Anna prends son Ipod et son casque et sort de sa chambre. Samedi après-midi, ennui. La blonde décida d'aller faire un tour dans la parc. Son casque vissé sur les oreilles, elle traverse les couloirs de l'Académie. Tout est vide, tous on quittés les lieux pour rentrer chez eux. Sauf qu'Anna, son chez elle, c'est ici. La blonde courait presque. Elle fut heureuse lorsqu'elle sortit de ce dédale de couloirs interminables, enfin l'air libre ! Anna, ne sachant, comme d'habitude, quel endroit choisir, se laissa errer, elle allait où ses jambes la portaient.

Elle marcha tant et si bien qu'elle arriva au Lac des Cygnes. Un endroit romantique et doux, joli et plein de beauté. Un endroit de rêve pour se reposer. Anna s'étendit au bord du lac, sous un chêne. Elle repensa à cette vieille histoire racontant que quelqu'un avait vu une volée de cygnes noirs traverser le lac. Anna savait que ce n'était que des histoires, mais elle trouvait celle-ci si belle... Anna ferma les yeux. Elle imagina cinq cygnes noirs, noirs comme l'ébène surgir dans le ciel et tournoyer au dessus de sa tête tel des vautours puis se poser sur le lac et fendre les eaux, en nageant. Les cygnes sont des êtres magnifiques, gracieux mais intempétueux... Anna sourit, les yeux toujours fermés. Elle écoutait, ses sens en alerte, les bruits de la nature alentours, le chant des oiseaux... Tout cela le comblait de bonheur. La jeune fille s'extasiait sur la beauté de la nature. Anna ne savait pas si elle s'était assoupie ou non, mais un léger bruit différent de l'eau qui coule, différent d chant des oiseaux, un bruit humain, la fit tressaillir. La jeune fille ouvrit les yeux. Le soleil brillait sur le Lac et le faisait briller de milles feux. Anna s'adossa au tronc d'arbre, enleva ses ballerines et fit glisser doucement l'herbe fine sous ses pieds. Anna réfléchissait au bruit qu'elle avait entendu lorsqu'une silhouette se dessina au loin. Anna plissa les yeux. Ce n'était pas une fille, cette personne n'en avait pas la grâce et la légèreté, ni la carrure d'ailleurs. Anna remit sa mèche en place. Elle espéra de tout coeur que le garçon ne l'ai pas aperçu, peine perdue, il se dirigeai tout droit sur elle. Anna se dit que, de toute les manières, avec un garçon dans les parages, la tranquillité du lieu aurait été troublée.

"-Bonjour Anna."

Ca y est, le silence est troublé. Anna, sans lever les yeux, reconnue la douce voix de Nathanaël, un dessinateur qu'elle avait rencontrée un soir. La blonde leva les yeux et mit une main en visière pour protéger ses yeux des rayons éblouissant du soleil. Elle sourit.

"-Salut Nath."

La jeune fille remit ses chaussures. Puisque Nath était là, autant causer. Alors Anna entama une "conversation", enfin la dernière fois, sa conversation avait été très, disons spéciale. Anna avait failli étrangler Nath, mais elle s'était retenue. Lui gardait toujours son calme habituel et cela l'avait encore plus énervée, mais tout cela est du passé, autant repartir sur de bonnes bases.

"-Ca va ?"

