Il devait être dans les environs de minuit, il faisait noir et un froid de canard. Je n’arrivais toujours pas à dormir, trop pensive pour cela. Je remuais d’un côté et de l’autre, fixant l’obscurité de la chambre. J’en ai eu marre et je me suis levée pour m’habiller rapidement et sortir discrètement du dortoir du Personnel d’Artistic Academy. Une fois dans l’air frisquet du début de la nuit je me suis mise à marcher, longtemps va-t-on dire. Mes talons claquaient joyeusement sur le sol de béton, jusqu’à ce qu’ils atteignent le centre-ville. Décidément, les gens n’aiment pas les sorties nocturnes ai-je pensé en regardant la taille des rues une fois vides. Seuls les grésillements des lampadaires de rues se faisaient entendre ainsi que mes pas. J’avais bien heureusement pris une veste, mais l’air traversait le coton léger.

Au loin j’ai vu une silhouette, petite, se faufiler dans des ruelles aussi sombres que les autres. J’ai enlevé mes escarpins et me suis mis à courir pieds nus derrière elle, tirant quelques grimaces tellement l’asphalte était froid et tellement les cailloux me faisaient mal aux pieds. Je continuais toujours de courir après la silhouette, ne sachant pas où elle allait à une heure pareille. J’aurais voulu lui crier de s’arrêter mais je n’en ai pas eu besoin puisqu’elle avait ralenti le pas vers les Ruelles Obscures et s’était arrêtée dans l’une d’elle. Oui, j’avais peur et froid, et maintenant je me retrouve perdue dans une ruelle dont on ne voit pas la fin avec quelqu’un dont je ne saurais déterminer le sexe, le physique et l’âge. Tout ce que je veux c’est que ce ne soit pas un homme qui m’a prise pour me torturer ou quoi que ce soit.

Nous nous fixons en silence, essayant de nous dévisager dans le noir…

Je me réveille en sursaut, poussant un petit cri effrayé. Mon cœur tambourine contre mes côtes avec violence, mes mains sont moites, mon front est trempé de sueur. Mon débardeur blanc colle à ma peau, le drap de mon lit git sur le sol. Je me redresse à l’aide de mes coudes et m’assois sur mon matelas, tentant de me calmer, de gérer ma respiration irrégulière et rauque. C’est la première fois que je fais un rêve de ce genre. Que je rêve de ce qui c’est certainement passé il y a bien longtemps. Je tourne la tête pour regarder le cadran lumineux de mon réveil, posé sur une table de chevet près de mon lit : il indique 24 heures 17. Je lâche un soupir. Je me lève, passe une main sur mon front et me dirige d’un pas chancelant vers mon miroir. Mon reflet m’effraie presque et j’entreprends de me brosser les cheveux avec acharnement. Lorsque j’estime le résultat à peu près correct, j’entre dans la petite salle de bain qui jouxte ma chambre et me passe un coup d’eau sur le visage. Enfin, ma peau reprend des couleurs. Je finis par quitter la salle de bain pour m’agenouiller sur mon lit, qui est contre le mur, là où la fenêtre coulissante est accessible. Je l’ouvre en grand, lève la persienne et laisse le vent nocturne balayer mon visage. Totalement réveillée, j’enfile un jean, un gilet et des baskets et sort à pas feutrés de ma chambre, que je ferme à clé. Je descends lentement les escaliers, prenant garde de n’éveiller personne et sort du bâtiment des Baroque. Dehors, une légère brise pousse les nuages dans le ciel et agite les branches des arbres. Sa froideur me lacère le visage, mais je l’ignore. Je marche dans les allées de gravillons qui mènent au portail. Je pousse la grille du bout des doigts, plissant les lèvres lorsqu’elle grinça. Il faudrait vraiment penser à l’huiler, un de ces jours… Je m’élance sur le chemin qui mène à la ville, la dépasse sans me faire remarquer par les rares personnes qui sont encore dehors et me dirige vers les ruelles obscures de la ville. Cet endroit m’a toujours attirée, c’est étrange… Comme si… j’y étais déjà allée. Je secoue la tête. Ressaisie-toi, Onya, tu n’es jamais venue dans cette ville !
Je m’adosse contre un mur, les yeux levés vers la voûte céleste où les étoiles se disputaient une place aux côtés de la lune, belle, ronde et lumineuse. Je souris. Soudain, j’entends des pas venir dans ma direction, et je tourne brutalement la tête. Une ombre se dirige vers moi, et je plisse les yeux pour mieux la distinguer. Je la laisse s’approcher encore, avant de faire mine de m’en aller dans la direction opposée. Vu la taille de cette silhouette, il ou elle ne doit pas ne me vouloir que du bien…

