Eh, folle tu crois ? Peut-être pas encore. Il te reste une chance de garder le peu de raison qu'il te reste. Non ? Oh, tu n'aimes peut-être pas trop tes semblables mais ce n'est pas grave. Tu ne connais que les mortels. Enfin ceux qui n'ont pas de pouvoirs. Tes inférieurs. Les hommes t'ont brisée, ce n'est pas pour ça qu'il faut te montrer si glacée. Tu crois que si ? Fais comme tu le sens, mais être si lunatique ne t'aidera pas à avoir des amis. Quoi ? Ah, oui. Des A-M-I-S. Tu ne dois pas beaucoup connaître ça. Tu apprendras. Au premier abord tu es belle ça ne devrait pas les rebuter pour un premier contact. Mais il ne faut pas que tu leur montres à quel point tu es manipulatrice et prête à la trahison. Il faudra que tu comprennes qu'on ne se fait pas d'amis par intérêt Lili. Ah, tu as tant de choses à apprendre. La gentillesse, la générosité... Au moins tu ne mens que rarement. Très franche. Un indéniable manque de tact certes mais tu es franche. Ceci dit je t'admire sur ce point. Tu arrives à manipuler les gens sans leur dire de mensonges. Très grande prouesse petite. Mais n'oublie pas. Tu ne choisis pas plus ta famille que tes amis...

Rapunzel, Rapunzel... On ne choisit pas sa famille. Tu le sais hein ? Tu aurais bien voulu avoir le choix toi. Tu aurais choisi de vivre parmi les animaux. N'importe lesquels. Tu te serais sentie plus à ta place alors. Mais tu sais, même si tu ne le vois pas, ta famille t'aime. Non ? Comment ça non ? Tu crois sincèrement que ça ne leur ferait rien à tes parents que tu meures ? Ah. Vraiment ? Si tu le dis. Ton père d'accord, mais même pas ta mère ? Non ? Bon, tant pis. Mais tu n'es pas comme eux. Regarde-les. Regarde-moi. Regarde-moi dans les yeux, ne fuis pas mon regard. Et maintenant écoute-moi. Tu vaux mieux qu'eux. Mieux que tous ces gens qui passent devant toi sans baisser les yeux. Arrête de tendre le bras, même si ce bâtard te l'a demandé. Il va te frapper ? Vraiment ? Oui. Eh bien dans ce cas oublie ton honneur, hein, piétine-le. Sans lui jeter un regard, qu'est-ce que tu en as à faire de l'honneur après tout, petite vermine ? Les rats n'ont pas d'honneur. Ah oui, je t'ai vexée, hein ? Je le lis dans tes prunelles bleues, tu m'es supérieure c'est ça ? Tes yeux brûlent de rage. Mais tu ne peux rien dire. Tu ramènes tes doigts gelés contre ta poitrine, ç'en est fini de faire la manche. Marche. Le plus longtemps possible, ça retardera ton retour à la maison. Flâne au bord du lac, avec ces quelques piécettes glanées que tu serres dans ta poche. Ton souffle soulève des nuages de buée. Le lac est glacé. Il n'y a pas de cygnes en Russie l'hiver. Tu les regrettes. Ils ont beau être réputés mauvais, tu les aimes. Ils te laissent les approcher. Ce sont bien les seuls. Il est temps, tu le sais. Tu ne peux traîner plus longtemps dehors, il faut que tu rentres. Et pourtant tu n'en as pas envie. Quand tu passes près de la forêt, ton pull s'accroche à une branche, dévoilant ta peau blanche marbrée de bleu, de noir, de rouge et de violet. Même pas dix années passées sur terre. Et déjà tu n'es pas sûre de survivre à un autre hiver. Cours. Cours Lili, Cours ! Tu auras moins froid. Et peut-être que tu pourras échapper à ces démons qui te poursuivent. Tu n'es pas encore arrivée à la cabane de bois qui vous sert de maison que déjà tu entends les cris. De colère, de douleur. Des insultes en russe. Comme d'habitude. Tu hésites sur le seuil de la masure, entrer au milieu d'une dispute est toujours la pire chose à faire dans cette famille. Mais la nuit tombe. Tu ne peux rester infiniment sur le seuil, alors tu pousses la porte. Son visage est déformé par la rage. Tu ne l'as jamais vu au calme. Des larmes coulent des yeux de ta mère mais elle ne fait que crier comme ton père, d'une voix plus aiguë cependant. Bientôt les cris de cette homme que tu abhorres s'adressent à toi. Tu plaques tes mains contre tes oreilles et tu secoues la tête. Tu n'entends plus que des cris indistincts. Tu chantonnes, fredonnes tout doucement une berceuse que tu as entendue quand tu étais plus petite encore que maintenant. Bien sûr ils ne t'entendent pas, tous les bruits sont noyés sous leurs cris. Il ne reste que toi qui sait que tu chantes. Bientôt les coups se mêlent aux bruits, la douleur. Tu ne la sens presque plus, tu as tellement froid. Et tellement l'habitude. Quand c'est fini tu restes prostrée dans un coin de cette espèce de maison qui est tout ce que tu connais. Ton tour est passé, c'est maintenant celui de ta mère. Toujours tes lèvres bougent, toujours tu fredonnes en silence, les mains serrées contre ta poitrine. Tu te balances un peu d'avant en arrière, assise dans ton coin. La peur t'habites mais tu ne le sais pas, tu ne la remarques pas. Tu ne la vois pas parce qu'elle est toujours là, alors il n'y a plus aucune différence. Tu voudrais être ailleurs bien sûr petite. Qui choisirait d'être là ? Mais qu'est-ce que tu fous là ? Qu'est-ce que tu fous là si c'est pour rêver d'être ailleurs ? Sors de là. Cours, pars. Bien sûr, tu reviendras, tu n'as que sept ans. Mais fuis au moins pour quelques instants. Des larmes coulent sur ton visage crasseux, laissant des tries dans la saleté. Tu cours vers la lac de glace, étends les bras et tournoie comme si tu allais t'envoler. Tu crois sentir des plumes qui poussent sur tes bras. Tu étends tes ailes noires comme un corbeau qui englobe l'air. Tu es enfin toi-même. Un cygne noir, loin des machinations humaines. Et tu continues de courir, sous le ciel d'encre. Tu n'iras pas loin. Juste suffisamment pour respirer. Tu retourneras dans cette maison petite tu crois ? Non. Tu l'espères. Finalement tu vas bien plus loin que tu ne l'aurais cru. Jusqu'à la belle Moscou. Pour le meilleur, et pour le pire...

