La version d'Anna était un peu flou en elle même, mais il faudrait s'en contenter, apr!s tout, une version est une version que cela plaise ou non aux autres personnes.

"-Ta version est très vague."

Tout est vague, rien n'est clair. La version d'Anna est vague mais Nate ne l'aide pas vraiment non plus. La blonde ne demande que de savoir, alors le dessinateur pourrait l'aider un peu. Mais Nathanaël à un caractère bien à lui et il ne semble vouloir lui dire que le minimum possible et encore il fallait lui forcer un peu la main.

"-Tu as eu des problèmes de famille."

La danseuse aurait peut tourner sa phrase en question mais elle aurait parut moins sur d'elle. Et puis elle en était sur. Une sorte d'instinct qui lui disait ça. La blonde avait eu tellement de problèmes avec sa propre famille qu'elle commençait à avoir une sorte de sixième sens pour tout ce qui touche à la famille. Bien que ce ne soit pas un question, Anna attendait tout de même une réponse de la part du dessinateur, même non développée. Car elle aurait droit à oui ou non, tout simplement. Ou alors peut être même aucune réponse et un silence pesant sur le soleil couchant. Anna regarda le blond. Le garçon devait se douter ou même être sur qu'elle ne savait rien de lui, ou presque rien. Anna ne manquait pas tellement d'assurance mais dévoilait des hypothèses non fondées sur un jugement à la Anna.

Nate lui cria littéralement dessus :

"Tu ne sais rien, Anna. Arrête de faire semblant, et arrête de chercher. Fais ce que tu sais faire et n’essaye pas de t’aventurer dans des terrains inconnus, c’est voué à l’échec."

Il plongea son regard vert dans le sien, Anna tint un instant puis tourna les yeux. Elle se mit à réfléchir en quelques secondes. Fais ce que tu sais faire, mais que savait elle faire ? Elle savait danser, elle savait monter à cheval, elle savait changer d'expression, se changer elle même en un instant. Alors, décidée, la blonde replongea ses yeux verts, dans le regard intense de Nate. Ses yeux ne la troublait plus, elle ne voyait que la pupille noire et non l'iris vert si perturbant.

"-Je t'ai donné ma confiance, j'essaie de t'aider, je sais que tu as quelque chose mais je ne sais pas quoi. Alors pourquoi penser que tu n'as pas besoin d'aide ? Je veux simplement être ton amie et t'aider."

Ami, pourquoi ce mot si soudainement sorti de sa bouche. Elle ne voulait peut être pas devenir son amie, en fait elle n'y avait pas réfléchit. La blonde n'avait pas fléchie, rien n'est voué à l'échec chez elle, rien de ce qu'elle entreprend n'échoue, elle ne laisse jamais tomber, jamais. Elle n'allait pas commencer aujourd'hui juste pour le bon plaisir d'un dessinateur taciturne et égoïste qui ne voyait pas ce qu'elle essayait de faire pour lui. Peut être n'avait-il pas besoin d'aide, mais l'aide est précieuse, si l'on offre l'aide, il faut l'accepter, qu'elle qu'elle soit. Arrête de chercher. Personne n'est là pour me dicter ma conduite, c'est ce qu'aurait dû répondre Anna. Elle chercher, si elle veut, elle trouve si elle a bien cherché et bien résonné, c'est tout. Si l'on avance pas en terrain inconnu, on ne découvre rien et on est coincé chez nous car l'extérieur nous fait peur, il ne faut pas rester que dans les endroits que l'on connait. Au contraire, il faut aller vers l'inconnu, aller vers l'apprentissage, vers les nouvelles choses, les découvertes forment la vie, elles forment le caractère. Si Nate ne veut pas aider Anna à apprendre, alors elle apprendra toute seule, mais elle réussira, car tout n'est pas forcément voué à l'échec, il a tort. Si l'on ne fait que ce qu'on sait faire, il faut apprendre à faire car avant de savoir, il faut apprendre, s'éduquer lorsqu'on est enfant, découvrir...

On aurait peut penser que Nate était en colère, énervé, d'ailleurs peut être l'était-il, mais il gardait le même ton monocorde et neutre et ne bougeait pas un sourcil. Il déclara alors :

"- Qu'est-ce qui te persuade autant que j'ai besoin d'aide ? Comment voudrais-tu être mon amie en étant aussi bornée ? Et surtout, m'aider à quoi, au juste ? Si tu cherches réellement à me donner ta confiance, acceptes aussi ma sincérité lorsque je te parle. Je ne mens pas, Anna. En revanche tu te mens à toi-même."

