'inconnu parler...

[sorry,je réponds à partir de samedi, je pars en retraite de confirmation ^^ ]

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