Jenna avait lu ce texte à plusieurs reprises, et ce qu'elle tenait entre ses mains n'était autre que sa pièce de théâtre préférée - ou l'une de ses préférées -, il s'agissait d'Othello, de Shakespeare. Cette histoire la bouleversait à chaque fois, et elle se posait toujours la même question.

Pourquoi Othello avait-il douté de son amour, la belle Desdémone, celle qui jamais n'avait cessé de l'aimer ?
Toute l'histoire, d'ailleurs, était basée sur un réglement de compte, qui menait à la mort.
Tout cela faisait beaucoup réfléchir Jenna, même si certains l'auraient trouvée idiote.

A mesure que les pages se tournaient, elle n'était plus elle, elle devenait Desdémone, et prononçait à voix basse chacun de ses répliques, à mesure que les pages se tournaient, elle ressentait les émotions de la jeune femme : amour, désespoir, incompréhension, tristesse. Puis vint la dernière réplique, celle-là même où elle mourrait, qui fut interrompue par des bruits, et des rires.

Elle jeta un regard noir en direction de celui qui l'avait dérangée, quand on osait le faire, Jenna pouvait devenir méchante, très méchante...Et devenir une vraie tornade.
" Tu n'as pas osé m'interrompre j'espère ?! L'une des plus belles tragédies qui soit ! Un véritable sacrilège ! "

Michael était en manque d'inspiration pour ses poèmes, et il décida donc d'aller au plus merveilleux endroit qui soit pour trouver des thèmes de poèmes : Les jardins. Entre toutes ses plantes, ses fleurs, ses arbres ! Cet endroit était la beauté pure ! Il y a alla donc et vit une jeune fille qu'il avait du croiser une ou deux fois, il ne savait même pas de quelle maison elle était. Mais il le sut vite en s'approchant et en voyant le titre du bouquin qu'elle lisait :
"Othello", Michael ne connaissait pas, mais il connaissait l'auteur : Shakespeare. Il n'eut pas le temps de lui demander si c'était intéressant qu'elle lacha, agacée :

- Tu n'as pas osé m'interrompre j'espère ?! L'une des plus belles tragédies qui soit ! Un véritable sacrilège !

Le jeune homme ne put s'empêcher de lacher un ricanement : lire -sauf les poèmes- n'a jamais été sa passion, sa peut paraitre bizarre pour un "Baudelaire" mais c'est comme ça. Et il détestait encore plus les pièces de théatres, sauf une ou deux, peut-être.

- Oh mon dieu ! J'espère que Shakespeare et toi-même me pardonneront, sinon je pense que ma vie sera hanté par cette pièce et tout son attirail maléfique ! Lacha-t-il en riant.

Jenna avait d'ors et déjà inscrit le jeune homme dans sa liste noire. Elle l'aurait peut-être pardonné, si il n'avait pas lancé cette réplique mordante. L'adolescente n'était après tout pas du genre à juger quelqu'un sur un auteur, aussi incroyable soit-il. Cependant, la jeune fille réagissait mal à la provocation. Si un regard avait pu tuer, celui de Jenna aurait foudroyé l'inconnu qui se tenait devant elle.

- Oh mon dieu ! J'espère que Shakespeare et toi-même me pardonneront, sinon je pense que ma vie sera hanté par cette pièce et tout son attirail maléfique !

Elle pinça les lèvres, et répliqua à son tour, d'un ton acerbe :

" - Si il entendait un idiot pareil, soit certain que Shakespeare se retournerait dans sa tombe. "

Avec cette simple phrase, cet élève venait de déclencher un débat, ou tout simplement, une dispute qui ne finiraient pas avec la capitulation de Jenna, elle qui était si têtue, déterminée.

