« Elles absorbent ma colère, mon ennui... »

Naia posa sa brosse dans sa boite de pansage et se mit à farfouiller à l'intérieur à la recherche de son cure pied. Il était tôt, surtout pour un samedi. Elle était seule dans l'écurie, avec pour seul compagnie les chevaux qui mâchonnaient paresseusement leur foin. Elle s'accroupit et passa sa main le long de l'antérieur de son cheval qui le souleva docilement. Elle le nettoya avec délicatesse avant de le reposer et de s'occuper du suivant. Quand elle eut fini, elle prit un peigne et démêla la longue crinière noire de l'étalon. Les crins devinrent soyeux au furent et à mesure, brillant sous la lumière de la lampe. La jeune fille appuya sa joue contre l'encolure du cheval, écoutant la pluie tomber sur le toit de l'écurie. Puis elle se redressa et rassembla ses affaires. Elle fit une dernière caresse à son cheval et à sa ponette avant de déposer sa boite de pansage dans la sellerie. Puis elle sortit de l'écurie et courut vers le dortoir.

Dehors, il pleuvait à grosse goutte. Naia Pressa le pas pour ne pas être trempée. Le vent soufflait en bourrasque, agitant les branches des arbres. Dans les bâtiments, peu de lumières était allumée. La plupart des élèves dormait encore. Enfin, son dortoir se dessina. Elle pénétra dans le grand hall et monta quatre à quatre les escaliers Elle traversa le long couloir et ouvrit la porte de sa chambre. Celle ci était vide. Le lit de Swann sa colocataire était fait. Profitant de cette instant d'intimité, l’adolescente se dirigea vers la salle de bain. Là elle prit sa douche, savourant le contact de l'eau tiède sur sa peau. Puis elle enfila une tenue plus correcte que son vieux jean d'équitation. Elle se choisit un jean bleu slim, un T-shirt vert et un veste en daim. C'était assez simple, ça convenait parfaitement à un samedi matin.

Elle s'assit à son bureau et sortit son livre de maths. Elle avait beau réfléchir, son problème restait sans réponse. Alors elle se leva et attacha autour de son cou son pendentif préféré. Il représentait une tête de cheval dans un fer. Il lui avait été offert par son meilleur ami le jour de son treizième anniversaire. Elle le contempla un moment, le précieux objet calé au creux de sa paume. Elle ouvrit le premier tiroir de sa commode et saisit son oeuvre du moment. Elle représentait une coucher de soleil, devant se tenait un cheval, les traits dissimulés par le contre jour. Elle l'aimait beaucoup, bien que l’esquisse fut un véritable calvaire. Elle saisit le tableau délicatement puis sortit de la chambre.

Ses pas résonnait avec force, amplifié par l'écho du couloir silencieux. Elle avançait à grand pas, ses cheveux bouclés s'agitant au rythme de ses pas. Elle s'approcha en silence de la salle d'art et poussa la double porte avec force. Il n'y avait qu'une seule personne à l'intérieur : Swann Stanislas, sa colocataire. Celle ci était si absorbée par son oeuvre qu'elle ne leva pas la tête. Naia ouvrit l'armoire où était rangée les affaires des élèves. Les pots à son nom n'était pas à leur place. Elle pesta et se mit à fouiller l’armoire en vain. Au moins ses pinceaux était là. Elle les prit et alla s’asseoir à côté de Swann. Elle allait lui demander si elle pouvait lui emprunter sa peinture quand elle remarqua l'étiquette à son nom dessus. Elle fronça les sourcils mais ne dit rien. Après tout il n'y avait rien de grave. Pourtant, décidée à faire naître la conversation elle lança d'une voix légère :

« Toi aussi tu aimes te lever de bonne heure le samedi ? »

Naia savait que travailler dans la bonne humeur serait toujours plus agréable. Elle trempa son pinceau dans l'eau et continua sa peinture en attendant la réponse de sa voisine.