La jeune fille marchait depuis une demi-heure dans ces bois épais. Au départ sa destination était le lac mais elle a dévié sa trajectoire et voilà qu’elle se retrouvait pace à des arbres orangés. L’automne ? Rhine détestait ça, depuis toujours. Elle trouvait le paysage effrayant et juste un peu horrible d’une couleur monotone. Plus de fleurs mais des champignons. Plus de feuilles mais des branches, donc beaucoup plus de soleil et de chaleur accompagnée avec un vent frais presque glacé.

Pour la peine elle s’était vêtue assez bizarrement… Un jean slim brun qui affinait ses jambes déjà fines, un tee-shirt trop large bleu lui faisant un décolleté un peu trop plongeant à son goût –dès qu’elle faisait un mouvement elle devait le remettre pour ne pas que l’on voit son soutien-gorge- et une des manches retombait vaguement sur son épaule tandis que ses chaussures étaient des bottines plates, d’un bleu foncé étrange. Le tout pour des cheveux bleu électriques attachés en un chignon un peu défait et pas de maquillage. Elle ne se sentait pas vraiment bien dans cette tenue mais pour elle, aujourd’hui la mode n’avait pas d’importance.

Elle continuait de marcher, écoutant le silence trop pesant. Un moment donné une ombre se fit voir et elle la suivit, se cachant derrière les arbres. Malheureusement sa tentative était veine car la personne « inconnue » se précipita dans ses bras avant de tomber rapidement contre le sol. En voyant son bien-aimé Rhine explosa littéralement de rire. Ce n’était pas la première fois que Zachary faisant preuve de maladresse, et surtout auprès d’elle. Mais gentille et par amour pour ce jeune homme elle l’aida à se relever en souriant. Ça lui faisait un bien fou de le voir… Elle n’en pouvait déjà plus des cours sur les récrés, au point de ne le voir que peu de temps le soir et les week-ends. Et encore ! Le week-end Valentin l’appelait. Son cher meilleur ami qu’elle ne voyait que pendant les vacances. Il avait pris cette habitude de passer un coup de fil, s’ennuyant dans son coin perdu.

Mais la jeune fille aux cheveux bleus se souvenait bien que son meilleur ami avait failli causer la rupture du jeune couple. En effet, une dispute n’est pas coutume. Il suffit qu’elle embrasse Zac pour que son téléphone se mette à sonner sans jamais s’arrêter. Même qu’une fois Zachy avait décroché pour elle et avait eu une belle surprise. L’interlocuteur aussi d’ailleurs. Ils ne s’étaient ensuite pas parlé pendant trois jours, avant que le jeune garçon revienne vers son amoureuse pour lui rendre ses excuses.

Elle le regardait et l’attirait dans ses bras sans attendre. Jamais elle n’avait été si heureuse de partager un moment seule avec lui. Seuls, c’est le moins qu’on puisse dire. Il n’y a pas de personnes qui les auraient suivis par hasard ? Personne ne le savait, ni même Rhine. Elle lia rapidement leurs lèvres pour un long baiser qu’elle n’aurait jamais voulu arrêter.

-Je t’aime. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse de te voir, p’tit maladroit.

Un fou rire s’ensuivit ainsi que d’autres baisers. Les tensions étaient apaisées dans cet endroit, c’en était presque magique pour Rhine. Elle ne bougeait plus, calant son rythme de respiration sur celui de Zachary, qui avait le front collé contre le sien. La seule chose qu’elle venait de remarquer enfin, c’est qu’il l’avait poussé contre un arbre énorme…

Rhine ne se lassait pas des baisers de Zac sur son cou et ses lèvres, ni de ses mains qui se baladaient sur sa taille. Elle s’était laissé emporter au point de passer ses mains sous le tee-shirt du jeune homme pour le remonter. En effet tous deux ressentaient du désir. Un peu trop même.
Zachary la regardait en souriant de ses dents blanches et lui renvoya son « je t’aime ». Elle lui rendit son plus beau sourire sans savoir quoi dire. Elle avait rêvé depuis longtemps être près de Zachary au point de sentir son souffle dans son cou, elle avait toujours voulu qu’ils se retrouvent seuls rien qu’un moment. Mais elle n’avait jamais imaginé être emportée dans son élan sans réfléchir aux conséquences. Sa main droite se baladait sur le torse de son amoureux et son autre main descendant dans son dos. Elle se remit à l’embrasser fougueusement. Elle ne pouvait plus vraiment se contrôler, c’était horrible. Sa tête lui criait de se calmer mais à cet âge-là c’est pratiquement impossible.