Dans un élan de colère, elle envisagea diverses tortures possibles pour son futur ennemi : Décapitation ? Non, trop rapide, Ecartèlement ? A voir, mais pas forcément, il deviendrait bruyant... Bien sûr, la jeune fille n'était absolument pas sérieuse, mais c'était une technique comme une autre pour contrôler ses humeurs - bien qu'un peu étrange.

Le but du jeune homme était attend : il avait réussi à quelques peu énervait l'amatrice de Shakespeare. Elle se pinça même les lèvres et Michael avait appris que c'était signe qu'il la gonflait, il aimait bien jouer comme ça. Elle le fusilla du regard, et ça ne lui fit vraiment rien, à part peut-être le fait qu'il se retenait d'exploser de rire. En plus elle lui répliqua avec qu'une phrase qui, selon son expérience, était assez drôle.

- Si il entendait un idiot pareil, soit certain que Shakespeare se retournerait dans sa tombe.

D'ailleurs cette expression était totalement saugrenue, mais il n'allait pas se lancer sur ce thème de la langue française : on a bien assez d'un sujet de discussion. Il se contenta donc de lui faire remarquer.

- Si il m'entendait, il ne serait pas mort et il viendrait surement me porter en justice. Mais j'ai pas peur d'un vieux sac d'os et de son... esclave !

Lâcha-t-il en souriant malicieusement, avant de lui piquer son livre et de lire les pages auxquelles elle en était. Mais en plus c'était vraiment nulle cette histoire ! Et le personnage de... Othello ?! C'est pas un nom de jeu ça ? Enfin bref, le monsieur au nom de jeu était débile de croire le méchant monsieur, il ne comprenait pas comment les gens de cette époque pouvait voir ça en pièce de théâtre, et le pire, c'est que ça persiste aujourd'hui. Michael en profita tout de même pour écrire des mots de l'époque qui venait du livre et il se mit en tête d'écrire un poème sur ce livre.

Jenna prit une inspiration, et poussa un soupir exaspéré. L'attitude du Baudelaire était tellement..puérile ? Mais elle avait vu clair dans son jeu, il voulait l'énerver, l'agacer. Il n'aurait pas ce qu'il veut aussi facilement.

- Si il m'entendait, il ne serait pas mort et il viendrait surement me porter en justice. Mais j'ai pas peur d'un vieux sac d'os et de son... esclave !

La blonde laissa échapper un ricanement quand elle entendit le dernier mot de sa phrase. Elle, esclave ? C'était bien mal la connaître.

- Admiratrice ? Peut-être. Esclave, certainement pas.


Se remettant en tête les paroles qu'il avait prononcées, Jenna ajouta :

- Et ce que j'ai dit, tu devrais savoir que c'est ce qu'on appelle une expression.


Jenna parla en insistant sur le mot expression, et d'une voix lente, comme si elle expliquait quelque chose à un enfant. Son livre lui échappa des mains après qu'elle ait fini de parler, pour finir dans les mains du jeune homme. Jenna était sûre qu'il avait critiqué mentalement la pièce, mais elle le vit tout de même noter quelques mots. Jenna s'approcha de lui, et lui reprit des mains son livre sans oublier de l'utiliser pour lui frapper la tête.

Le mot "esclave" semblait faire rire la jeune fille, d'ailleurs, elle répliqua

- Admiratrice ? Peut-être. Esclave, certainement pas. ,et elle s'empressa d'ajouter, Et ce que j'ai dit, tu devrais savoir que c'est ce qu'on appelle une expression.

Michael rigola, d'après elle, c'est parce qu'une expression EST une expression qu'elle ne se doit pas d'être ignoré, si elle ne veut rien dire. Après avoir écrit les mots les plus anciens et joli que Michael trouvait dans le livre, il vit les mains de la jeune fille lui prendre, et lui taper sur la tête dessus. Michael la fusilla du regard, on ne tape pas sur Mister Holbrook sans en subir les dures, très dures conséquences. Michael arracha alors le livre des mains de la jeune fille, ce qui eu l'effet d'abimer une des pages et de froisser les autres, et, tel un basketteur de la NBA, il le lança directement dans... la fontaine. Il sourit malicieusement et lança, d'un regard sournois.