Sa question de simple politesse était posée sur un ton calme. Anna était bien étendue à l'ombre de l'arbre, les rayons du soleil lui offrant une douce chaleur. Anna enleva son casque de ses oreilles pour ne pas paraître impolie et éteignit son Ipod qu'elle fourra dans sa poche. Anna reposa son regard vert sur celui de Nath. Le blond la regardait faire. Il semblait content de sa journée. Normal, il faisait beau et ici, tout était calme, c'était "parfait", l'endroit "rêvé" pour dessiner ou peindre. Mais le garçon ne semblait pas d'humeur à dessiner. Bizarre. Anna attendit la réponse de Nath. Elle arracha une poignée d'herbe à la pelouse et la fit rouler entre ses doigts. L'odeur fraiche de l'herbe ennivrait la jeune fille, l'herbe avait été coupée recemment et la pelouse était parfaitement coupée. Le jardinier avait fait un travail remarquable, digne des jardins de la reine. Le lac brillant au soleil, renvoyait milles éclats de lumière. Anna plongea son regard interrogateur dans celui du blond. Alors ? Tu vas bien ? Ou tu es encore perdu dans tes pensées. Voilà en bref ce que voulais dire ce regard qui portait une pointe d'amusement. Nath avait tourné les yeux vers le lac et le scrutait attentivement. Anna essaya de voir quel point particulier il regardait. Peine perdue, elle n'y arriva pas.

"-Oui. Et toi ?"

Il répondait alors que cela semblait l'agacer, déjà c'est un effort. Oui Anna allait bien, mais Nath connaissait déjà la réponse qu'elle allait lui donner : oui. Tout le monde répondait oui, à cette question. Même si une personne allait mal, elle répondait oui, car si elle disait non, alors son interlocuteur lui demanderait pourquoi qu'est ce qui ne va pas, et bien d'autres choses encore.

"-Oui, merci."

Merci, merci de quoi ? Simple politesse. Anna ne savait vraiment pas quoi dire à Nathanaël. Le garçon préférait le silence, mais c'est lui qui était venu dans ce lieu si calme. Pourquoi ? Pour retrouver la solitude un moment. Mais les gens qui veulent de la solitude on des problèmes, quel est celui de Nath ? Anna l'invita à s'assoire. Elle se décala de côté pour laisser une place au blond. Se replongeant dans ses pensées, elle chercha une quelconque raison pour comprendre le problème de Nathanaël. Sauf que des raisons, il y en avait pleins, même trop au goût d'Anna. Mais que serait la vie sans problèmes ? Elle ne serait rien. Quelques minutes s'écoulèrent, longues, silencieuses, et la blonde entendait seulement le chant des oiseaux et les clapotis de l'eau secouée au rythme de la brise légère. Si le paradis pouvait se résumer, il se résumerait à cet endroit, calme et doux, sénérité...Un peu trop "mignon" pour être le monde réel malheureusement, mais ce n'était pas trop mal non plus, car sinon, le monde s'ennuirait. Dans le grand silence de cet après-midi, que dire, rien, de peur d'oser gâcher la beauté de ce lieu si parfait, de ce sanctuaire paisible et calme. Anna regarda Nathanaël, il avait le regard fixe et les portes de ses yeux étaient closes. Parfois, chez certaines personnes, on décelait rapidement quelque chose qui n'allait pas, il suffisait de regarder les yeux de cette personne. Mais cela ne marchait pas avec Nath, son regard ne renfermait rien, rien de triste ou de grave. Et puis, son regard était troublant, quelques chose d'étonnant, Anna ne pouvait pas dire quoi, elle n'arrivait pas à mettre la main sur cette chose qui rendait son regard si différent, si captivant, forçant à détourner le regard pour le reposer dessus un instant plus tard. Mais qu'était-ce ? Une sorte d'aimant, quelque chose qui attire et que l'on ne peut se lasser de regarder.

Nath brisa le silence. Déjà, il comprenait que se serait à lui de parler si il voulait faire la conversation, tant mieux. La question qu'il posa était calme, sans pointe d'agacement. Elle n'était pas du tout innatendue, au contraire. Mais Anna ne se doutait pas qu'il la poserait.

"Qu'est ce que tu regardais ?"

La jeune blonde se sentit un peu confuse. Bah lui, c'était lui qu'elle regardait. Que regarder d'autres dans ce paysage où seul l'être humain apporte une touche de différence ? Mais que regardait-elle vraiment. Le garçon blond les yeux fermés, ou bien le coeur de celui-ci et ses émotions ? Anna réfléchit elle même à la réponse. Et bien, disons les deux. La jeune fille se détendit. De toute les manières, regardait bien qui elle voulait. D'un ton neutre, la blonde répondit :

"-Toi."