Rapunzel, Rapunzel... Là, dans les bas-fonds de la ville de glace, tu as trouvé des gens qui t'acceptaient. Oh, bien sûr il ne fait ça que pour l'argent tu le sais. Mais cet homme t'offre de l'argent, des vêtements, de la nourriture. Te voilà cobaye du magicien. Il utilise ton apparente innocence pour séduire son public. Et tu la feins avec merveille cette innocence, avec tes joues de porcelaine, tes fossettes, tes jolis yeux bleus, ta robe à froufrous. Ce qui ne t'empêche pas, une fois la représentation terminée, de te partager les pourboires avec les autres dans la salle du fond, comme une adulte. Déjà tu peux les manipuler. Sans pour autant leur mentir. Oh, ils ont beau te le cacher tu as bien compris que tous ces hommes et ces femmes travaillent pour la mafia qui gère les bas-fonds de Moscou, et que bientôt ce sera à ton tour d'en faire partie. Pour l'instant cependant tu charmes une audience riche avec ta petite voix fluette. Et le magicien et ses tours truqués...

“ Choisis une carte petite Rapunzel, et montre-là au public. Bien sûr tu ne dois pas me dire laquelle c'est. „

Comme un ange, toujours tu tends tes petites mains vers les cartes, tu en pioches une en fermant les yeux, tu le regardes en te mordant les lèvres dans cette attitude qui attendrit tant les dames. Puis tout sourire, tu te retournes, et tend le morceau de carton au public avec cet aire malicieux, te tortillant sur place. Des petits rires appréciateurs s'élèvent de l'assemblée, tu es si mignonne. A croquer.