- Tu as l'air d'aimer les expressions, que dis-tu de "Ton plan est tombé à l'eau ?" Dit-il en ricanant

Jenna commençait réellement à le haïr. A cause de lui, son précieux ouvrage était abîmé et les pages étaient froissées et en plus il venait de le lui reprendre.

Quand elle essaya de se pencher pour lui reprendre, le jeune homme en profita pour le lancer vers une fontaine - fontaine qu'elle n'avait d'ailleurs jamais remarqué, alors qu'elle venait toujours ici pour répéter. -
Elle fronça les sourcils, il était impossible ou presque de ne pas s'énerver dans cette situation, alors, elle s'imagina à nouveau Michael torturé de diverses façons : vidé de son sang (trop difficile à nettoyer après, et bonjour l'odeur...), pieu dans le coeur, façon vampire (oui, mais dans ce cas avec un genre de perceuse, parce qu'elle n'était pas sûre d'avoir la force nécessaire pour ça...).

Seulement, ce que Michael avait oublié, c'est qu'elle avait pris entre temps son carnet à poèmes en même temps que le livre, et ça, il semblait ne pas l'avoir remarqué, et maintenant, son livre était mouillé, certes, mais son moyen de vengeance était tout trouvé. Elle lança le carnet dans l'eau, désormais irrécupérable, car l'encre avait coulé et dit :

- Je crois que ceci est tombé à l'eau avec mes plans...

Michael sourit quand il vit s'énerver la jeune fille, un peu moins quand elle mit son carnet à l'eau. Tout ses poèmes -mais il avait des doubles des plus importants dans sa chambre-, toutes ses notes, tout les mots qu'il avait noté depuis des mois.. Il avait le cerveau tellement brouillé par la colère qu'il entendit à peine ce qu'elle disait

- Je crois que ceci est tombé à l'eau avec mes plans...

Michael avait jusque là les yeux fixes sur le carnet, imbibé d'eau, sur lesquelles on pouvait lire une dizaine de mots, jusqu'à que l'encre coule. Il releva lentement la tête vers Jenna, il avait les yeux d'une lueur inquiétante, d'un tueur qui s'approche de sa victime, un loup de sa proie, bref, arriver au niveau de sa tête, il lâcha en articulant bien.

- Tu as osé...

Il essayait de retenir ses larmes car dedans il y avait, entre autre, un poème écrit pour Rhine. Et ça, on y touche pas sans prendre d'énormes risques. Il mit ses mains sur les épaules de Jenna et il la poussa dans la fontaine, qui n'était pas des plus propres. Cette fois-ci, après ça, il ne souria pas, il resta indifférent, avec le regard pleins de reproches et de tristesse. Puis il récupéra son carnet et s'éloigna lentement.

Jenna éprouva pendant quelques instants du regret, mais le ravala aussitôt lorsqu'il sourit en voyant son propre livre à l'eau. Quand il remarqua également le sien, son sourire, celui-là même qui avait poussé Jenna à ce geste, s'évanouit.

Les traits de son visage se durcirent : manifestement, elle avait touché à quelque chose qui lui était précieux. D'ailleurs, il n'essayait pas de le cacher : poings verrouillés, yeux brillants de colère - et peut-être même de tristesse, qui sait ?-

Il regardait droit vers Jenna et à cet instant, le jeune homme puéril avait disparu, remplacé par quelqu'un qui avait des envies meutrières à son égard. Il la poussa vers la fontaine, et elle était désormais en piètre état : trempée, gelée, salie, boueuse... Michael s'éloigna d'un pas décidé, non sans lui avoir jeté un regard glacial, elle aurait pu être effrayée, ou emplie de culpabilité, mais non, Jenna ne le trouvait que plus détestable.