Un sourire accompagna ses paroles. Si la question était improbable, la réponse l'était encore plus. Non vraiment il y avait très peu de chance que Nath s'attende à cette réponse. Effectivement Anna aurait peut répondre n'importe quoi, une excuse, un mensonge pour prouver qu'elle ne le regardait pas. Mais Nath n'était pas débile, et puis, il lui avait bien dit, la dernière fois, de ne pas mentir. Et d'ailleurs, Anna n'aimait pas les mensonges. La jeune fille aurait bien voulu ajouter, toi et tes secrets, mais elle s'était abstenue. Cela aurait été très, indiscret. Si la réponse de la jeune fille n'était pas satisfaisante aux yeux du dessinateur, qu'il pose ses questions, la blonde serait ravie d'y répondre. Enfin, il y avait très peu de chance que Nath pose des questions encore et encore. Ce n'était pas du tout son style, il était plutôt silencieux et presque solitaire. Pourtant, Anna désirait fortement savoir la chose qui, en lui, était négative, était-ce celle qui le rendait silencieux ? Peut être. Peut être que Nathanaël dirait un jour à Anna ses problèmes, mais ce n'était pas sur du tout. Anna, quant à elle, ne lui dirait surement pas ses problèmes tant qu'elle ne saurait pas ce qui le rend différent des autres, en tout cas à ses yeux. Pourquoi est ce qu'il scucitait tant l'interêt d'Anna ? Pas de réponse à cette question, comme toutes celles qui tournaient autour du jeune dessinateur. D'habitude toutes les questions qu'Anna se posait avaient des réponses au fur et à mesure des conversations avec les gens. Mais celle qui concernaient Nath ne faisaient que s'accumuler sans jamais avoir une seule réponse. Mais peut être que lorsqu'une question trouvera sa solution, alors les autres prendront un sens et alors tout sera clair. Peut être...

Le calme et le silence reprit sa place entre les deux jeunes gens. Anna savait très bien que Nath ne dirait rien de plus, ne demanderais aucune précision. Anna se décida à parler. Si le blond était ici, autant causer. D'autant plus que la question qu'Anna voulait lui poser révélerait peut être, non, surement des choses.

Ah, la question. Les orphelins te lançaient alors un regard noir suite à cette question. Certains se mettaient même à pleurer. D'autres encore te tournaient le dos et tu ne leur parlais plus jamais. En même temps, c'était très compréhensible de leur part, et indiscret de celle d'Anna. Il y avait aussi les enfants aux parents divorcés, eux te disais le nom de leur ville de naissance, ou alors celle du père, ou de la mère, en fonction de l'endroit où ils vivaient. Mais presque aucun d'eux ne disait : mes parents son séparés, mon père habite ici et ma mère habite là. En général c'était gênant. Pour les autres, le lieu où ils habitaient, ne leur faisait ni chaud, ni froid. Ils disaient, j'habite ici, ou j'habitais là mais j'ai déménagé... Ce sont en général les plus bavards et ceux à qui il ne faut pas poser la question si l'on a pas de temps derrière nous. En attendant, Anna ne savait pas comment Nath allait réagir. C'était plus ou moins la phase problème de la question. Car pour Anna, chaque question à une phase problème. Sauf peut être quel est ton nom ? Ou encore quel âge as tu ? Mais si, quelqu'un d'orphelin de naissance avait un nom, mais ce n'était pas ses parents qui lui donnaient. Un enfant qui ne sait ni lire ni écrire ni compter ne peut pas dire son âge. Bon, ces cas sont un peu extrême, mais ils existent, bien qu'Anna n'en ai encore jamais rencontrés à ce jour. Mais qu'allait répondre le blond. Venait-il d'un endroit qu'Anna ne connaissait pas ? Ou bien de la même ville qu'elle ? Ou tout simplement allait-il répondre à la question posée par la danseuse ? Surement... Le garçon s'attendait surement à une question. Il était vrai qu'il avait dû deviner que la blonde ne pourrait s'en empêcher. D'ailleurs, sa timidité s'était évanouie, elle avait fondue comme une glace au soleil. Maintenant, elle ne connaissait pas vraiment le blond, elle ne savait même presque rien de lui, mais elle n'avait pas peur de ses réactions. Il avait un caractère bien à lui, il était différent des autres. Mais pourquoi la différence est attire t-elle l'oeil. Car elle sort du commun ? Probablement...