Alors que je m’apprête à tourner les talons pour m’enfuir plus ou moins en courant (la marche rapide ! Comme quoi, les cours d’EPS ne sont pas totalement inutiles…), j’entends un bruit de briquet et une légère fumée s’élève dans le ciel, tandis que la cigarette que l’inconnu (inconnue ?) a allumée commence déjà à se consumer lentement. Une voix clair et féminine retentit dans le silence nocturne :

- Sinead Mellian, surveillante à l’Artistic Academy et toi ?

Première chose qui me vient à l’esprit : Pourquoi elle me tutoies si elle ne me connais pas (et donc ne sais pas que je suis encore une élève mineure) ? Deuxième chose : Merde ! Si elle est pionne à l’Académie, cela veut dire que, soit elle m’a vu partir et donc elle sait que je suis une élève (ce qui est peu probable puisqu’elle me demande qui je suis) soit elle est là par hasard mais ne tarderas pas à connaitre mon identité que je vais devoir lui décliner si je ne trouve pas d’autre solution. Bref, dans les deux cas, je suis mal, puisque tout élève d’Artistic Academy se voit contraint de respecter un couvre-feu. Or, ledit couvre-feu est dépassé depuis bien longtemps déjà. Et en tant que membre du personnel de l’école, elle appliquera les sanctions que j’encoure, soit une ou deux heures de colles, ce qui ne m’enchante pas vraiment. Il va falloir ruser ! Alors qu’elle semble s’adosser au mur de la ruelle et fume tranquillement. Etrangement, elle est pieds nus, tenant ses chaussures dans l’autre main. J’arque un sourcil interrogateur alors qu’elle s’empresse de les remettre à ses pieds (le sol ne doit pas être très chaud…). J’hésite sur la tactique à adopter. M’enfuir dans la direction opposée ? J’y ai songé, sauf que je ne sais pas où cette ruelles mènent, alors entre me perdre et être collée, je préfère être collée. Je me dirige vers la surveillante de l’Académie d’un pas rapide, et déclare :

- Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?

Et je passe devant elle en croisant son regard un dixième de seconde. Et je fonce, en espérant qu’elle ne tente pas de me rattraper (j’ai peu de chances mais bon, l’espoir fait vivre, comme on dit.).

Et elle me passe devant en lançant :

- Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?

Eh bien, les jeunes de nos jours sont bien inconscients. Alors je la regarde passer et me mets à la suivre. Toute façon, elle risque de me fuir à l’Académie pour éviter la sanction si jamais elle rentre et me sème dans les coins. Je jette la cigarette au sol et l’écrase du pied gauche, continuant à poursuivre la fugitive.

-Hep hep hep ! Arrête-toi tout de suite !

Mes paroles risquent de ne pas avoir d’effet sur la jeune fille mais qui ne tente rien n’a rien, comme on dit. Je la rattrape facilement et lui agrippe le bras de ma main, nous arrêtant toutes les deux brusquement. Oui, j’ai bien cru que nous allions tomber ! En fait, il s’en était fallu de peu.

Je me mets devant elle sans lâcher son bras et la regarde. Je dois un peu sentir la clope mais rien de grave, tant pis si je lui arrache une petite grimace. J’arrive à peu près à voir son visage, avec le peu de lumière des lampadaires du coin. Je la fixe avant de parler :

-Ecoute, t’enfuir ne te servira à rien Mademoiselle.

