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Cette phrase cinglante résonnait encore dans ma tête. Shiro fixait encore le sol, puis me regardait d'un air si triste... Je me mis à lui sourire : je savais, tout au fond de moi, qu'il était incapable d'une chose aussi horrible.
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J'étais membre d'une famille normale, avec des parents (presque) normaux, une soeur normale, bref, tout ce qu'il y a de plus normal. Certes assez aisée, mais normale. J'avais ce que je désirais : je pouvais faire mes études, j'avais presque tout le matériel de dessin... En gros, tout va bien. Enfin, j'imagine.
C'était il y a sept ans, je crois... Il pleuvait à verse. Mes parents étaient partis à je ne sais quel rendez-vous. Il y avait un garçon, étendu là, par terre. Il devait avoir à peu près mon âge, ses cheveux noir de jais étaient en bataille. Malgré la pluie, il était endormi, et il grimaçait. Un cauchemar, peut-être ? Quoi qu'il en soit, je l'emmenai chez moi et le laissai sur le canapé.
Dix minutes plus tard, tandis que je dessinais une princesse que j'avais inventé (incorrigible jusqu'au bout !), le garçon se réveilla en gémissant.
- Hmmph..., fit-il en se frottant les yeux.
Comme j'étais particulièrement curieuse - faut pas m'en vouloir - je décidai d'aller le voir. Enfin... "le bombarder de questions" serait plus correct que "aller le voir".
- Ca y est, t'es réveillé ? T'es qui ? Tu faisais quoi par terre devant ma maison ? T'as faim ? J'ai des cookies si tu veux. T'aime bien les cookies ? Tu préfère au chocolat ou... , fis-je sans lui laisser le temps de répondre.
Désolée, repris-je en passant instinctivement ma main dans ma tignasse ébouriffée.
- ... Où... où suis-je ?- Ben... Dans ma maison !, répondis-je avec un sourire plaqué sur le visage.
Mais t'as pas répondu à ma question... Ah oui, moi, c'est Sarita, mais tu peux m'appeler Sari, si tu veux.Je me mis à fixer ses yeux bleu azur. Ils étaient magnifiques. Mais ce n'était pas pour autant que j'allais tomber amoureuse de lui, faut pas croire... (ha ha ha). Bref, comme s'il avait entendu mes pensées, il baissa les yeux, puis d'un ton hésitant, dit :
- Moi... je m'appelle Shiro, enfin je crois. Et... c'est tout ce dont je me souviens.- Ah, t'as pas de maison alors ? (Il secoua la tête.)
T'as qu'à rester ici alors !C'est ainsi qu'après avoir harcelé mes parents, Shiro est resté à la maison. Au fil des années, on commençait à bien se connaître, si bien que l'on s'appelait mutuellement "frangin" et "frangine". Mais il n'avait toujours pas retrouvé la mémoire, et personne n'est venu le chercher. Du coup, mes parents l'ont adopté en tant que Shiro Tsukane (mes parents étaient quand même un peu méfiants, au cas où ce serait un cambrioleur ou un truc du genre...).
10 years after...
Mais un jour, en rentrant du lycée, je vis une fumée noire et épaisse s'élever de mon quartier.
"What the...", me demandai-je en pressant le pas. Un incendie ? Je me mis à envoyer un message à Shiro (il avait fini plus tôt, il fait pas arts-plastiques ce sale pitit...) puis m'arrêtai, stupéfaite, devant chez moi...
- Non...Ma maison. C'était elle qui brûlait. Mes mains tremblaient et des larmes se mirent à monter. Mon sang ne fit qu'un tour : et si mes parents, Nono (ma soeur) et Shiro...
Je courus vers le portail, puis vis tout le monde. Les pompiers avaient fini d'éteindre le feu et recommanda à tout le monde d'attendre ici pour qu'une personne (représentant notaire ou ch'ais-pas-quoi) viennent les loger en attendant. J'étais certes affligée par la perte de ma maison, mais j'étais vraiment soulagée de voir que les dégâts n'étaient que matériels.