Le dessinateur répondit :

"-Loin."

Loin ce n'est pas une réponse, ou peut être que si. Mais loin peut être près, tout dépend où l'on se place. Et puis loin, loin sur le continent, ou loin sur un autre ? Loin, loin dans un autre pays ? Anna ne connait même pas son nom de famille. Tiens c'est vrai ça en plus, Nath ne lui avait pas dit. Ca ne servait surement à rien d'ailleurs, pourquoi s'encombrer de choses inutiles, de mots inutiles. Ici, en France, on parle souvent pour ne rien dire, c'est lassant. Les mots sont vides de sens et personne ne cherche la véritable profondeur des choses. Loin, Anna venait de Londres, était ce loin ? Non. Le créateur de cette école venait-il de loin ? De Russie. Est ce loin aux yeux de Nathanaël ? Chacun à un loin différent, personne ne peut calculer une longueur à partir de loin, c'est impossible car le mot loin est fait pour ne rien dire, pour supposer, et l'on peut réfléchir longtemps sur ce loin sans en trouver la moindre trace de longueur. Anna reporta son regard sur le Lac des Cygnes. Pourquoi ne pas l'avoir appelé le Lac des Cygnes Noirs ? Trop long ? Ou pour conserver le mystère de l'endroit. Anna, qui aimait les mystères, opta pour la seconde solution. Elle reporta son attention sur le blond :

"-Loin. Loin de ton coeur, proche de ton esprit ?"

Pensait-il souvent à sa ville natale, à son pays, si il ne venait pas de France ? Ou alors préférait-il l'oublier ? Anna repensa à l'Angleterre, à Londres, à sa maison. Non, jamais elle ne voudrait oublier l'odeur du pain grillé le matin. Nany qui lui monte son petite déjeuner dans sa chambre. Inès qui hennit d'impatiente en bas, dans l'écurie. La salle de Réception, qui n'attends qu'elle depuis que son père n'en donne plus. La grande salle à manger. Son petit coin secret : le jardin aux milles fleurs. Le doux fumet de viande rôtie qui s'échappe du four provenant de la cuisine. Oublier cela ? Non. Cela signifierait oublier sa vie, oublier son passé, oublier sa mère... Jamais elle ne voudrait oublier la villa des Wall' Stood. La jeune blonde n'y allait que très peu. Elle restait en France toute l'année, à Artistic Académie. Pendant les vacances, son père, qui travaillait, ne rentrait pas et personne n'était à la maison, la blonde allait donc, d'une vacances à l'autre, chez ses amies. Et puis les grandes vacances, voilà le moment où elle passait un mois sur douze chez elle. Un mois ! Un mois et une semaine à Noël. Ce n'était rien. Pas assez pour Anna. Mais assez pour se créer de nombreux souvenirs et des moments inoubliables. Elle interrogea Nath du regard. Alors, ma phrase était une question hein...

Nath répondit finalement :

"-Pourquoi attaches-tu tant d'importance à ton lieu d'habitation ?"