Je préfère ne pas la lâcher pour ne pas qu’elle s’enfuit une nouvelle fois. J’attends une réaction de sa part, encore pensive. Il fait froid, il fait noir et il est tard. Ce n’est pas agréable tout ça, mais on s’y fait à force. Maintenant je devenais un poil curieuse, voulant savoir si elle avait un but précis en fuguant, mis à part se faire attraper à minuit par un membre du Personnel. Qu’allais-je lui mettre comme sanction ? Deux heures de colle ? Ou alors je pourrais ne pas la sanctionner, mais si elle en parle à ses potes, que ça revient aux oreilles de gens plus haut placés que moi je risque ma place. Et cette place dans l’établissement m’est bien précieuse. Parce que sans elle je serais SDF, à la rue comme on dit. Ou alors je serais obligée de charmer des jeunes gens sur mon passage pour m’abriter chez eux alors que je ne les aime pas. Et puis ma paye qui s’envole ? Non, jamais. Je ne ferais pas virer cette fille juste à cause de ça, je la sanctionnerais gentiment, histoire de ne pas m’attirer des ennuis et de ne pas lui en attirer au passage.

Comme je m’y attendais un peu, Sinead Mellian m’emboite le pas, faisant claquer ses talons contre l’asphaltes froid et humide de la route. Elle me rattrape facilement (il faut dire qu’en aucun cas l’envie de m’échapper à toute vitesse m’as effleuré l’esprit).

- Hep hep hep ! Arrête-toi tout de suite !

Hum… non ? Elle doit bien se douter que je ne lui obéirais pas et semble accélérer le pas avant que sa main ne se referme sur mon avant-bras. Elle me tire en arrière, manquant de nous faire tomber à la renverse toutes les deux. Sans me lâcher de peur que je retente de m’enfuir, elle se plante devant moi et plonge son regard sombre dans le mien. Elle est plus grande que moi, et sa peau me parait foncée. Quoique, avec le peu de lumière qui nous éclaire, j’ai un peu de mal à voir à quoi ressemble réellement mon interlocutrice. Elle déclare :

- Ecoute, t’enfuir ne te servira à rien Mademoiselle.

Je lâche un soupir et soutiens son regard, avant de débattre jusqu’à ce que je parvienne à me débarrasser de l’emprise de sa poigne. Puis, sans tenter de repartir aussi vite que je suis venue, je réplique :

- Qu’est-ce que vous me voulez ?

Je passe ma main dans mes cheveux pour les discipliner un peu et je l’observe. Elle n’a plus sa cigarette, je conclue donc qu’elle s’en est débarrassée juste avant de me rattraper. L’odeur du tabac parvient jusqu’à mes narines, et je plisse un peu les yeux pour mieux distinguer les traits de son visage. Peine perdue, je ne vois rien dans cette fichue obscurité. Je réfléchis un instant avnt de lâcher, excédée :

- C’est parce que je suis dehors à cette heure ? Et alors, vous aussi. Je supposes que vous m’avez suivie ?

La jeune fille se débat, réussissant à retirer mon étreinte de son poignet. Non ce n’est pas bien grave, du tout. Si tel est son souhait ce n’est pas ce qui m’importe le plus. Et c’est là qu’elle me demande ce que je veux avant d’entamer une autre question pour savoir si c’est parce qu’elle est dehors à cette heure pour me dire que moi aussi et enfin demander si je l’ai suivie. Mais elle n’aurait pas eu besoin de se poser la question si elle avait réfléchi, parce que si je suis là c’est qu’effectivement je l’ai suivie. Comme il le faut je lui adresse la parole :

-Oui jeune fille je t’ai suivie. A vrai dire je ne pouvais pas m’endormir donc j’ai quitté ma chambre. Te voyant dehors en train de fuguer je t’ai suivie. Tu m’as l’air d’un élève bien malin pour ton âge.