Elle continuait de lui envoyait des baisers comme si le sort des deux jeunes en dépendait. Elle avait attiré contre elle Zac et plus un seul millimètre ne les séparait. Même l’écorce de l’arbre ne la dérangeait pas, étant donné qu’elle aimait la chaleur de Zachy. Pour elle c’était le feu dont elle avait besoin pour vivre, celui qui lui permettait de ne pas avoir froid. Sa main descend sur la fesse de Zachary sans qu’elle n’en soit pourtant trop consciente.

Elle voulait aller plus loin au fond d’elle mais elle n’était pas au courant. La vie lui souriait, elle n’avait aucune raison de profiter… Elle voulait se faire plaisir, être heureuse rien qu’une fois.

De longues minutes passèrent, de longues minutes où ils n’hésitaient pas à embrasser avec le plus de fougue possible l’autre. C’est un peu comme si rien ne les dérangeait, comme si ils avaient besoin l’un de l’autre.

Rhine n’était pas gênée par son tee-shirt qui ne couvrait plus grand-chose sur elle, si gênée de ses mains sur le corps de Zac, et encore moins par les mains de celui-ci sur sa peau nue. Elle trouvait que tout était parfait, normal. Elle voulait laisser son désir aller au bout…
Elle ne lâchait pas Zachary, au point de penser qu’elle avait peur de le perdre ou qu’il se recule d’un pas. Elle savait désormais où elle voulait aller et souriait au fait que son bien aimé venait d’enfouir sa tête dans son cou. Dans l’Amour on dit qu’il faut avoir confiance en l’autre pour que ça marche, et surtout réussir à être au même rythme que son « conjoint ». La jeune fille savait qu’ils se suivaient dans leurs envies, parfois comme maintenant au point d’en oublier la réalité.

Ils se regardaient en silence, reprenant lentement leur respiration. En effet celle-ci c’était accélérée depuis leur premier petit bisou dans ces jolies bois oranges. Seuls au Monde ? Non, si le portable de Rhine n’avait pas sonné peut-être auraient-ils été plus loin. Zacharay la lâcha et elle fut obligée de faire de même pour décrocher.

-Allo ?

Son mot avait été dit dans un souffle, comme si elle craignait mourir sous le coup. Valentin avait toujours le don de les déranger quand il ne faut pas. Le plus surprenant fut que la connexion était parfaite… Rhine sentit le lourd regard de Zachy sur elle, qui avait sûrement deviné qui était l’interlocuteur. D’ailleurs celui-ci semblait faire un long discours à la belle. Elle eut un air étonné et restée bouche bée. La réalité est plus forte que les rêves après tout.
Sans piper mot elle raccrocha et rangea son téléphone dans sa poche en remettant correctement son haut.

En même quelques secondes le jeune homme s’enfuyait d’un pas rapide vers l’Académie. Rhine venait de comprendre qu’il faisait une crise de jalousie mais pas seulement. Peut-être s’imaginait-il qu’il se passait des choses entre les deux meilleurs amis ? Sur le moment la jeune fille aurait cru qu’il allait quitter l’Académie pour aller à la rencontre du fameux Valentin pour lui déformer légèrement mais le visage. En fait elle n’en savait rien. Elle ne pouvait même pas imaginer ce qui lui passait par la tête.