Répondre en posant une question c'est détourner la question. Et bien pourquoi Anna aimait elle tellement cette maison où elle était née ? C'était le seul endroit qui lui laissait un souvenir de sa mère. Celle-ci était venue à l'Académie, Anna y était allée aussi. Sa passion pour l'équitation, pour la danse, cette académie et sa maison, voilà les seuls liens avec sa mère décédée. Son père n'en parlait jamais. La danse, elle ne lui avait rien appris, l'équitation, elle était morte avant d'avoir peut lui enseigner quoi que ce soit. Il ne lui restait que sa maison, puisqu'ici elle y était dans sa jeunesse. Tant de souvenirs passés dans cette maison, assise sur les genoux de sa mère, feuilletant un livre d'images, un vieil album de famille. Tout les moments où sa mère préparait le déjeuner à la place de Nany pour l'anniversaire d'Anna, ses six anniversaires. Les premiers elle ne s'en souvenait pas bien sur. C'est à patir de ses quatre ans, soit trois anniversaires avec sa mère. Elle cuisinait tellement bien. Nath voulait savoir pourquoi ? Il allait le savoir. Et peut être que certaines questions qu'ils se posaient -s'il s'en posait- allait avoir une réponse. Contrairement à lui, Anna avait confiance en Nath et elle savait qu'elle pouvait lui dire des choses. Elle reprit d'un ton calme et posé, neutre.

"-Peut être par ce que c'est la seule chose que j'ai partagé avec ma mère qui est morte lorsque j'avais six ans."

Un silence s'abattit après sa réponse. Il ne devait pas s'attendre à ça, non surement pas. La phrase qui suivait une annonce telle que celle-ci était souvent, toutes mes condoléances, ou je suis désolée pour votre famille, ou encore je te comprend. Mais non, c'était faux, les gens ne comprenaient pas, encore une fois leurs paroles étaient vides de sens. Des condoléances, une simple banalitée entre une personne dont un proche et décédé et une autre personne qui vient de l'apprendre. Toutes ces choses sont stupides. Anna avait eu droit à pleins de toutes mes condoléances, et elle regardait alors les gens avec un regard neuf. Ces gens là n'avaient pas d'interet, ils étaient comme tout le monde finalement, incapables de comprendre. Tout juste capable d'échanger les paroles d'usage, et encore, ils n'arrivaient pas à leurs donner de l'émotion. Comme l'espèce humaine peut être désolante, parfois même déprimante. Les humains ne se ressemblent pas d'extérieur, mais, au fond, ce sont tous les mêmes...

Nate continua de regarder Anna et dit :

"-Je comprends mieux..."

On aurait dit que ses pensées avaient parlées à la place de sa bouche, il réfléchissait tout haut. Bah au moins cela renforçait les convictions d'Anna, Nate avait quelque chose de particulier, de différent. La blonde n'avait pas eut droit au discours habituel et cela la soulageait. Il reprit donc :

"-Tu ne sais pas ce qui lui est arrivé."

Non, effectivement personne ne le sait et personne ne cherche à savoir, mise à part Anna. Elle est certaine d'un assassinat commit contre sa mère, d'un meurtre, c'est pourquoi elle enquête secrètement. Mais Anna ne répondrait pas, Nate connaitrait surement la réponse une autre fois, surement, très probablement même.

"-Tu es différent des autres."

Tout simplement. Anna aussi n'avait pas réfléchit avant de parler. Les mots jaillissaient de sa bouche. Pourquoi ? Peut être pour combler un vide. Ou alors simplement pour exprimer ses pensées, une pensée qu'elle a eut depuis qu'elle a rencontré un jeune garçon de son âge, blond, un soir au self. Tu es différent des autres, tu cherches à comprendre ce qui pour eux est une évidence. Oui, tu n'es pas comme les autres Nathanaël. Anna le sait, mais elle cherche déspérement la raison à cette différence. Malgré cela, le blond semble vouloir lui cacher bien des choses. Ce qui est naturel, mais Anna n'aime pas qu'on résiste à ses hypothèses. Et oui, un jour ou l'autre elle découvrirait bien ce qui se cache derrière ce jeune dessinateur. Derrière son physique, derrière ses pensées. Et là, elle serait enchantée, quoiqu'elle trouve. Car après tout combat acharné, un soldat est heureux d'avoir survécu, d'avoir réussi à dévier la mort.

