Je marchais dans la rue sans me presser, me dirigeant vers le café du Centre Ville. J’avais bien besoins de boire un peu… Un peu beaucoup. C’est vrai que dans la salle commune, je prenais un verre de vodka, mais je ne le remplissais pas jusqu’au bord, ne voulant pas passer pour cet alcoolique –que je ne suis pas- pour les élèves. Je fumais plus que je ne buvais, alors que je ne suis pas un gros fumeur… Mais je commençais à le devenir a force ! Les mains dans les poches je longeai le trottoir. J’étais revenu à l’académie depuis un peu plus d’une semaine. J’avais quitté l’académie, non pas car j’y avais finis mes études, mais parce que j’avais un problème familial important. Enfin, ce n’était pas vraiment un problème, mais de bonnes nouvelles s’accumulant : Ma cousine, ayant le même âge que moi, à accoucher de son premier enfant. Une jeune lady adorable, aux yeux verts. Un beau bébé. Après la naissance de la petite Abby, le père de celui-ci, petit ami de ma cousine l’a demandé en mariage. Ils ont prévus le mariage pour deux semaines après la naissance. Entre-temps, il y eu l’anniversaire de mon arrière grand-mère, fêtant ses 100 ans, une soirée à ne pas rater. Puis, il y eu d’autres nombreuses fêtes, m’empêchant de rentrer en France. Quand j’étais enfin libre pour rentrer, ça faisais déjà deux mois et demis que j’étais parti. Mes parents ont alors contacté l’académie pour annoncer que je ne reviendrais pas. Quelques mois après, je fêtai mes 20 ans. Le 13 Décembre 2013. Evidemment, mes amis Anglais m’ont fais une énorme fête. J’y ai retrouvé certaine de mes anciennes petites amies. En particulier Allisson. Cette blondinette avec qui j’étais sorti pendant trois années, avant de partir vivre en France. J’avoue l’avoir oublié, entres mes relations d’un soir, et mes petites amies de l’académie. Devant elle, j’étais resté impassible, sans me rendre conte qu’elle était là, la prenant pour une de mes petites amies. Mais évidemment, elle le prit mal, elle qui était resté toutes ces années à m’attendre. Je passai la nuit de mes 20 ans avec elle. Et nous avons emménagés ensembles. J’avoue que je ne ressentais plus rien pour elle. Enfin, rien comme avant. Puis elle est tombée enceinte. Oui je sais, on avait pas assurés ! Après une engueulade sur le fait de garder l’enfant ou non, elle m’a largué, décidant de garder le bébé, alors que moi, je ne voulais pas être père. Elle à gardé l’appartement, moi je suis retourné chez mes parents, avant d’annoncer que je voulais retourner en France. Deux jours avant mon départ, Allisson est venue sonner. M’annonçant qu’elle avait finalement avorté et qu’elle voulait rester avec moi. La suite, tout le monde la connais sans doute. Je lui ai dit que je partais et je n’ai plus aucunes nouvelles d’elle depuis, même pas par mes parents. Je continuai a marcher, le sourire au lèvre, repensant a ses derniers mois, en Angleterre.

Je levai le pied pour passer le trottoir. Le café était juste là. Je me dirigeai vers l’entrée et, évidemment, entra. Je tins la porte à une jeune fille, mignonne, qui sortait. Elle me remercia d’un sourire que je lui rendis. Le café était blindé. La bonne odeur du café, des petits gâteaux pour accompagnés et des nombreuses autres boissons vinrent me titiller les narines. Je me dirigeai vers le bar. Peu de monde y était. Je me plaça a côté d’un homme, mais avant de m’asseoir, ramassa une canne tombée et la plaça contre le bar. Je ne savais pas a qui elle était, alors par reflexe, la plaçai entre l’homme et moi. Je commandai une double vodka, avec deux glaçons, histoire de me rafraichir par la chaleur qu’il faisait dehors, le printemps arrivant plutôt tôt cette année. Tournant la tête, observant la salle en attendant ma commande, j’observai plus amplement l’homme à coter de moi, me rappelant vaguement quelqu’un. Brun, cheveux cours, grand, barbe de trois jours, costaud… Divano ! M Divano, prof de dessin, qui venait à peine d’arriver quelques jours avant que je parte de l’académie. On avait eu une relation plutôt amicale, sachant que j’étais un Baroque et que je dessinais, plutôt bien. Bon, non, d’accord, j’arrête d’être modeste. Je dessinais très bien ! Je dessine encore d’ailleurs… Mais moins qu’avant. Mes deux derniers portraits avaient été les seuls depuis mon arrivée. Le portrait de la petite blondinette, la petite virtuose, la petite Intha. Et celui de Memory, la Baroque aux cheveux roses. Je regardai le prof amusé, buvant son verre.

« Tiens donc ! Monsieur Divano !  Comment allez-vous depuis le temps ? »

HRP:

Il n’avait pas mis longtemps à me reconnaître le Mr Divano. Il avait eu une petite moue surprise, cette façon de regarder quelqu’un qui nous semble familier en levant simplement un sourcil intrigué. Sa réaction dessina un sourire sur mon visage.