Aïe. Oui c'est vrai, peut être que Nathanaël n'a pas besoin d'aide. Bornée ! Moi ? Oui je suis entêtée et bornée, mais c'est mon caractère et personne n'y peut rien. Je n'ai jamais dit, ni même pensé que le dessinateur mentait, mais seulement qu'il savait plus de choses qu'il n'en laissait paraître. Au fond de moi même est ce que je me mens ? Oui, non, peut être, surement, ou pas. J'ai déjà nié la vérité, mais pour le bien des autres. Parfois mieux vaut-il ne pas savoir la vérité. Mon instinct me dit, casse toi, barre toi d'ici. Mais je sais que ce n'est pas très poli. Même si cela lui ferait de l'air, cela ne se fait pas de planter une personne comme ça. Sauf que Nathanaël était un type vraiment bizarre. Il semblait savoir, sur moi, des choses que j'ignore ou que j'ai oublié à force de me persuader qu'elle n'existe pas. Un caractère enfoui en moi depuis six ans. Finalement c'est peut être moi qui ai besoin d'aide ?

"-Tu..tu penses réellement que je me mens ?"

Je pris ma mèche entre mes doigts. Je n'allais plus très très bien d'un coup. Oh my god, help me ! Je sais pas, tout ça me déprime, mais pourtant je souris. Je veux bien que le blond m'aide, enfin s'il veut bien m'aider, mais en est-il capable ? Qui serait capable de m'aider ? Personne. En tout cas, s'il sait que je me mens, il pourrait me dire en quoi je me mens. Ca m'aiderait surement. Sa personnalité est vraiment plus qu'étrange, elle est surprenante et intriguante je dirais. Plutôt, solitaire je dirais, si je ne me trompe pas. Bon je ne vais que supposer en mon fort intérieur. On peut croire qu'il passe sa vie seul à rien faire ou à dessiner. Mais lorsqu'il est avec certaines personnes, peut être pas toutes, il observe et apprends beaucoup sur cette personne.D'ailleurs j'ai quand même réussi à lui dire que ma mère était décédée, grande première.

"-Tu sais, c'est rare que je dise que ma mère est morte. Je n'y arrive pas en général. Peu de gens le savent."

C'est vrai ça, mis à part lui, la seule personne qui est au courant, est dans le coma. C'est bizarre, pourquoi est ce que j'ai réussi à lui dire ? C'est la question que je me poste. C'est aussi un peu pour ça que Nate m'intrigue. Il ne m'a rien demandé, je lui ai dit spontanément et cela me perturbe, ça ne m'arrive jamais.

"-Pourquoi je te l'ai dis ?"

En fait je n'attends pas vraiment une réponse. C'est comme réfléchir à haute voix en oubliant ce qui t'entoure. Mais s'il il a une réponse à me donner, je suis preneuse. Tout va trop vite dans ma tête, c'est flou, fouilli. J'ai besoin de comprendre, je déteste être dans l'incompréhension totale.

"- Je dois y aller. Au revoir, Anna."

Sur ces paroles, le blond se leva et s'éloigna. Salut. Alors dans cet après midi, qu'avait elle gagné ? La chance d'avoir un doute sur elle même, enfin si c'est une chance et puis, elle était sur que Nathanaël n'aurait pas réponse à sa question. Personne n'a jamais réponse aux questions de la blonde. Les réponses viennent toute seule, ou elle ne viennent pas. Anna reprit son casque et le déposa sur ses oreilles. Enfin un moment de solitude non troublé par un autre élève.Elle ferma doucement les yeux et se sentit enfin libre. Libre de ne pas parler, de ne pas réfléchir et de laisser ses pensée s'envoler au loin pour ne garder que le calme et la sérénité. Après être restée quelques dizaines de minutes assise sous l'arbre, la blonde se leva, remit ses chaussures et se dirigea vers son batiment. Elle pensait déjà à demain, comment elle allait s'habiller et surtout qu'est ce qu'elle allait faire. Sortir ? Bonne idée. Un petit tour en ville ne fait de mal à personne. Faire les boutiques, que de bons souvenirs avec Brume... Un soupir... Il ne faut pas y penser, ce n'est pas de ta faute Anna, pas de ta faute. Ne te focalise pas sur le passé, c'est pas bien , pas bien du tout. Le passé c'est le passé et rien d'autre.

Anna poussa la porte du bâtiment et s'assit dans un fauteuil de la salle commune pour regarder les autres cygnes vaquer à leurs occupations. Ne rien faire, il n'y a rien de mieux.

END.