Mais la scène qui me fit face trente secondes plus tard me choqua. Mon père se mit d'un coup à frapper mon frangin à coups de ceintures... Mais qu'est-ce que... Il se mit à crier :
"Mais je vous dis que c'est pas moi !" ... J'ai loupé quelque chose ?
- Mais... Qu'est-ce que vous--- Reste en dehors de tout ça !, cria ma mère.
Ma soeur courut vers moi et me fit signe de me baisser pour qu'elle puisse chuchoter quelque chose à mon oreille. Je lui répondis que ce n'était pas le moment, puis elle rétorqua que c'était important. En soupirant, je me baissais.
- Papa et Maman croient que c'est Shiro qu'a brûlé la maison... *snif*... Et ils veulent plus l'envoyer avec toi à Artistic Academy après le lycée...
Hein... ? Mais ils sont fous, ça fait sept ans qu'il vit avec nous et ils croient un truc pareil ?! J'ouvrais des yeux ronds et tentai de m'approcher, tandis que mon père continuait.
- Alors, pourquoi tu as brûlé notre maison ? Je n'aurais jamais dû t'adopter, qui sait ce que tu ferais à ma fille si tu restes avec elle à... Beaux-Arts Académie ou un truc du genre !
C'en était trop. L'incendie, Shiro... Je le connaissais si bien, il ne pouvais pas faire une chose pareille.
- Mais pourquoi ce serait de sa faute ?! criai-je pour me faire entendre.
Ma soeur se mit à pointer la main de Shiro du doigt. Juste à côté... Des allumettes ? Non... Peut-être que son passé lui est revenu en mémoire, et que...
- Sari ! Je t'en prie, crois-moi, c'est pas ma faute !, criait ce dernier.
Était-ce un coup monté ou... Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais confiance en lui. Peut-être que c'était un coup monté, ou bien...
- Tais-toi ! Je le savais, que tu étais louche ! Tu voulais faire du mal à ma fille et à nous... Dégage de cette maison, tu n'est plus notre--- Alors ça, jamais ! Je ne le reconnaissais même plus. Lui qui était si gentil, si conciliant... Le voilà en train de frapper la personne qu'il avait considéré comme son propre fils...
Je me mis à regarder Shiro, qui lui fixait le sol en tenant son bras couvert de traces rouges, puis me regarda à son tour d'un air triste. Je lui souris et, fixant mon père, lui criai :
- Mais qu'est-ce qu'il te prend !? Pourquoi tu ne crois pas ton propre fils ?!, criai-je de toutes mes forces en faisant tout pour retenir mes larmes.
Ma mère ouvrait des yeux ronds. Était-elle aussi étonnée que moi ? Mon père, quant à lui, se tourna vivement vers moi et lâcha d'une voix glaciale :
- Chéri, arrête..., lâcha ma mère avant de fondre en larmes.
- Alors toi... Si tu espères aller à ton université, tiens toi à carreaux ! répondit mon père en me fusillant du regard. Cet homme n'était pas mon père. Je me mis à trembler et à reculer. Il leva la main (avec la ceinture) vers moi, quand soudain, le re-présentant-notaire-immobilier-ou-un-truc-du-genre courut vers nous et saisit ses mains pour les plaquer derrière son dos. Des policiers (qu'est-ce qu'ils faisaient là ?) accoururent quelques secondes après. Quant à moi, je courus vers ma mère, Nono et Shiro.
- Arrêtez cet homme immédiatement ! ordonna le repré-notaire.
Tout fut arrivé si vite... Qu'est-ce qu'il lui était arrivé... ? Ces gens l'ont emmené je ne sais où, et la vie n'était plus pareille sans lui. On devait tous trouver des petits boulots pour subvenir aux besoins de la famille... Je voulais tellement aller à Artistic Academy, et Shiro aussi. Heureusement qu'une bourse m'a permis de m'y inscrire...