Je m'étais levée plus tôt que d'habitude. La preuve c'était que j'étais la première à manger mon petit-déjeuner. Je m'étais habillée d'un jean simple. Il y avait des traces de peinture. On aurait pu croire que j'étais dans la Maison des Baroques. Mais non. Cette peinture ne provenait pas d'une toile. J'avais dû peindre mes chaussons de danse. Sûrement l'année dernière. Vu que le jean m'allait encore, je le mettais le week-end. Il était confortable. La peinture était blanche, mais aussi rouge. Lorsque je quittai le réfectoire, une autre personne entrait. Je montai à nouveau dans le dortoir, prit ma veste, mon Ipod, et mon sac à dos. On sait jamais. Des fois que j'aie envie de danser. Si je trouve un quoi tranquille quelque part. Je descendis les nombreuses marches, marchant jusqu'à me trouver dehors. J'aimais vraiment le Parc. Surtout le matin. J'avais mis des bottes, pensant que l'herbe serait humide de la rosée du matin. Mais apparemment, le soleil l'avait déjà séchée. Je passai ma main dans la verdure pour vérifier, m'assis contre le mur, et troquai mes bottes pour mes demies-pointes. J'en avais deux paires. Une pour les entraînements, que j'avais achetée cette année, et une autre, plus ancienne, que je gardai pour les entraînements libres, c'est à dire quand je m'exerçai toute seule en dehors des cours de danse. C'était la paire qui avait vécu, et que je ne regrettai pas de mettre dans l'herbe et dans la terre. Elles s'usaient à force d'être tâchées puis lavées. Mais tant qu'elles me tenaient encore, je les gardai. Je mis mes écouteurs, choisis la playlist où j'avais regroupé tous les titres de Muse. "Feeling Good" se déversa alors dans mes oreilles. Je ne dansai pas encore, et je comptai le faire arrivée près de mon arbre, là où j'avais l'habitude de m'entraîner, quand quelque chose attira mon attention. Ou plutôt quelqu'un. Une jeune fille brune était assise à côté du banc, seule, près du ruisseau. Ca m'intriguait. Je pouvais toujours me risquer à aller la voir. Si elle tenait à rester seule, je pense qu'elle me le ferait comprendre. Une petite brise soufflait. J'étais bien contente d'avoir mis mon manteau. Lentement, je glissai vers la jeune fille. Je ne l'avais jamais rencontrée. Elle devait sûrement être nouvelle, car rien en son physique ne démontrait l'appartenance à une maison ou à une autre. Généralement, les Baroques ont de la peinture sur les vêtements et les mains, les Molière s'entraînent et s'expriment seuls, les Beethoven ont toujours quelque chose qui montre qu'ils jouent d'un instrument,ou qu'ils chantent, les Cygnes, la grâce ou juste des demies-pointes. Et les Baudelaire écrivent toujours quelque chose, comptent les syllabes et cherchent des rimes. Ou alors ils lisent.
"-Salut. Je peux m'asseoir à côté de toi ? "
Je préférai attendre sa réponse avant de prendre la décision toute seule. J'étais bien placée pour savoir que les gens qui décident d'eux-mêmes qu'ils doivent vous tenir compagnie sont agaçants. Je posai mon sac au sol, et rangeai mon Ipod dedans. Il était vert clair et je l'avais eu pour mes quinze ans. C'était ma mère qui me l'avait offert et je savais qu'elle avait pas mal économisé pour me l'offrir. Elle ne voulait pas toucher à l'argent que mon père m'avait légué, même pour mes cadeaux. Je lui ai pourtant répété qu'elle pouvait s'en servir raisonnablement pour éviter de trop de priver pour tout ce qui me concernait, ais elle n'avait rien voulu entendre. C'était bien ma mère ça, autodidacte au possible. Je ne voulais donc pas casser ce cadeau de ma mère. C'était trop important. Des cadeaux d'anniversaire, j'en avais pas eu des masses.