Je parie qu’elle va se rebeller, et j’attends son geste. Après tout, les ados de nos jours sont… Assez brusques dans leurs gestes et froids dans leurs paroles. Peut-être ai-je connu ça moi aussi ? Je passe d’un geste soutenu mon doigt sous son menton pour lui relever la tête avant de la regarder et de retirer mon index. En fait, je faisais ça pour voir son visage un peu mieux, mais ça n’a guère marché. Il me suffirait d’attendre encore un peu de temps pour le savoir. Alors je la regarde, pensive. Je réfléchis surtout à la punition qui l’attend. Devoir supplémentaire ou alors heures de colle à répétition ? Nous le saurons bientôt, croyez-moi.

Je recule d’un pas par mesure de sécurité et sors une nouvelle cigarette que j’allume d’un geste vif avant d’en retirer une bouffée de fumée. Dis-donc, ce geste devient facile et naturel, c’est mauvais. Mais au moins ça me permet de mieux me réveiller avec ça et l’air frais de cette nuit en extérieur. J’aime bien ça, mais je tremble un peu de froid. Je ne suis pas trop douée pour oublier que la nuit se fait plus frisquette qu'en été désormais...

Oui, elle m’a suivi. Forcément. Quand je pense que si je m’y étais pris deux minutes plus tard ou plus tôt, elle ne m’aurait pas vu, pas suivi et j’aurais eu la paix ! Par un malheureux concours de circonstances, me voilà coincée avec cette pionne dans les ruelles les plus malfamées de ce fichu village, et en pleine nuit, qui plus est… Et pourtant, ça aurait pu être n’importe qui. Un mec un peu éméché après une fête, une fille noctambule, un vieillard solitaire, une gamine effrayée et perdue, et que sais-je encore. Mais pile à cette heure-là, pile à cet endroit-là, pile à cette putain de minute-là, je tombe sur un membre du personnel de l’Académie ! Si j’avais su, j’aurais surveillé mes arrières, ou alors je ne serais pas sortie de l’enceinte de l’école. Je serais allée sur les toits, par exemple. Ou dans l’écurie, même si je sais que tout cela m’aurait plongée dans une profonde nostalgie. Car tous ces lieux, au fond de moi, me rappellent des souvenirs enfouis au plus profond de mon être et qui n’arrivent plus à remonter à la surface. Et pourtant, ils sont là, au creux de mon âme, je les sens palpiter dans mon ma tête.

Sinead passe un doigt sous mon menton et me redresse la tête, comme pour mieux distinguer les traits de mon visage. Elle finit par me relâcher, comprenant que sa tentative était vaine. Elle recule légèrement et s’allume une nouvelle clope. Je l’aurais bien imité si seulement j’avais encore ne serais-ce qu’un briquet et nu paquet de cigarettes sur moi, ce qui n’étais plus le cas depuis deux ans déjà. Un ami disons… peu fréquentable (et pourtant adorable, quoique un peu solitaire) pour avoir plusieurs fois trempé dans des affaires pas très nettes, m’avais conseillé, il y a bien longtemps, de commencer à fumer. J’étais, à cette période de ma vie plongée dans une dépression étrange, et il avait su me soutenir. Je crois que je l’avais aimé… Bref, j’avais donc arrêté de me droguer il y a deux ans par un souci de santé, même s’il m’arrive de replonger de temps en temps. J’observe la jeune femme qui se tient en face de moi et déclare :

- Je ne fuguais pas. Si j’avais réellement voulu m’enfuir, je serais partie depuis longtemps et je ne serais pas en train de perdre mon temps avec vous en ce moment.

C’est aux mots de la jeune fille que je comprends que je ne sers plus à rien. Elle vient de dire qu’elle perd son temps avec moi. Je toussote un peu, ayant avalé un peu trop de fumée de cigarette. Elle m’a tellement surprise par sa réponse…

Je reprends une bouffée de cigarette pour m’approcher à nouveau de la brune. Presque collée en fait, mais pas trop. Je la regarde et souffle ma fumée qui va maladroitement sur son visage si fatigué. Pourquoi les jeunes de nos jours dorment-ils tard ou pas du tout ? Je la regarde, un sourire aux lèvres sans pourtant bouger d’avantage. Je pose ma main libre sur son épaule.