"-Qu'est ce que la différence ?"

La différence c'est beaucoup de chose Nate. Anna sourit. Elle était presque sure que le dessinateur allait lui poser cette question. Et la réponse allait être longue, très longue. Bah un choque dans la vie de quelqu'un ce n'était pas forcément mauvais. La danseuse eut un sourire en coin. Tant de choses à dire sur la différence. Il faudrait se contenter du minimum. La différence ne se résume pas au physique. Non bien sur, elle perce la profondeur de l'âme, des caractères mêmes de la personne.

"-Tu es la seule personne qui ne me regarde pas avec pitié, lorsque je suis avec toi j'ai l'impression que je peux tout dire, des choses que je ne peux dire aux autres. Je me sens détendue alors que les autres me crispent. Tes phrases ont un vrai sens qui éveillent en moi des questions aux réponses inconnues, les autres sont vides de sens. Rien que ton regard me montre que tu es différent."

Pour résumer, on ne pouvais pas résumer plus. Anna avait essayée de calculer tout les points qui rendaient Nate différent. Mais elle n'avait pas tout dit, bien sur que non. Même sa dernière phrase lui semblait de trop. Pourtant elle était véritable. Comment expliquer toutes ces choses ? Encore des questions, toujours des questions. Toutes sortes de différences existent, les différences de religions, de convictions, d'idées, de politiques, de cultes, de physique bien sur, mais pas que. Certaines personnes qui montraient leurs différences étaient mal vues. Mais pourquoi ? Est ce par ce qu'on ne s'habille pas "à la mode" que l'on est nul ? L'extérieur ne fait pas la personne. La couleur de peau. Les gens ont souvent eut peur de cette différence par le passé. Mais n'importe qui peut naitre avec n'importe quelle couleur de peau, nationalité et religion et en rester la même personne pour autant. Bon, pas en tout point, mais quand même. Les gens ne sont pas tous créés pareil et heureusement. La diversité voilà ce qui fait le monde. Si nous étions tous pareil qu'est ce qui se passerait ? Tous la même couleur de cheveux, de peaux, les mêmes habitudes, les mêmes gouts, les mêmes passions. Et tout ceci sans parler de l'argent. Les différentes classes sociales ne peuvent elles pas s'entendre ? Rien que l'Académie était une preuve de diversité. Les jeunes venaient parfois de "loin" pour venir ici. Anna n'était pas française mais elle se sentait ici à sa place. Les arts qu'ils enseignaient n'étaient pas les mêmes, mais cela n'empêchait ni de converser ensemble, comme elle avec Nate, ni de devenir ami. Les gens différents nous apportent parfois plus que l'on ne le pense.

Nate adressa un sourire à Anna. Bah ouai, ça peut choquer de telles paroles. Mais Anna s'en fichait. Elle disait bien ce quelle voulait non ? Et puis le fond de sa pensée avait un peu prit le dessus encore une fois. La blonde lui rendit son sourire. Peut être que son flot de paroles donnait à réfléchir au blond, tant mieux, elle pourrait elle aussi réfléchir tout à son aise. Nate n'ajouta rien. Il garda le silence. Que répondre à une phrase pareille. Anna ne faisait pas totalement confiance à Nate. Mais en fait si. Elle savait, elle sentait que les choses qu'elle pourrait dire il n'irait pas les répéter. Pourquoi cette intuition ? A vrai dire elle n'en savait rien. Mais Nate était différent des autres pour autre chose, certains lui ressemblait, mais aucun n'était pareil.

"-Et puis..."

Commença la jeune fille, elle ne savait pas vraiment si elle oserait dire cette chose. Nate haussa un sourcil, signe qu'il reportait son attention sur Anna et qu'il l'écoutait. Enfin maintenant qu'elle avait commencé, autant déballer ses pensées.

"-Quelques chose au fond de toi est noir et te tracasse."

