"Il est très difficile de devoir quitter ses amis. Mais il l'est encore plus de devoir quitter ses ennemis. car ont ne sait pas quand on les retrouvera pour finir ce qui a été commencé..."

Gabriel regarda la grille avec une sorte de tranquilité.
Il sifflota un air de musique, quelques paroles qui voulait tout dire malgré qu'il ne dise rien.

So is it goodbye? Is it time to set you free?
Is it time to let it fly? Is it time to let it bleed

We used to take turns, to cover up the pain
Deep below it burns and the fellin' still remains

Il allait enfin quitter son enfer, sa prison.
Pour en rejoindre une autre. Sauf que cette fois ci, il le faisait de plein gré. C'était son choix. Il avait déjà amené sa jument à l'écurie de l'école et maintenant, il revenait sur ses pas, ralliant le bâtiment principal chargé de deux sac en toile contenant la totalité de ses affaires. Son coeur battait dans ses tempes tandis qu'il regardait le bâtiment. Tout allait changer, il devrait changer avec. Il n'aimait pas devoir s'adapter au monde. Il aurait préféré que le monde s'adapte à lui. Il rentra enfin dans cette fameuse école, celle dans laquel il resterait jusqu'à être près. Près à quoi au juste ? Haussement d'épaule. Etre près lui suffirait.
Il se retrouva dans le hall d'entrée. Il s'assit dans le couloir, en attendant. Quoi ? Qui ? Il ne le savait pas, c'était la première fois qu'il se retrouvait dans une école, il ne savait pas ce qu'il était suposé faire. Alors il avait décider d'attendre. Singulière image d'un garçon paraissant venu d'un autre monde, assis par terre dans le couloir. Gabriel était vétu d'une chemise noir, brodé de dorée, sous une cape de voyage noire.
Il coula un regard autour de lui. Pas âme qui vive. Ou tout du moins, pas encore. Il avait tout son temps.

« Quand je rencontre quelqu’un, il n’a qu’une chance. A ne pas gaspillée. Parce que dès la première impression je devine s’il mérite que je m’attarde sur lui. Sinon il devient un étranger. Un de plus. »

Un garçon entra enfin dans le bâtiment. Le premier. Gabriel le regarda avec attention, de sa veste en faux cuir jusqu’à ses chaussures noire. Rien n’échappa à l’acuité des sens du jeune homme. La première personne qu’il rencontrait lui paraissait être un singulier personnage. Il se dirigea d’une allure mesuré à quelques pas, et ouvrit un des casiers alignés contre le mur, sous le regard ardent de Gabriel. Il en sortit une grosse pochette qu’il glissa sous son bras avant de ranger le trousseau de clé sur lequel pendait un orque en peluche, ou en tout cas, d’un truc marin. Gabriel n’aurait su dire. Il n’était pas expert en la matière et ne le serait probablement jamais. Il se demanda si tous les élèves passeraient à côté de lui en l’ignorant tout bonnement. En faites, c’est ce qu’il espérait. Il n’avait pas vraiment envie d’engager la conversation dès son arrivée. Il ne l’avait pas prévu. Gabriel fut tiré de ses pensées par le claquement de la porte du casier du garçon aux yeux ambrés. Son regard glissa enfin sur moi, je cherchai aussitôt le contact visuel, contact que je ne pus obtenir. Le garçon se rapprocha d’un panneau à ma droite, ou était épinglés des informations sur l’école qu’il fit mine de lire avec attention.
Gabriel prit le temps de bien le détailler, cheveux noir de jais, yeux ambrés, style vestimentaire personnel, comme la plupart des gens. Comme le jeune homme lui-même. Tout le monde paraissait ordinaire au première abord, quelques chose que ce très cher monsieur Sunrise n’appréciait pas. Il préférait se tourner aussitôt sur la personnalité. Mais comment définir celle de quelqu’un qu’on voit pour la première fois ? On ne peut pas. Alors Gabriel se contenta de l’observer. Il se sentait seul dans ce nouvel endroit, il savait qu’il ne pourrait compter que sur lui-même. Pour ne plus être seul. Ça serait dur, le jeune homme affectionnait la solitude autant qu’il la détestait. Comment savoir en qui il pourrait croire ? Sans doute en personne.
Le garçon aux yeux ambrés poussa un soupir. Lassé. Frustré. Mais de quoi ? Pourquoi ? Des questions que Gabriel se posait dans un automatisme parfait. Jamais il ne cesserait de se les poser avant d’y avoir réponse. Il détestait son cerveau torturé qui voulait tout savoir, et surtout ce qui fait mal. Quoi de plus délectable ? Il allait demander la raison de ce soupir au garçon, sans aucune forme de politesse ou de retenue quand deux type passèrent à leur tour la porte de l’entrée. Deux personnes que le garçon aux yeux connaissait. Sans aucun doute. Les deux gars enchainèrent d’ailleurs après l’avoir observé un instant :

- Hey, Mac Carthy, tu t'es paumé dans ton monde ?
- Le zombie des Beethoven.
- Le malade imaginaire !
- Ouais, c'est clair ! T'es juste une lopette !