« La vie avance… You’re not alone Now ! Moi je vais bien. Tu enseignes toujours à l’Académie ? »

Je regardai mon ancien professeur avec stupéfaction. Il avait bien changé de look, optant pour un look qui faisais largement moins que son âge, et qui cette fois, ne le vieillissais pas. On dirait même qu’il ne faisait pas son âge tout court. En le voyant la première fois en cours, je lui aurais bien donné un voir deux ans de plus qu’il n’en avait. Bien sur, c’était avec mes yeux de vieil adolescent que je le voyais. Peut-être que maintenant, en jeune adulte, je le verrai autrement ? Maintenant, je dirais qu’il faisait bien cinq ans de moins qu’il n’en avait réellement. Seulement, peut-être son fort intérieur n’avait pas changé. C’était ça qui le vieillissais légèrement. Encore une fois, je parle avec le point de vue de mon moi il y a quelques mois, étant un simple vieil adolescent. Si j’avais été un simple client venant au café aujourd’hui, je lui aurais donné la trentaine, pas trente cinq ans ! J’entendis le son d’un verre se poser devant moi. Le Barman venait de me donner ma commande dont je savourais déjà le goût. M’emparant donc du verre pour ne boire quelques gorgées. Je reposai le verre en avalant d’un cou sec presque deux gorgées réunis sans peine. Je tournai la tête vers mon ancien professeur.

« Tu me demande de te tutoyer, cependant, le peu de temps que j’ai passer avec toi en cours avant que je doive retourner en Angleterre ne m’a pas permis de connaître ton nom. »

Bien sûr, j’aurais largement pu faire plus simple et plus court. Cependant j’avais une étrange envie de discuter depuis que j’avais passé la porte d’entrée.

Je me retournai lorsque j’entendis la porte d’entrée s’ouvrir. Une jeune femme venait d’entrer au café et s’approcha du bar où nous nous étions posés pour y prendre un verre.

« Si je... Oui en effet, et je compte y rester, les élèves sont agréable en salle de classe. Surtout les miens. Et toi, que deviens-tu? Professionnellement parlant. »

J’avoue avoir souris à cette question, mais avant d’avoir le temps d’y répondre, la jeune femme blonde trébuchai et renversa son café. Elle était tombée au sol, sa jupe courte remontant plus encore, en haut des cuisses, ne laissant par contre pas apercevoir sa culotte. Je souriais amusé du fait qu’elle avait bien l’air idiote maintenant, elle qui était si fier et qui se la jouait pas mal…

« Attention, les planches ne sont pas droites. »

Le ton sarcastique du professeur me fit rire, ainsi que le Barman. La blonde, elle, affichait une mine dégoutée avant de se relever et de repartir sans son café –bien qu’il soit entièrement renversé-, vexée. Je me retournai en riant en silence avec le barman, échangeant avec lui des coups d’œil larmoyant de rire. J’adorais les femmes de ce genre, pas pour leur physique, mais pour leur mental complètement idiot et qui se vexait facilement, en plus d’être habillée très court malgré le froid ou avec de hauts talons…

« Il est vrai qu'à l'établissement je n'ai jamais put te le dire... Fabricio, Fab' pour mes amis. »

Je lui souris reprenant une gorgée de ma vodka, qui était presque finie, je commandais donc un deuxième verre. Un gin. Le serveur servis d’autres clients avant de s’occuper de ma commande. Je tournai la tête vers Fabricio –Maintenant que je connaissais son nom-

« A vrai dire, je suis revenu à l’Académie. Pas en tant qu’élève, rassures toi, tu n’a plus a me supporter en cours, mais je suis surveillant. »

Je m’interrompis en voyant arriver mon gin. Je finis la vodka d’une gorgée avant de prendre le gin pour le siroter.

« Surveillant? Alors je te verrais dans les couloirs... ou bien dans la cours. Enfin, tu ne me dérangeais pas non plus à mort en cours, rare sont les élèves qui me dérangent tu sais. »

Je souris tandis que mon ancien professeur se fis apporter lui aussi sa boisson : encore un double whisky avec un glaçon. Je souris et jeta un regard derrière nous. Quelques personnes qui étaient là depuis mon arrivée partaient et nous regardait étrangement. Bon, d’accord, j’avais pris deux verres, juste deux. Fabricio devait sûrement en avoir pris plus de deux lui qui était là avant moi, et connaissant un peu mon ancien professeur, il aimait bien la vodka. Ce dernier rapprocha quelque peu sa tête de la mienne afin de me sortir quelques phrases qui me firent rire.

« Je ne sais pas toi, mais j'ai l'impression que l'on passe pour deux alcoolique... Tu voudrais pas continuer nos retrouvailles ailleurs? Ou ce soir au pub? »

C’était vrai que nous avions l’air d’alcooliques, mais bon. J’inspirai quelque peu embarrassé avant de répondre.

« C’est vrai que nous avons l’air de deux amis alcooliques, mais ce n’est pas grave ! On peut très bien s’accorder quelques petits moments de détente de temps en temps tu ne penses pas ? Et bien, j’aurais vraiment beaucoup aimé, mais je dois encore finir de déménager mes affaires et je dois retourner à l’Académie ce soir pour bien vérifier que les élèves ne font pas de visites nocturnes si tu vois ce que je veux dire. »

Je regardais ma montre. 18h56. J’étais resté ici une bonne demi-heure. Tant mieux, j’avais pu me détendre un peu.

« D’ailleurs, je ferais mieux de partir si je veux avoir le temps de monter mon lit, je ne dormirais pas une nuit de plus sur mon petit canapé ! »

Je souris et entreprit de finir mon gin avant de sortir mon porte feuille et de payer le barman pour les verres. Puis je tandis la main à mon ancien professeur et nouvel ami avant de la lui serrer et partir en direction de la sortie. Avant de passer le seuil de la porte, j’entrepris de dire à Fabricio quelques mots avant de partir.

« Au plaisir de te revoir à l’académie ou autre part ! »