“ Je sais quelle est ta carte ma petite. Dis-moi, c'est la Reine de Coeur n'est-ce pas ma petite Rapunzel ?
- Ah mais j'ai pas le droit de le dire ça ! „

Tu dois sembler spontanée, utiliser ce ton enfantin et boudeur. Ca attire le public. Et le public d'ailleurs ? Comment il voit tout ça ? Oh, il rit bien sûr, 'est si naturel. Ils y croient à cette fable de la petite innocente qui ne comprend pas ce qu'on veut d'elle. Alors qu'au fond tu le sais très bien. Ta carte c'était la Reine de Coeur. C'est toujours la Reine de Coeur. Tu es la Reine de Coeur, petit coeur dans ta robe d'ange. Le magicien t'enveloppe dans sa grande cape de velours, te fais disparaître. L'audience retient son souffle. Et puis te réapparais, avec un joli lapin blanc dans les bras. Que c'est bien le pays des merveilles ! Encore et toujours. Chaque soir c'est le même spectacle. Et tu fais semblant. Encore et toujours. Ils t'ont appris à danser, tu es une véritable étoile. Mais il ne te laisseront pas briller au firmament. Parce qu'ils ont besoin que tu soies belle, ils te trouvent trop belle pour te gâcher dans des ballets. Pourtant tu aimes danser, surtout le lac des cygnes. Mais tu n'en as pas marre ? Sonner faux, te cacher, garder la vérité pour toi. Meurtrir le cygne en toi, ne pas le laisser s'épanouir. Cygne noir. Tu aurais tant aimé être le cygne blanc, n'est-ce pas ?
N'oublie pas cependant. Au final n'est-ce pas le cygne noir qui gagne ? Le cygne de neige, lui, se jette dans les eaux du lac pour abréger sa vie, vite suivi par le prince. Qui reste donc, survivant ? Maître du jeu ? Toi. Petit cygne d'ébène. Mets ton orgueil de côté et sois fausse pour un instant. Plus tard, tu gagneras. Refais-moi encore une fois ce numéro de fillette. Je l'aime beaucoup. Il te dénature tant. Haha ! Non, tu ne peux pas m'étrangler, je ne suis pas là, je ne suis que dans ta tête. Pour me faire partir, il te faudra mourir. Tu préfères me supporter n'est-ce pas ? Oui. Allez, dors.

Rapunzel, Rapunzel... Bien sûr que tu as grandi. A quinze ans tu en parais déjà dix-huit. Il n'est plus question de servir aux clients ton petit numéro de gamine. Déjà tu n'es plus l'assistante du magicien. Tu n'es plus dans la même salle. Tu es dans celle réservée aux hommes adultes. Tu es belle, tu sais Rapunzel. Tes cheveux de jais ondulent contre ta peau d'albâtre couverte de sueur. Tu es le nouveau jouet du lanceur de couteaux. Il s'amuse à frôler ta tenue presque inexistante du bout de ses lames qui sifflent dans l'air. Attachée sur la roue à motif d'hypnose, tu montres un visage faussement terrorisé. Ils y croient tous, ces hommes aux rire gras et aux ventres rebondis. Puis tu danses. Ta tenue déjà extrême s'effeuille au fur et à mesure que ton corps se tord sous les lumières tamisées. Tu scrutes les personnes qui te regardent avec envie. Tu sais que ce soir tu seras louée à un de ces porcs en costume. Oui, une prostituée. Ou péripatéticienne pour utiliser un terme plus châtié. Tu as quinze ans. Et pourtant ça ne te dégoûte pas. Tu gagnes ta vie c'est tout. Ta crinière se balance, envoûtante et accompagnant les mouvement saccadés de ta chair. Les relents de vodka te montent à la tête, tu t'emballes, tu es sauvage. Bientôt c'est fini. Le lanceur de couteaux demande à tous d'applaudir mademoiselle Lili. Oui Lili. Tu n'allais tout de même pas garder un nom comme Rapunzel, surtout pour la scène. C'est si désuet. Quand tu retournes t'habiller dans les coulisses, ton partenaire de spectacle te lance des félicitations habituelles. Tu lui as déjà fait des séances privées. Mais pas en échange d'argent. Contre un entraînement. Il n'est plus le seul à savoir jouer du couteau. Mais ce soir ses félicitations sonnent faux, ce soir, tu cries contre lui. Ce soir un couteau lui a échappé. Et toi, enchaînée à la roue, tu as à peine frémi quand la lame de métal es venu voler si près de ton oeil qu'elle a laissé une longue estafilade pourpre sur ta pommette. Tu as tout juste cillé quand le couteau a entaillé ta peau tendre, laissant une marque gelée dans ta peau. C'est tout juste si tes lèvres de rubis se sont entrouvertes dans une petite expression de surprise muette et distinguée. Oh ! Le public n'y a vu que du feu. Mais pas toi. Tu sais qu'il ne l'a pas fait exprès. Qu'il aurait pu te crever un oeil. Toujours furieuse, tu rejoins ton prochain client. Fais semblant Lili.