Mac Carthy… le type aux yeux ambrés. Beethoven. S’il avait été d’une autre maison, Gabriel n’aurait pas saisi. Mais là, il ne pouvait hésiter, le jeune garçon était, tout comme lui, musicien. Et tout comme lui, ne semblait pas apprécié par tout le monde. Ou en tout cas, pas par ces deux idiots qui se pavanaient en direction des casiers.
Mac Carthy encaissa tout sans ciller. Calme ? Indifférence ? Sans doute les deux. Gabriel appréciait les gens qui ne s’épanchaient pas trop sur les sentiments. C’était écœurant la manière dont le visage reflétait des sentiments absurde de l’être humain. Ce n’était pas le cas du garçon aux yeux ambrés. Les deux autres par contre, dégageaient l’arrogance même. Ils furent aussitôt intimidés par le simple regard de Mac Carthy. Grandes gueules, mais pas très courageux apparemment. Ils baissèrent inévitablement le regard vers le sol. Deuxième erreur que Gabriel ne leur aurait jamais pardonnée. On ne quitte jamais un ennemi du regard. Ni un ami d’ailleurs. Le garçon à l’orque en peluche répliqua :

- Vous n'avez pas dit ça la semaine dernière, tous les deux.

Gabriel se concentra sur son timbre de voix. Doux et mélancolique, assez grave. Rauque. Puis se concentra sur le contenu plein de sous-entendus de cette phrase, qui déclencha une véritable tornade chez les deux autres, les rendant muet. Ils s’entreregardèrent tous les deux d’un regard plein de tension avant de partir dans le couloir, battant en retrait après le premier round. Pathétique. Gabriel espérait que toute l’académie n’était pas composée que de ce genre de mollusques sans défense, ou il se sentirait obligé de s’en aller. Mais quand son regard se tourna, indéchiffrable, une nouvelle fois sur Mac Carthy, il comprit qu’il y aurait au moins une personne capable de quelques chose de bien dans cet endroit encore inconnu.
Il regarda le garçon de ses yeux ardents, charbon contre ambre. Gabriel avait un visage indéchiffrable, mais plus encore, son visage était même froid et fermé. De quoi faire fuir les gens. En tout cas en général. Il ouvrit la bouche, pesant une dernière fois chaque mot avant de demandé :

- Pourquoi tu soupirais la tantôt ?

Sans doute pas la question qu’on s’attendait à ce qu’il pose. Mais c’est tout ce qu’il voulait savoir pour l’instant. Le reste viendrait après. Il voulait juste savoir. Découvrir. Il voulait savoir qui était vraiment Mac Carthy. Ce qu’il faisait ici. Et pourquoi le destin avait fait leur deux routes se rencontrés. Et pourquoi dans ses circonstances aussi. Pas que Gabriel veuille s’en faire un ami. Non. Gabriel n’avait pas d’ami. Mais il voulait savoir. C’est la seule chose qui le poussait encore à parler. En tout cas, au gens qu’il pensait suffisamment digne d’intérêt. Ce qui n’était pas le cas de beaucoup de monde.

« Juste pensée. Rien qu’une fois. A ce que j’aurais pu être si le passé avait été différent. Je serais différent. Mais mieux ? Moins bien ? Qui aurait pu le prédire ? »

Il réfléchit. Forcément, on ne compte pas le nombre de fois où l’on soupir, et généralement on ne s’y attarde pas. Son regard rencontra le panneau d’affichage qu’il regardait la tantôt. Dans le reflet de son iris une annonce. Gabriel plissa les yeux pour y lire l’objet de l’annonce. Une demande de musicien, un truc dans le genre. Ce n’était pas ce qui devait manquer dans l’école. Mac Carthy eut un très léger haussement d’épaules. Imperceptible, sauf à l’œil attentif et dangereux de Gabriel.

Gabriel se demanda s’il aurait sa réponse devant l’hésitation du Beethoven. Il profita de ce silence pour réfléchir sur une autre question.
Quel instrument pouvait-il bien jouer ?
Piano ?
Guitare ?
Violon ?
Quelques choses de moins classique ?
Ce dernier répondit enfin, le visage quasiment impassible :

- La solitude a le don d'être pesante, parfois.