-Ecoute, tu devrais retourner dans l’Académie. Que je ne te reprenne plus à errer dans les coins. Je vais te mettre une jolie heure de colle, que tu feras avec MOI. Donc je vais t’accompagner à ta chambre et récupérer ton joli petit carnet.

Sur ce je passe ma main sur sa joue et recule vivement, avant qu’elle n’ait une réaction trop violente à mon égard. Nouvelle bouffée de clope. Je me suis mise à fumer aussitôt sortie de l’hôpital. J’avais eu cette soudaine envie de la faire, comme si je ne l’avais pas fait depuis des mois déjà. J’en avait éprouvé un certain plaisir d’ailleurs, même que certaines personnes m’avaient regardé bizarrement vu la façon dont je le faisais. Je souriais, affalée sur un banc et j’envoyais des regards et sourires charmeurs aux jeunes hommes du coin. Un seul m’avait rendu un sourire, mais plutôt triste. Je ne me souviens pas tellement de son visage, ni même sa silhouette. En même temps l’abruti était reparti sans même s’arrêter. Qui étais-ce ? Je n’en ai aucune idée, vraiment.

Je regarde dans les parages, le silence régnant sur nous. Horrible sensation qui ne m’attire souvent que des ennuis. Mon regard se fait fuyant, mon souffle se réduit de quelques secondes, et j’écrase sans un bruit la cigarette sur le sol. Je suis aux aguets, prête à nous défendre en cas de besoin, moi et l’élève.

Je la pousse alors doucement vers un coin sombre, où je me cache également, cherchant à me faire assez discrète dans cette nuit noire comme jamais.

Sinead tousse légèrement en entendant ma réponse, comme si cela l’avait surprise. Je l’observe tranquillement alors qu’une légère brise se lève, me faisant frissonner. Dans le ciel, les nuages passent devant la lune, privant la ruelle de son faible éclat. La fatigue commence à se faire ressentir dans tout mon corps engourdit, et l’envie de retourner dans ma chambre à l’Académie me vient. Je soupir alors que la surveillante reprenait une bouffée de fumée qu’elle recrache sur mon visage. Je plisse les yeux alors que l’envie de fumer me prend à la gorge. L’autre me lance un petit sourire alors qu’elle pose ma main sur mon épaule. Je me serais bien débattue, je l’aurais bien plantée ici toute seule, juchée sur ses talons dans cette rue étrange, je me serais bien enfuie. Mais le froid me fige, et la fatigue m’empêche de réfléchir correctement. Alors, je la laisse parler, je la laisse faire son petit discours de membre du personnel qui s’investit à fond, je l’écoute sans vraiment l’entendre (ou je l’entends sans vraiment l’écouter).

- […]Je vais te mettre une jolie heure de colle, que tu feras avec MOI. Donc je vais t’accompagner à ta chambre et récupérer ton joli petit carnet.

Me coller, moi ? Ça va pas non ? Juste parce que je suis dehors pour prendre un eu l’air et me changer les idées ? J’arque un sourcil, bien décidée à passer au travers des mailles du filet. Mais comment ? Je n’ai aucun moyen de pression sur elle pour qu’elle réduise un peu ma peine… Soudain, elle passe sa main sur ma joue et se recule ensuite, alors que je fais un pas en arrière pour l’empêcher de me toucher. Sois cette femme est très tactile et/ou maternelle (ce qui m’étonnerais), soit elle est bi, soit elle est complétement frappée.

Pour bien rajouter un ton sinistre à la situation, le silence qui règne dans la ruelle devient pesant, et comme craignant une moindre menace, Sinead m’entraine dans un coin de bâtiment. Elle est parano, en plus ? Cette fois, j’écarte son bras de la main et déclare :

- Bon ok, on rentre à l’Académie, j’en peux plus de cet endroit.

Et je quitte la ruelle d’un pas pressé sans même attendre la pionne, lâchant un soupir excédé.