Rapunzel, Rapunzel... Non, tu ne veux pas que je t'appelle comme ça n'est-ce pas ? Tu es Lili. Mlle. Lili. Rapunzel c'est cette princesse aux cheveux d'or qui sont si longs qu'elle peut s'échapper grâce à eux. Toi tu ne peux pas t'échapper et tu ne le veux pas. Tu es riche. Une prostituée de luxe en somme. Tu es un maître-chanteur aussi. Les femmes de ces hommes qui te paient pour de la luxure, tu menaces de tout leur raconter. Et ils ont peur. Et ils te paient. Mais toujours tu as besoin de ce cygne noir qui sommeille, lové au creux de ta poitrine. Voitures de sports, robes Chanel, sacs Gucci, escarpins Prada... Tout ça ne te fait pas oublier cette cabane. Et la peur. Et la douleur. Et des fois encore tu entends des voix résonner dans ta tête. En plus de moi je veux dire. Des voix qui hurlent des insultes en Russe. Tu ne peux plus chanter ta berceuse, tu ne peux pas te boucher tes oreilles. Parce qu'ils sont à l'intérieur. Dix-neuf ans. Et déjà manipulatrice, riche et traumatisée. Haineuse. Tu veux la vengeance. Mais pourquoi quitter la capitale ? Jamais l'occasion ne se présente. Sauf ce jour-là. Pendant ton spectacle, dans la salle, tu vois un homme assis dans le fond. Il te regarde bien sûr, mais lui c'est ton visage qu'il fixe. Pas ton corps. Pas les couteaux. Ses yeux presque jaunes sont cernés de khôl, ses bras recouverts de tatouages. Un anneau perce sa lèvre. Il a une classe bien différente de tous ces autres hommes qui veulent ton corps. Sous son regard insistant, tu fais un faux pas. Presque imperceptible pour le public. Mais pas pour lui. Ni pour les artistes en coulisse qui te fusillent du regard. Tu te reconcentres. Quand tu sors de scène, tu essuies les brimades de tes pairs. Pas de félicitations pour aujourd'hui. Résignée, tu t'apprêtes à rejoindre ton client. Mais c'est lui. Il te regarde. Tu ne sais pas quoi faire, hein ? Tu es rarement désemparée. Une larme coule sur ta joue et tu commences à retirer ton pantalon. Mais sa main se pose sur ton bras pour t'arrêter. Tu frissonnes au contact des chevalières de métal. Elles sont glacées. Dis-moi petite ? Tu fais des sentiments ? Hein ? Tu redeviens Rapunzel. Lili est oubliée là. La voix grave de l'inconnu te sors des ténèbres :

“ Je sais qui tu es, Rapunzel. Je m'appelle Ange. Ange Bauers. Je suis là pour te sortir d'ici.
- Ne m'appelez pas Rapunzel. Je suis Lili. „

C'est la seule chose que tu dis. Tu protestes. Tu ne veux pas savoir où il va t'emmener, tu iras. Il t'inspire confiance. Comme le grand frère qui t'a toujours manqué et que tu aurais tant aimé avoir. Lui il aurait pu te protéger de ton père. Tu pourrais lui demander tout. Comment il sait ce que tu es, pourquoi toi, tant de choses à savoir. Mais tu prends simplement ton manteau, t'emmitoufles et le suis. Il te fait monter dans un grand 4x4 noir. Il doit t'emmener à l'aéroport dit-il. Mais toi tu lui donnes un nom. Celui de ta ville. Là où tu trouveras une masure en bois au bord du lac. Là où tu trouveras tes géniteurs. Tu répugnes à les appeler parents. Oui, tout ce qu'ils sont pour c'est tes géniteurs biologiques. Ils n'ont pas mérité de titre plus flatteur. Sans dire un mot, le grand brun obtempère et bifurque. Bien tôt tu y es. Des cygnes sont là, sur le lac, ils te saluent à grands cris. Bientôt des cris humains se mêlent aux leurs. Et tu vois la bicoque.