Sans attendre elle rattrapa en le plaquant contre un arbre, l’air dur. Elle ne voulait pas lui faire mal, elle souhaitait juste comprendre ce qu’il allait faire. S’il le fallait elle était prête à tout expliquer. Expliquer que Valentin l’aimait depuis longtemps mais qu’elle n’avait (presque) jamais cédé pour l’embrasser. « Presque » parce qu’elle avait été prise par surprise sous ce saule pleureur. Ce moment qu’elle n’avait jamais retiré de sa mémoire. Oui c’était après la rencontre des deux jumeaux qu’elle avait voulu oublier une bonne fois pour toute, bien qu’elle ne put jamais le faire.

Peut-être que si la fille aux cheveux bleus n’avait pas pris son portable la scène se serait passé autrement ? Des bisous et encore des bisous, jusqu’à ce que la scène dérape et qu’ils aillent plus loin. Malheureusement il ne s’était pas passé ça. Pourtant Rhine aurait pu s’en douter, car Val l’avait appelé le matin-même pour la prévenir qu’il lui passerait un coup de fil dans l’après-midi. C’est pour cette raison que celle-ci se sentait définitivement coupable. Elle craignait devoir choisir jusqu’à cause d’une connerie bien ridicule.

Elle regardait Zac sans un mot, sentant qu’elle allait craquer et se laisser pleurer dans quelques minutes. Ce qui allait peut-être causer la rupture tant redoutée des deux jeunes gens. Une rupture qui serait fatale, vulgaire et cruelle puisque Rhine n’hésiterait pas à taper pour défendre, bien qu’elle aime Zachary de tout son cœur.

Zachary avait vu juste. Il avait bien comprit avant de poser la question qu’elle aimait lui et Valentin. Alors elle se mordit la lèvre mais ne bougea pas et commença à tout dire, tout dévoiler, pleurant de plus en plus à chaque phrase prononcée. Elle se faisait du mal et faisait du mal à Zac en disant le tout mais elle disait ne pas avoir le choix.

-Oui je l’aime ! Je l’ai déjà embrassé. Avant de sortir avec toi je l’ai embrassé, sur la bouche. Zac je sors avec lui en même temps que je sors avec toi ! Oui j’ai le choix mais je ne peux pas le faire. C’est complètement impossible. Il sait qu’à chaque moment je suis avec toi et il m’appelle toujours pour nous séparer. Je sais que je ne devrais pas décrocher, mais ce geste est plus fort que moi. Il m’aime depuis tellement de temps que je me suis laissée piégée par son jeu ! Les baisers se sont suivis, d’accord ? Je n’ai pas pu m’arrêter et il en profitait. Tous ces moments où je ne suis pas à l’académie où crois-tu que je suis ? Avec lui, tantôt en centre-ville, tantôt carrément chez lui ! Oui j’ai mal de cette double-relation mais je ne peux pas choisir. Je vous aime autant l’un que l’autre. Je ne veux perdre aucun de vous deux ! Je vous aime. Je vous ai embrassé et vous embrasse encore. Je vous ai laissé m’approcher et me serrer contre vous. Mais ce ne sont que des câlins et des bisous parce que je refuse de finir dans un lit avec lui pour le moment. Avec toi j’en sais rien mais voilà. Je n’ai rien d’autre à ajouter à part « Je t’aime Zachary », mais sûrement pas pour la vie. Si tu veux m’arracher à Valentin ou s’il veut m’arracher à toi ce sera impossible.

Elle pleurait à chaudes larmes, la voix éraillée, consciente qu’elle venait de dire ce qu’elle aurait mieux fait de garder pour elle. Rhin savait qu’elle risquait de perdre les deux personnes les plus chères à son cœur mais elle en avait marre de tout garder pour elle, d’être silencieuse et de mentir en souffrant. Elle prononça une dernière parole moitié en murmurant, les yeux plongés dans ceux du jeune homme en face d’elle :

-Et ne crois pas que j’ai oublié Zachery.

Oui là c’était peut-être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Rhine se déplaça de l’autre côté de l’arbre et s’assit contre son tronc, rapprochant ses jambes contre elle et continuant de pleurer sans sembler pour s’arrêter en murmurant « Zac je t’aime quand même ».