Nous arrivons enfin à l'entrée de ma chambre que j'ouvre avec la clé que moi seule possède puisque je n'ai pas de colocataire. Je laisse passer le brun et entre à sa suite, refermant par précaution la porte derrière nous. Je voudrais éviter qu'on se fasse chopper par quiconque en train de boire dnans une chambre de l'internat alors que ceci est interdit. Je lui montre le lit pour le laisser s'installer au bord et retire la veste qu'il m'a prêté pour la lui rendre. Je prends ma chaise et j'ouvre l'armoire en la positionnant devant (l'armoire est trop haute pour moi) et je monte sur la chaise de bois. Je fouille rapidement la dernière étagère de l'armoire et en sort une bouteille de whisky. Je viens ensuite la poser à coté d'Ethan sur le lit et range vite-fait le bazar de la chambre.

Je n'ai pas l'habitude de la voir très propre au point de briller et rangée, mais j'espère que cela ne dérangera pas mon invité. Je pars ouvrir un peu la fenêtre histoire de faire de l'air et m'assois au bord. Je regarde dehors, pensive. Je ne sais pas trop quel sujet lancer, alors je tourne la tête vers Ethan, croisant son regard d'un vert intense:

-Sers-toi si tu le souhaites.

Je me lève et viens m'installer à côté de lui sans rien rajouter. J'espère que ça ne le dérange pas d'être ici alors qu'il est censé avoir une interdiction d'y accéder, étant donné que c'est un gars. Bref, je saisis la bouteille et l'ouvre, porte le culot à ma bouche et avale une gorgée de l'alcool. Je place ensuite la bouteille de verre dans les mains de mon ami, savourant rapidement le liquide qui se répand dans ma gorge.

Elle me regarde, puis se redresse, ne répondant pas à ma question. Mais j’en conclue que ça veut dire oui. Le froid semble la frigorifier alors qu’elle me sourit. Je me lève à mon tour et lui emboîte le pas, alors qu’elle rentre à l’intérieur du bâtiment. Je referme la porte derrière moi et la suit, alors qu’elle se met en marche. Elle me demande :

- Est-ce que tu bois ?

Je hausse un sourcil, surpris. Je marche à sa hauteur tandis que nous traversons quelques couloirs et qu’elle nous emmène dans le dortoir des Baudelaires. Elle est donc écrivaine. C’est marrant, je l’aurai plutôt prise pour une Cygne, vu sa démarche. Mais bon, son appartenance à cette maison n’a pas beaucoup d’importance. Je réponds :

- Bah ouais pourquoi ?

Elle s’arrête devant une porte, sors une petite clé de sa poche qu’elle introduit dans la serrure et ouvre la pièce. Sa chambre. Il n’y a qu’un seul lit, j’en conclue donc qu’elle ne partage sa chambre avec personne d’autre. Rhine m’invite à entrer et j’obéis, alors qu’elle referme la porte derrière nous. Après s’être juchée sur une chaise de bois devant son armoire probablement pleine à craquer de vêtements en tous genres, elle sort une bouteille d’alcool qu’elle pose sur le lit ou je m’étais assis. Je l’observe, un peu étonner. Elle semble bien jeune pour transgresser les règles avec ce genre de choses. Cela me fait légèrement sourire alors qu’elle range précipitamment le bazar régnant dans la petite pièce. Ensuite, elle va ouvrir la fenêtre pour laisser l’air nocturne rafraichir la pièce, puis s’accoude un instant au rebord. Elle lâche :

- Sers-toi si tu le souhaites.
Mon sourire s’élargit. Je ne pensais vraiment pas, en montant sur ce toit en pleine nuit pour respirer un peu, finir dans la chambre d’une gamine dépressive qui me proposer de boire du whisky en sa compagnie. C’est… singulier, et cocasse.

- Je t’en prie, à toi l’honneur.

Elle saisit la bouteille, l’ouvre et en porte le goulot à ses lèvres. Alors qu’elle avale lentement, savourant probablement, elle me tend l’alcool et je l’imite. Je la lui rends alors que je bois doucement, puis humecte ma lèvre inférieure. Si elle espère me rendre ivre, il va falloir que je boive beaucoup, et franchement, à cette heure-là, je ne préfère pas. Être complétement défoncé le lendemain en cours pour me faire coller une fois de plus, voir exclure ? Non merci, je vais peut-être éviter les dégâts pour la semaine à venir.

Il me rend la bouteille mais je la lui rends aussitôt pour m'allonger et fixer le plafond d'un air pensif. Non je ne veux pas qu'on finisse bourrés, mais juste histoire de se détendre un peu et de penser à autre chose. Ça fait du bien de temps à autre de se boire entre amis une p'tite bouteille qui ne peut que nous ouvrir les yeux. Finalement je m'assois à nouveau pour boire et va me coller dos au mur tout en restant assise.

Je regarde autour de moi sans rien dire (pour le moment). En fait le silence c'est pas trop mal. J'aime bien. Je tourne la tête vers Ethan et le regarde. Je me lève encore une fois et file vérifier pour rien si la porte est fermée. Je fais demi-tour pour me diriger vers la fenêtre que je ferme parce que l'air frais me donne des frissons parce que j'ai froid, et je reviens de nouveau sur le lit pour m'allonger et fixer le plafond blanc.

- Ça te gêne pas d'être là j'espère ?


J'espère démarrer une conversation. Parce que je commence à quand même m'ennuyer. L'alcool n'a pas encore agi mais je suppose que dans quelques minutes ça fera effet sur mon cerveau. Je prie intérieurement pour éviter de sauter sur Ethan et lui couper la gorge. Bah oui, je fais gaffe quand même. En plus j'ai pris une trop grosse gorgée, du coup j'ai envore le goût dans la bouche qui me fait saliver. Je suis facilement saoule, je sais.

Cette fille aux étranges cheveux bleus ne tient décidément pas en place. Elle ne cesse de se lever, d’arpenter la pièce en tout sens, de vérifier si la porte est bien fermée, de me regarder, de revenir… Elle va finalement fermer la fenêtre, probablement parce que le froid qui règne dehors commence à la faire frissonner ; puis elle revient à côté de moi. Étrange… Est-elle mal à l’aise ? A cause de ... moi ? Est-ce ma présence dans cet espace personnel qui la dérange ? Pourtant, c’est elle qui m’a fait venir ici, dans sa chambre. Je ne lui ai rien demandé, moi. Elle s’allonge, le regard fixé sur le plafond, et me demande doucement si cela me gêne d’être ici. Ne se trompe-t-elle pas de question, par hasard ? Je lui souris et déclare, une pointe d’amusement dans la voix :

- Non. Et toi, ça ne te gènes pas que je sois ici ? Parce que tu m’as l’air… stressée.

Je me lève à mon tour et m'approche de la fenêtre, m'adossant au mur, croisant mes chevilles. Je passe distraitement ma main dans mes cheveux d'ébène puis lui lance :

- Je peux partir si tu veux.

Je l'observe un instant, alors qu'elle est toujours sur son lit. Je n'avais pas repris de l'alcool qu'elle m'avait proposé, je trouve cela trop... innaproprié. Je ne sais pas, je ne suis pas trop d'humeur à me saouler jusqu'à ce que mon foie ne le supporte plus. Pas ce soir. Et probablement pas avec une fille de quatre ou cinq ans de moins que moi.