Véridique pensa Gabriel. Le jeune homme si connaissait plutôt bien en solitude. Une vieille amie, qui ces dernier temps, ne le quittait plus beaucoup. Mais ça ne dérangeait pas le nouvel élève outre mesure. Il avait l’habitude. Et surtout, c’est lui qui l’avait choisi. Le Beethoven haussa une nouvelle fois les épaules, le regard ailleurs. Puis il prit la pochette dans laquelle se trouvait sans doute ses partitions ou quelques choses du genre. Ces yeux ambrés se perdirent dans le vague. Dans ses pensées. Des pensées sombres. Gabriel en fut intrigué. Que ce cachait il donc derrière ce visage pensif. Quelque chose de grand, de dangereux. Quelques chose que Gabriel mourrait d’envie de deviner. Il soupira :

- De toute façon, c'est mieux ainsi.

Mac Carthy se passa une main dans les cheveux. Ces mèches s’emmêlèrent, lui barrant le visage tandis que d’autres avaient été remis en arrière. Mieux ainsi hein ? Ce n’était pas l’impression qu’il donnait, avec cette touche mélancolique dans le fond des yeux. Ses yeux se tournèrent une nouvelle fois vers moi.

- Tu t’appelles ?

Parce que donner un prénom sur un visage c’était plutôt une bonne chose, Gabriel connaissais déjà son nom de famille mais pour le reste, il était encore un inconnu à ses yeux. Même si le nom ne veut pas dire qui est la personne, ça permet au moins de la nommer.

« Le changement.
D’une certaine manière, on en a tous peur. Ca nous effraie de devoir affronter un monde en perpétuelle évolution. Le seul moyen d’en sortir victorieux est de parvenir, d’une façon ou d’une autre a évolué avec. »

Mac Carthy avait prononcé dans un murmure :

- Sûrement est-ce la meilleure façon de survivre.

Survivre. Mais à quoi ? Aux autres. A soi-même. La solitude permettait elle de survivre ou n’était-elle qu’une échappatoire ? Une manière de ne pas se faire mal. D’éviter de s’attacher au monde qui nous entoure, car on sait que d’ici peu, on y appartiendra plus. Et de pair avec la solitude, il y avait le silence. Gabriel aimait bien le silence, c’était un bruit doux à ses oreilles. Avec la cornemuse et le piano bien sûr.

- Tu t’appelles ?

Il dévisagea Gabriel de ses yeux à l’iris ambrés. Calmement, avec une indifférence feinte. Comme le jeune homme s’oblige à en afficher une sur son visage à longueur de journée. Ils se ressemblent beaucoup tous les deux. Etrangement. Pour la solitude aussi. Aucune émotion sur son visage…comme sur celui de Gabriel. Seule ses yeux ne sont pareil. Plus indifférent que froid. Ceux de l’irlandais sont glacials. Il tendit sa main vers Gabriel en disant :

- Peeta.

Leur deux mains se serrèrent. Comme pour sceller un pacte. Un détail étrange attira l’attention de Gabriel. Une forme au niveau du col de la chemise de son interlocuteur. Un collier de chien. Cette poignée de main avait permis de faire des découvertes à plusieurs niveaux. Leurs deux regard ne se lachent pas, ce qui ne peut qu’être apprécier par Gabriel. Il trouve que c’est important de ne pas quitter les yeux de son interlocuteur. Cette main tendue par contre, l’avait quelque peu surpris ben qu’il ne laissa rien paraitre. Rester froid et distant, fidèle à lui-même. Peeta demanda :

- Et toi ?

Gabriel le regarde de ses yeux charbons. Méfiant. Il ne peut s’empêcher de l’être. C’est une seconde nature chez lui. Il le sait. Il sait que le danger peut être dans une phrase quotidienne autant que dans la guerre et autre catastrophe. Même donner son nom peut être une énorme erreur. Il n’hésita pas malgré tout. Malgré sa méfiance, il ne pouvait s’empêcher de voir quelqu’un comme lui en Peeta. Cela aurait dus le rendre encore plus méfiant mais étrangement, c’était le contraire.

- Gabriel Sunrise

Pas besoin de lui donner mon nom de famille complet. Le reste ne regarde que moi. J’attrape mes deux sacs en toile, et je me lève. Je ne compte pas rester assis durant toute la conversation non plus.

- Tu m’amène jusqu’au dortoir des Beethoven ?

Il doit bien connaitre ce coin-là, vu qu’il en fait partit. Comme ça, je ne suis pas obliger de passer par une auxiliaire qui aurait été agaçante à en mourir.