Noir, enfin, sombre plutôt, une chose qui était un poids plus ou moins lourd sur la conscience d'une personne. Certaines arrivaient à s'en détourner, d'autres au contraire ne faisaient qu'y penser et sombraient petit à petit dans l'isolement et dans la déprime. Cette pensée glaça le sang d'Anna. Déprimer... n'est ce pas la pire chose qui peut arriver au monde ? Etre las de vivre, las de tout, les journées doivent être longues, très longues...



[bon c'est assez court mais bon /:]

Nate demanda, un sourire amusé en coin :

"- Et qu’est-ce qui pourrait selon toi m’avoir… « profondément ennuyé » ?"

Et bien, disons de nombreuses choses peuvent ennuyer de nombreuses personnes pour diverses raisons. Mais il n'avait pas l'air très, sensible, ou alors Nathanaël n'en laissait rien paraître. Pour toi, la blonde dirait plutôt du passé que du présent. Tu ne rumine pas intérieurement sur le présent mais quelque chose en toi est obscur et cela depuis longtemps, donc, du passé, cela n'avance pas énormément la blonde mais un peu. Qu'est ce qui e trouve dans le passé du blond ? Des souvenirs d'amitié, d'amour, de famille ? Quoi ? N'ayant pas l'air très ouvert, Nate ne devait pas s'en soucier, sinon il se débrouillerait pour avoir des amis, donc non, ce n'est pas l'amitié. La famille ? Un parent décédé, une soeur ou même un frère, un enfant unique, un orphelin, des parents qui se disputent ou même divorcés, des tentatives de suicide dans sa famille ? Anna ne savait lequel choisir. Il fallait donc ruser. Puisqu'elle avait opté pour famille, ce serait la famille.

"-Ta famille."

Bon peut être pas toute sa famille, peut être une personne... Peut être qu'Anna se trompait, mais elle doutait peu de sa réponse, assez large pour englober de nombreux problèmes et ennuis. Au pire, si la réponse de la danseuse n'étais pas assez claire, pas assez développée sur le sujet, alors il lui demanderait précision. C'est donnant donnant, tu ne me dit rien de toi, je ne te laisse rien deviner de ce que je pense savoir. C'est tout un art.

"-Qu'est ce qui te fait dire ça ?"

Effectivement, Nate avait le don d'énerver la blonde, quoique aujourd'hui elle se sentait pacifiste. La logique bien sur. Tout le résonnement d'Anna était fondé sur de la logique. Se serait elle trompée ? Non, elle ne pensait pas. Mais avec Nathanaël, il fallait s'attendre à bien des rebondissements. La voix du dessinateur n'exprimait jamais une quelconque expression sinon un ton neutre et monotone, un peu comme celui de la prof de danse. Pourquoi essayer d'enfoncer Anna encore et encore ? Pour lui prouver qu'elle a tort, pour la mettre dans le doute ? Par pur amusement ? Mais si ce n'était pas la famille alors qu'était-ce ? Si, de près ou de loin le "problème" de Nate touchait forcément à sa famille.

"-Tu as dis "pourrais" j'émet ma version des choses."

Le ton calme d'Anna ne la troubla même pas. En d'autres circonstances, avec d'autres personnes, elle n'aurait pas réagit de la même manière, sa réponse n'aurait pas été la même. Et puis, il ne faut pas se fonder sur une phrase. Elle aurait peut dire tout autre chose mais insinuant la même réponse. Elle savait que Nate "lisait", si ce n'est pas un trop grand mot, un peu en elle. Anna n'était pas stupide et elle savait que le blond la baladait. Il en savait beaucoup plus sur elle qu'il ne voulait le laisser paraitre. Le dessinateur devait ou fortement s'amuser de la voir réfléchir à ce point, ou s'ennuyer de cette "entrevue". Un peu des deux ce qui est assez contradictoire. En fait il ne comptait pas lui dire le motif de ce "problème". Si Anna voulait savoir, elle devrait lui soutirer des informations. Ce qui semblait assez impossible à moins d'avoir l'avenir devant soit.