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Ca va commencer ! s’exclama doucement Henri Hanörgd.
Les instruments finirent de s’accorder et le chef d’orchestre entra en scène. Les applaudissements fusèrent – ce qui fit mal à la tête de Cécily Hanörgd. Elle regarda son père qui tapait des mains avec enthousiasme.
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Maman ! Papa me fait mal aux oreilles ! se plaignit-elle.
Lucine Hanörgd sourit tendrement à sa fille.
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Je suis désolée, ma chérie, répondit-elle sans même essayer de calmer son père.
Mais quand papa est comme ça, il est impossible de le calmer ! Cécily se tortilla sur son siège. En plus, sa robe n’était vraiment pas agréable à porter ! Elle était beaucoup trop serrée et ça lui grattait dans le dos ! Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi elle devait mettre une si jolie tenue ! D’habitude, sa mère ne lui en mettait pas parce qu’elle avait peur qu’elle les salisse…
Tout ce vacarme causé par les applaudissements et cette irritation qui lui démangeait le dos la rendirent presque malade. Et comme chaque fois qu’elle n’était pas bien, la petite fille se mit à pleurer. Sa mère la prit dans ses bras et la berça en lui disant «
Chut tout va bien… » ou encore «
Tu n’as pas besoin de pleurer… Je suis là ! » mais ça ne servait à rien, elle continuait à sangloter.
Les applaudissements s’interrompirent. Le chef d’orchestre se tourna vers les musiciens et le Concerto pour violon en
Ré Majeur de Tchaïkovski retentit dans le théâtre.
A peine le son de la première note arriva aux oreilles de la petite fille que celle-ci arrêta immédiatement de pleurer. Elle se redressa lentement sur les genoux de sa mère. Quelque chose se passait en elle. Toutes ses émotions se chamboulaient ; telle une révélation… Un sourire apparut sur ses lèvres et les larmes se remirent à couler sur ses joues roses – pas de malaise cette fois, mais de joie. Le violon la transportait dans un monde qu’y lui était encore inconnu jusqu’à aujourd’hui… Celui de la Musique.
Elle était captivée par ces notes qui la faisaient frissonner. Et surtout par ce violon qui pouvait être si doux ou au contraire tellement dur…
A la grande surprise de ses parents, Cécily ne s’endormit pas pendant le concert même s’il dura plus de deux heures et qu’il était déjà plus de 23 h quand il fut terminé. Elle était restée éveillée, hypnotisée par la Musique.
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Le concert de l'Orchestre Royal du Concertgebouw semble t’avoir plu, fit remarquer son père quand ils sortirent du théâtre.
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Je veux faire du violon…, avait-elle dit d’une petite voix.
Elle se tourna doucement vers ses parents et répéta plus déterminée :
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Je veux faire du violon… Ils la regardèrent d’abord avec étonnement, puis ils lui sourirent tendrement.
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C’est ainsi que Cécily commença le violon et qu’elle se mit à rêver d’entrer dans l’orchestre qui lui avait fait découvrir sa passion. A l’âge de cinq ans, elle avait reçu son premier cours. Son professeur s’aperçut rapidement qu’elle avait un incroyable talent. A l’âge de dix ans, elle passa d’innombrables concours qu’elle gagna presque tous haut la main. Son talent était tel qu’un jour, elle finit par dépasser son professeur. Elle avait pourtant encore beaucoup à apprendre.
C’est pourquoi elle décida d’aller à Artistic Academy. Cette école dont on disait être le plus grand lieu d’art et de poésie du monde…