Rapunzel, Rapunzel... N'est-ce donc que la vengeance qui t'anime ? Pourquoi ne vis-tu que de cette pensée qui n'est pas heureuse. Ni même triste. Simplement une affirmation plate. Un jour je leur ferai la peau. Et ce jour est arrivé. Est-ce que tu hésites petite ? Là, comme il y a bien longtemps, devant cette porte entrebâillée d'où s'échappent des hurlements de rage. Un pas. Puis deux. Tu vois, ce n'est pas si difficile, tu es entrée. Devant toi ton père. Il n'a pas changé. Sa face rougeaude est toujours déformée par la colère. Tu l'appelles. D'un ton sec. Sans équivoque. Le silence se fait et il te regarde. Il titube, un tesson de bouteille à la main. Puis il se précipite vers toi, vers l'extérieur. Il est bien trop lent bien sûr. Tu lui as toujours été supérieure. Plus encore aujourd'hui. Il trébuche à s'affale dans la neige, tente tant bien que mal de se relever. Mais déjà tu es dans son dos, et ton couteau est plaqué contre son cou presque inexistant. Le contact de sa peau grasse te dégoûte. Tu fais glisser ta lame. Vite. Bien. La carotide est tranchée. Tu crois qu'il méritait une mort aussi rapide Rapunzel ? Moi je ne crois pas. Mais tu fais comme tu veux. Derrière, sa femme. Ta génitrice. Elle est ivre elle aussi. Elle bredouille ce qui ressemble à des remerciements qu'elle ne terminera jamais. L'acier a volé, en un geste tu t'es retournée et a lancé ton arme. Juste entre les deux yeux. Le lanceur de couteaux est un bon professeur. Sans prêter attention aux corps encore chauds à tes pieds et à la neige qui se teinte de rouge, tu regardes le lac. Et tu chantes ta petite berceuse. Sans regrets. Enfin tu es vengée. Et derrière toi, il y a Chris qui t'appelle. Doucement.

“ Viens à présent Rapunzel. Il est temps.
- Lili. „

Il te tend son avant-bras que tu saisis sans hésiter. Il t'emmènera. Tu as un frère maintenant.

Il t'a emmenée à une académie d'art. Tu refuses la bourse qu'on t'offre, tu as de l'argent. Et surtout de l'honneur. Bien trop, mais après tout qui en a cure petite princesse ?

Des cheveux d'ébènes cascadant sur ses épaules. Des yeux de cristal qui semblent presque translucides. Des lèvres de rubis toujours closes. Une peau d'albâtre. Rapunzel pourrait être Blanche-Neige tant elle colle à sa description. Et pourtant, pourtant son nom n'est que le contraire. Mais quand vous regardez de plus près son visage de poupée, vous verrez apparaître une fine cicatrice blanche sous son oeil droit. C'est la trace du couteau qui l'a entaillée. Puis à l'arrière de son épaule gauche vous pourrez contempler un cygne noir en plein envol. C'est un tatouage que le lanceur de couteaux a payé en échange de services, ainsi qu'un piercing anneau sur la lèvre inférieure, à droite. Lili rime avec le noir. Bon presque, ne jouez pas sur les mots hein ! Ses habits sont toujours d'une noirceur égale à celle de son coeur. C'est comme ça.

C'est si étrange de devoir parler des goûts de Rapunzel comme ceux d'une personne normale. Elle aime être seule. Ou avec des animaux, eux ils passent. Elle aime le luxe même si elle est bien capable de vivre à la dure, elle l'a prouvé. Elle n'aime pas les humains. Les gens normaux en quelque sorte, même si elle l'est aussi. Elle les croit idiots. Elle aime partir à pied dans la neige pour de longues balades. Seule. La danse est pour elle l'apothéose de tout bonheur. Danse classique bien sûr. Elle ne devrait pas fumer, c'est vrai. Mais c'est le cas. Elle ne supporte pas d'être appelée par son véritable nom. C'est pourtant un nom de princesse... Et ce n'est pas parce qu'elle sait danser qu'il faut croire qu'elle sait chanter. Parce que c'est faux.